mardi 10 octobre 2017

Maps to the stars (David Cronenberg, 2014)

J'ai toujours trouvé que Maps to the stars était un drôle de film (drôle n'est peut-être pas l’adjectif qui convient le mieux), totalement différent de ce que David Cronenberg a fait jusque là et l'opposé extrême de Cosmopolis. C'était là New-York vu de l'intérieur d'une limousine (cette fois Robert Pattinson devient Jerome chauffeur et apprenti acteur / scénariste à Hollywood qui conduit ses riches clients pour gagner sa vie), c'est maintenant la côte ensoleillée de Los Angeles filmée essentiellement de jour, grand paradoxe pour un film qui donne les cartes des étoiles.

La constellation des personnages centraux est inhabituelle dans son cinéma et le passage de l'un à l'autre, s'il est toujours aussi harmonieux, provoque un chaos narratif. Des cercles se dessinent autour de Havana Segrand (Julianne Moore) et Agatha (Mia Wasikowska). La première est une actrice un peu sur le déclin, son rêve est d'incarner sa mère, qui fut autrefois une star du cinéma, dans le remake de son film le plus connu. La deuxième se fait engager par la première pour devenir son assistante personnelle.

Les longs gants noirs d'Agatha cachent un secret, certes elle annonce à tout ceux qu'elle rencontre que sa peau est brûlée de toutes parts, non seulement sur ses bras mais aussi sur le reste de son corps, mais David Cronenberg distille les indices sur cet incendie au compte goutte, ménageant le suspense. Le premier lieu qu'Agatha souhaite visiter à Hollywood et où l'emmène Jerome est le lieu où la maison familiale a brûlé quelques années plus tôt. Jerome n'en demande pas plus, il attend, à l'image du spectateur, d'en savoir plus.

Agatha dit qu'elle vient de Floride (elle était dans un asile), qu'elle connaît Carrie Fisher (l'actrice s'est effectivement reconvertie en agent se stars, le film développe sa cruauté sur Hollywood en faisant dire aux personnages les pires horreurs sur les acteurs réels ou fictionnels) et qu'elle a de la famille à Hollywood. Et quelle famille, David Cronenberg et son scénariste n'y sont pas allés de main morte dans la décadence et la perversion. Le film ne cesse jamais d'en rajouter (n'en jetez plus, ça manque de subtilité mais ça gagne en force corrosive).

A quelques pas de là vit la famille Weiss, Le fiston Bennie (Evan Bird), tout mignon, star d'une comédie titrée Bad babysitter. Il s'apprête à tourner la suite mais son agent Genie (Dawn Greenhalgh) négocie un fort contrat à condition que Bennie accepte de faire un test sanguin. L'adolescent est précoce, il est accroc à la drogue et sort d'une cure de désintoxication. « Drew s'en est bien sortie » dit sa mère Christina (Olivia Williams) à l'assemblée des producteurs aux visages de croque-morts. Le tournage peut enfin commencer.

Capricieux, jaloux de son jeune partenaire (un gamin rouquin qu'il traite comme une merde), Bennie tente de s'acheter une bonne conduite en visitant des enfants malades à l'hôpital. Là, la part fantastique de Maps to the stars enveloppe le récit, cette enfant malade décédée le lendemain de la visite du jeune acteur, vient hanter Bennie. Quant à Havana, c'est sa mère morte dans un incendie qui lui apparaît, qui l'insulte pour sa carrière défaillante, qui se moque d'elle en affirmant qu'elle ne pourra jamais jouer ce rôle qu'elle attend tant.

Le hasard fait bien les choses, le père d'Agatha, Stafford Weiss (John Cusack) est le thérapeute de Havana, il lui enseigne comment contrôler sa haine pour sa mère pour jouer ce rôle. La scène la plus terrifiante de Maps to the stars tourne autour de ce rôle, attribué à une concurrente dont l'enfant meurt noyé. Quand Genie (également son agent) lui apprend, Havana, après avoir hurlé sa déprime, entame une danse de joie où elle entraîne Agatha. Oui, David Cronenberg appuie bien le message, ces gens de Hollywood (qu'il fuit depuis des décennies) sont dégénérés.


Je parlais de cercles plus haut, ils se croisent, se fondent les uns les autres, se mêlent, ils représentent aussi les anneaux de mariage. Ceux que s'échangeaient Bennie et Agatha quand ils étaient enfants dans un jeu malsain, avant cet incendie fatal. C'est franchement poussif comme la répétition du poème de Paul Eluard (J'écris ton nom Liberté) déclamé ad libidum par Agatha et l'enfant fantomatique. Ce film bizarre qu'est Maps to the stars, je le trouve toujours aussi bancal, à la fois trop long et inachevé, faussement méchant et d'une grande naïveté, un demi-ratage de David Cronenberg.

























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