samedi 10 février 2018

Psychose (Alfred Hitchcock, 1960)

Sam Loomis, tel est le nom du personnage que joue John Gavin dans Psychose. L'acteur est décédé le 9 février à 86 ans. Il avait tourné à la fin des années 1950 (deux grands films de Douglas Sirk) puis dans les années 1960 le jeune premier que son physique avantageux lui permettait. La même année que Psychose était sorti Spartacus de Stanley Kubrick (il était Jules César, rien que ça, sept ans après Marlon Brando) puis tourna dans de nombreux films de série B avant de s'engager en politique, côté Parti Républicain.

Il est dans le premier plan de Psychose, presque premier plan qui arrive juste après le fameux générique et ces travellings avant sur la fenêtre de l'immeuble où on découvre un lit sur lequel Marion Crane (Janet Leigh) est en sous-vêtements et lui en pantalon torse nu. Scandale, ils viennent de faire l'amour en pleine journée. Il est pour l'instant coupé (le plan sexe) avant de lentement, elle comme lui de se rhabiller tout en discutant. Ils sont donc amants, pas mariés et la (semi) nudité était encore peu prisée et Alfred Hitchcock savait contourner les interdits.

Sam Loomis parcoure le film de sa présence, il quitte d'abord au bout de dix minutes le récit pour se concentrer sur sa maîtresse, Marion Crane, secrétaire qui décide de dérober 40000 dollars à son patron. Elle devait les déposer à la banque et choisit de partir loin de Phoenix, Arizona au volant de sa voiture. La beauté de cette fuite est mise en scène en regard caméra et sans aucun dialogue intérieur de Marion Crane, les yeux les plus inquiétants du cinéma d'Alfred Hitchcock, où elle imagine que son vol va lui créer des ennuis.

Ce policier sur une route déserte s'approche, il gare sa voiture devant celle de Marion Crane et il la réveille, elle dormait après cette nuit dans son véhicule. Elle reprend son chemin mais le policier continue de la suivre, de la surveiller de loin, ses lunettes de soleil sur les yeux (opposant par là le regard caméra de Marion avec le regard aveugle du flic). Payant avec l'argent dérobé, elle change de voiture et poursuit son chemin, toujours aussi inquiète, cette fois Hitchcock reprend des dialogues entendus plus tôt en voice over.

Deuxième jour de fuite, Marion ne veut plus dormir dans sa voiture et s'arrête devant un motel tenu par un charmant jeune homme, Norman Bates (Anthony Perkins). Le sourire confus, le verbe hésitant, les mains peu sûres, Norman Bates accueille Marion sous la pluie. Sur le registre, elle donne un faux nom (Marie Samuels). Toutes les chambres sont libres, plus personne ne passe par cette route. Norman installe Marion dans une chambre à la décoration bucolique : des tableaux d'oiseaux sont accrochées au mur.

Ranger ses affaires (elle glisse l'argent dans un journal), manger un bout en compagnie de Norman, discuter avec lui, il est tard et Marion veut prendre une douche. Norman l'espionne par un trou sur le mur et quitte la pièce pour rejoindre sa maman qui vit dans la grande maison sinistre adjacente. Et la scène de douche, acmé de Psychose, génie de montage, un film à elle seule, arrive enfin avec la troublante et immense musique de Bernard Herrmann en stridences lancinantes, en répétitions soudaines et abruptes.

Voilà ainsi Marion Crane morte au bout de deux bobines de film. La maman de Norman Bates a commis le crime et Norman va camoufler le méfait de sa mère, nettoyer la douche, ranger Marion dans le rideau et jeter le tout dans le coffre de la voiture avant de jeter la voiture dans des marais. La scène de ce travail minutieux est aussi silencieuse et aussi inquiétante que le regard caméra de Marion Crane dans sa fuite. Jamais Norman ne se penchera sur le journal dans lequel Marion a caché l'argent, McGuffin de Psychose.


Retour en ville, loin du Motel Bates où Sam Loomis apprend de Lila (Vera Miles) la sœur de Marion qu'elle n'a pas donné signe de vie depuis trois jours. Puis apparaît un détective, Arbogast (Martin Balsam) engagé par le patron de Marion. L’enquête commence, le trio part à la recherche de Marion et de l'argent volé. Direction le Motel Bates encore une fois accueilli par Norman, l'opposition physique entre le grand maigrichon et ce costaud qu'est Sam Loomis est accentué dans le duel final entre les deux hommes.



































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