lundi 26 février 2018

Le Fils du désert (John Ford, 1948)

« Welcome to Welcome », Welcome est le nom du patelin où débarque le trio de braqueurs de banque. William dit le Kid (Harry carrey Jr, le film est dédié à son père) est le plus jeune, Pedro dit Pete (Pedro Armendariz) et Bob (John Wayne) le chef. Ils viennent de traverser la plaine pour cette endroit de l'Arizona et Bob a décidé qu'ils vont attaquer la banque. Avant la ville s'appelait Tarentule, un nom moins accueillant que Welcome.

Ils font une halte devant une maison coquette, sur la boîte aux lettres, Bob se moque du nom du propriétaire « B. Sweet », sois doux. Cela va très bien avec Welcome. Le propriétaire, Buck Sweet (Ward Bond) dépasse la tête de la barrière, il coupait les arbustes. Il souhaite la bienvenue à ces trois horsains et son épouse apostrophe son mari en l'appelant Perley, ce qui fait encore plus rire Bob et ses comparses.

On leur offre une bonne tasse de café, on cause gentiment, on se sourit aimablement quand Buck Sweet revêt sa veste où l'on découvre l'étoile de shérif. Le sourire de Bob et Pete se fige quelque peu et Buck a bien compris qu'ils ne sont pas là par courtoisie. La force du Fils du désert, dès cette magnifique scène d'ouverture menée tambour battant, est de montrer que Buck et Bob sont le revers de la même médaille, deux hommes miroir.

Le braquage ne se déroule pas bien, le Kid est blessé à l'épaule par le shérif qui a vite réagi, c'est la fuite dans le désert à cheval. John Ford magnifie les dunes balayées par le vent, dans ce superbe technicolor, le sable du désert prend les apparences d'une mer déchaînée où le trio paraît perdu au milieu de ces vagues de sable hostile, de cette nature peu accueillante, contrairement à Welcome. Ils sont des naufragés.

Sweet engage des adjoints et décide de poursuivre les braqueurs. Il était parvenu à percer leur gourde, il en conclue qu'ils devront forcément faire une halte à une réserve d'eau. Sweet et ses hommes grimpent dans le train (le cheminot les brusque un peu, il regrette les 8 heures de retard de son train, Le Fils du désert regorge de cet humour pince-sans-rire absolument délicieux) avec des mulets et chevaux pour attraper les fugitifs.

Ce sont deux trajets, deux traversées du désert qui entrent en jeu. La recherche d'eau pour Bob et ses comparses, il faut soigner le Kid qui saigne et se déshydrate. Buck Sweet de son côté poste ses hommes à chaque gare pour que Bob, Pete et Kid ne se servent pas d'eau. Le trio brouille les pistes en modifiant leur itinéraire initial, ce que Sweet mettra un peu de temps à comprendre (et le train a maintenant 15h29 de retard se lamente le cheminot).

C'est en changeant d'itinéraire après avoir longuement marcher qu'ils découvrent ce chariot apparemment abandonné. John Ford en profite pour expérimenter un flash-back sur ce qui est advenu à cet endroit. John Wayne, assis, plan fixe sur lui, raconte ce qui a pu se passer, avec une économie de mots, sans images, le spectateur imagine parfaitement que le conducteur du chariot a dynamité le puits, qu'il est parti et que sa femme est à l'agonie.

Triste destin de ces voyageurs qui devaient se rendre à Welcome (Buck et sa femme les attendaient) pour célébrer Noël. La femme à l'agonie est enceinte, c'est Pete qui va l'aider à accoucher de son fils et le trio, tels les Rois mages, sont désormais les parrains de cet enfant. Ils décident de lui donner leurs trois prénoms Robert William Pedro, chacun oubliant de donner le citer ceux des deux autres comparses.

Comment trois célibataires endurcis vont apprendre à s'occuper d'un bébé ? Par chance, la maman avait préparé un coffre plein de vêtements, de lait concentré et pourvu d'un livre qu'ils vont consulter. C'est l'un des plus beaux passages du Fils du désert, ce calme où ils apprennent à devenir parents, ou parrains, avec candeur, non sans chamaillerie et railleries. Voir John Wayne donner le biberon avec tendresse, c'est sublime.


On l'aura compris, le film affûte la parabole sur la Nativité, l'étoile du berger et les Rois Mages sont là. Dans la roulotte, il traîne aussi une Bible dont le Kid va lire des extraits. John Wayne joue celui qui ne croit pas en Dieu mais va se convertir grâce à une ânesse et son petit (il faut croire pour être sauvé de la soif). Passé ce passage religieux, le finale après l'arrestation de Bob est d'une grande force, tout en délicatesse et humour.


























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