mercredi 4 octobre 2017

Le Sens de la fête (Eric Toledano & Olivier Nakache, 2017)

Quel film choisir aujourd'hui ? Mon cher Michael Haneke sort Happy end, je l'ai vu il y a quelques semaines déjà et je n'en ai déjà aucun souvenir (alors que je me rappelle parfaitement Benny's video vu une seule fois en 1993) si ce n'est que le cinéaste filme le dérèglement d'une famille française du Nord, tout bascule quand un chantier s'écroule et qu'un ouvrier meurt. En guise de happy end, Michael Haneke fait mourir Jean-Louis Trintignant poussé par sa petite-fille dans la mer (l'affiche illustre le dernier plan du film). Blade Runner 2049 dure 2h43, houla, c'est trop long et le nouveau film de Stephen Frears passe dans un cinéma où je ne fous pas les pieds.

Ce n'est pas pour cela que je suis allé voir Le Sens de la fête, j'aime bien le duo Toledano & Nakache, même s'il avait bien raté Samba, vague tentative de faire du cinéma social populaire autour des migrants. Le Sens de la fête, c'est Max (Jean-Pierre Bacri) au centre du monde et ce monde c'est une entreprise de catering. Leur objectif en début de film : organiser un mariage dans un château pour un jeune couple qui veut en mettre plein la vue. Le film se déroule dans les 24 heures de ce mariage, de l'installation jusqu'au départ de la troupe. On s'en doute bien, rien ne va se passer comme prévu.

La troupe est le terme qui convient le mieux à cette boite que dirige Max avec la vague impression qu'il se laisse marcher sur les pieds par cette équipe de « bras cassés et de losers » comme il le dira lui-même au milieu de la nuit excédé par les dysfonctionnements. C'est le Bacri râleur mais pas que que l'on retrouve tellement meilleur que dans Grand froid sorti cet été, aussi râleur mais dans un scénario sans intérêt. Ah, ça le sens de la fête, Jean-Pierre Bacri l'a sûrement, comme un choix de casting tautologique, surtout quand il esquisse un sourire léger tandis qu'il dirige tel un chef d'orchestre manchot ce mariage.

Dans cette métaphore du monde du spectacle, deux classes s'affrontent, dans les coulisses, les employés de Max obligés de porter une tenue de laquais Louis XVI pour servir les plats et face à eux Pierre (Benjamin Lavernhe), exemple parfait de parvenu qui pète plus haut que son cul, prétentieux, imbu de sa personne. Le duo de cinéastes vise probablement la méthode Renoir de La Règle du jeu dans cette observation minutieuse et gentiment documentée (le service des feuilletés à l'eau gazeuse) pour faire avancer le lot de petites catastrophes attendues et espérées par le spectateur.

Max doit ainsi faire face à Vincent Macaigne qui ne cesse de corriger les gens dès qu'ils font une faute de français, à Gilles Lellouche, DJ minable qui se croit le champion de l'animation, à Suzanne Clément, sa maîtresse qui tente de la rendre jaloux à draguant Kevin Azaïs, à Jean-Paul Rouve, photographe colérique assisté d'un stagiaire, à Eye Haidara son assistante gueularde. On le voit, les personnages ne sont pas dans cette lignée renoirienne mais plutôt dans celle des séries des années 1980, celle de Jean-Michel Ribes et Roland Topor, Palace ou du film à sketches où chacun a droit à son petit quart d'heure de présence.


Le meilleur dans Le Sens de la fête, c'est que ça marche, les acteurs (j'ai oublié de parler d'Antoine Chappey que je n'avais pas vu depuis longtemps) sont tous au diapason de ce chef d'orchestre dirigeant une musique cacophonique. Chacun se voit offrir un gag, une situation comique suivis d'un petit supplément de sentiment. Le scénario ne sort jamais de ses rails contrairement à la fête de mariage, chaque personnage est et reste un bras cassé ou un loser et ne s'améliore pas pour ne pas créer de catastrophe. Certes, tout le monde se tombe dans les bras au petit matin et on a droit à une petite leçon de morale, mais au moins j'ai ri.

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