mardi 12 janvier 2021

Protéa (Victorin Jasset, 1913)

Il faut être reconnaissant au prodigieux travail de la Cinémathèque Française d'avoir inventé cette plate-forme Henri, des tas de films muets de toutes les durées, des genres divers (des westerns français comme américains sont visibles) mais pour la France, ce sont surtout des feuilletons produits dans les années 1910 (ça me semble toujours vertigineux de voir des films plus que centenaires), parmi eux ce Protéa tourné en 1913 par un certain Victorin Jasset (décédé en 1913).

De ce long métrage, il ne reste que ces 50 minutes, pour permettre de suivre les aventures de Protéa (Josette Andriot), des intertitres reconstitués décrivent ce qui manque. Cela dit, il n'y en avait pas besoin car comme souvent dans les films feuilleton français, les rebondissements sont tellement abondant que n'importe quoi pourrait se passer, le film fonctionne sur ce simple principe de l'action incessante, tout en conservant sa forme théâtrale (le statisme du cadre).

Dans le générique, Protéa apparaît dans ses divers déguisements, les images sont en parallèle avec un masque noir qui indique le mystère que le spectateur va découvrir. Autre as du déguisement, le dénommé « l'Anguille » (Lucien Bataille), rondouillard au visage très expressif, il est son acolyte dans toutes les aventures, mais pour l'instant il est en prison (il s'échappe, rassurons-nous, et saute du macadam au premier étage, l'image est montée en sens inverse – rare effet visuel).

Des ennemis très sournois, de l'exotisme de pacotille et des coups fourrés à gogo sont au programme de Protéa, un film sur les agents secrets que sont cette grande gigue de Protéa au caractère bien trempé. Elle va affronter des ennemis dans un pays voisin imaginaire. Elle doit dérober un document secret pour le compte du royaume de Messénie : un accord secret entre la Celtie et la Slavonie a été signé. Que peut-il bien contenir ?

Peu importe, Protéa et l'Anguille passent leur temps à changer de personnalité, assommant ceux qui se trouvent devant eux, pour prendre leur tenue et ainsi tenter de passer inaperçus et avancer dans leur mission. Elle devient gitane, dompteuse de lions, soldat, elle s'habille en garçon, n'hésite pas à se battre, à voler un vélo (une scène avec un peu de comique). Protéa, deux ans avant Irma Vep, apparaît dans un collant noir et se démène comme un beau diable.

J'imagine les spectateurs de 1913 commenter en direct les aventures de leur héroïne et de son acolyte et s'ébahir de sa force et surtout des déguisements effectués devant la caméra, il y a quelque chose des très enfantin dans ces multiples déguisements. Aujourd'hui, ça demeure un peu statique mais ça ressemble à pas mal de séries télé, il faut surprendre (courses poursuites, incendie d'un pont, personnages assommés) ceux qui regardent sous peine d'aller ailleurs. Protéa a eu cinq épisodes.


































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