mardi 3 octobre 2017

Rien que pour vos cheveux (Dennis Dugan, 2008)

Avant Rien que pour vos cheveux , je n'avais vu aucun film avec Adam Sandler. La critique française de cinéma l'avait aimé dans un seul film à ce jour, Punch-drunk love de Paul Thomas Anderson – seul film dramatique de l'acteur. Tous ses films était jusque-là sortis en version française, et encore, quand ils sortaient. Bide sur bide chez nous, immenses succès publics aux USA. Va comprendre. Il y a quelques années, j'avais vendu ce film comme l'un des films les plus importants sur le conflit Israélo-palestinien pour pouvoir le projeter lors d'un festival.

Adam Sandler est Zohan, un agent secret aux pouvoirs incroyables. Il ne faut pas chercher des noises au Zohan dit le titre du film. Quand des « terroristes » lui tirent dessus, il arrête les balles avec les doigts. Malgré sa tignasse, il est un grand séducteur, toutes les filles veulent coucher avec lui, tous les hommes l'admirent. Son rêve est de devenir coiffeur et de quitter tout ça, ses parents ne comprennent pas ce virage de sa carrière de super agent secret. Il profite d'un affrontement avec son ennemi intime Phantom (John Turturro) pour se faire passer pour mort.

Il embarque clandestinement dans un avion, où il décide de prendre comme nom, histoire de passer incognito, ceux de deux chiens avec lesquels il se trouve dans la soute. Scrappy Coco. Direction le salon de Paul Mitchell, un coiffeur star dont il conserve précieusement le catalogue de coiffure de 1988, tel un Saint Graal, un Précieux. Il adopte la coiffure ringarde dit Avalon. Il veut se faire embaucher mais on se moque de lui. Il est seul, un peu couillon (franchement couillon en vérité) et tombe sur Michael (Nick Swarsdon), candide pas très futé qui l'invite chez lui.

Le film atteint un art consommé de la vulgarité (c'est un compliment), ce sont les gags sexuels entre Zohan et toutes les femmes. Michael a une mère (Lainie Kazan), chez qui il vit, que Zohan trouve tout à fait à son goût. Tout comme les vieilles dames, clientes du salon de coiffure où il parvient finalement à sa faire embaucher et où il use de tout son charme pour les coiffer, puis leur faire la totale dans l'arrière-boutique. Ce sont les scènes les plus drôles dans ce déploiement de suggestions salaces où le shampooing et l'eau se verse sur elles tels des fluides sexuels.

Le personnage de Zohan est largement inspiré des Marx Brothers et de Jerry Lewis dans cette capacité à être à la fois d'une candeur touchante et totalement inquiétant. Prédateur sexuel et agent secret aux méthodes brutales, il va pourtant enfin tomber amoureux de sa patronne Dalia (Emmanuelle Chriqui), jeune Palestinienne exilée à New-York puis mettre en échec le projet de détruire le quartier où vivent, en presque harmonie, les Israéliens et les Palestiniens, projet mené par un Golden Boy arrogant qui a engagé des néo-nazis pour chasser les habitants.

A quoi correspond un Israélien ? Adam Sandler et son scénariste Robert Smigel jouent avant tout sur un folklore, le houmous mangé en accompagnement de chaque plat et qui sert aussi de gel coiffant, la boisson à l'orange dont la bouteille a une forme très féminine et bien entendu le langage, moins l'accent que le charabia des mots qui adopte une consonance de l'hébreu (il ajoute chem à chaque fin de phrase) et les magasins de hi-fi bon marché « Going Out of Business ». En revanche, ils prennent bien garde de ne pas placer leur récit sur le domaine de la religion.

La tenue de Zohan est bariolée. Jean pattes d'éph, short, sandales. Sur son t-shirt, on distingue une photo de Mariah Carey (qui viendra faire une apparition), la chanteuse semble être être appréciée à la fois des Israéliens et des Palestiniens, un point commun entre eux, au-delà de la haine qu'ils se vouent, comme le sack-ball ce jeu de balle qui les lie également. Phantom apparaît toujours avec ses lunettes noires et son bandeau de combattant sur le front. Par un amour commun mais différent pour Dalia, et Mariah Carey, et aussi le disco, ils vont s'unir contre le Golden Boy.


Certains disent que Rien que pour vos cheveux est le meilleur film d'Adam Sandler, notamment parce qu'il est produit par Judd Apatow, le duo fera l'année suivante Funny people, largement sous-estimé. Je crois que si Rien que pour vos cheveux est si génial (certains gags font aujourd'hui sourire jaune comme la hotline du Hezbollah), c'est parce que ce burlesque débridé et merveilleusement, subtilement vulgaire n'est jamais parodique ni sarcastique, l'exagération des situations se fait l'écho de la politique des deux camps en guerre.





















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