mercredi 2 décembre 2020

Un club d'ouvriers à Sheffield (Peter Nestler, 1965)

Peter Nestler suite, voyage à Sheffield en Angleterre, petite grosse ville ouvrière du Yorkshire (dans son commentaire Robert Schnelle prononce york-chire) . Ce sont justement ces ouvriers que le cinéaste allemand filme et suit dans la première partie de son film de 40 minutes. Il prend le bus avec eux, fait les files d'attente avec eux, regarde leur travail en usine de sidérurgie, observe les enfants jouer dans la cour d'école. Comme dans les quatre autres films que j'ai déjà vus, ce sont des bribes de vie que Peter Nestler enregistre dans un montage rapide.

Filmer la classe ouvrière est une habitude, Sheffield n'est pas si différent de ce qu'il a vu en Allemagne. Il se démarque un élément un peu « exotique » (j'écris ça sans arrière-pensée), parmi les ouvriers et les élèves, ceux qui sont Noirs, il observe que ce sont eux les plus mal lotis. Ce travailleur coincé derrière sa grosse machine le visage fermé, cette enfant pendant une récréation exclue de la ronde des autres petites filles. Ils sont là au milieu des autres, un peu perdus dans la masse mais immédiatement visibles.

Un élément nouveau s'insère dans ce film, des photographies prises par Dirk Alvermann où des habitants, puis les musiciens de la deuxième partie, posent, de bonne grâce ou pris sur le vif à bonne distance. Parfois un zoom arrière ou avant au banc-titre vient préciser le sens de la photographie, un homme seul est ensuite entouré de sa famille. Ça ne se voit pas vraiment dans les captures d'écran que j'ai fait à partir du DVD mais dans le déroulé, le grain est un peu différent du noir et blanc vivant de Peter Nestler.

Le premier titre du film est en référence aux Hommes le dimanche, Menschen in Sheffield, des hommes à Sheffield. Le récit est tourné autour d'un club, une association d'entraide fondée dans les années 1930 après la grande crise. Le directeur, derrière son bureau, présente le club, son fonctionnement, ses activités, son objectif et surtout, il est très fier du nombre d'adhérents. Je me demande ce qu'a pu devenir ce club depuis 1965, s'il a pu passer le cap du démantèlement social prôné par Thatcher.

La théorie du directeur est une chose, Peter Nestler filme la pratique dans la deuxième partie, il semble s'amuser à filmer cette ambiance un peu étrange, à la fois guindée et bon enfant. La salle des fêtes du club est pleine. On boit de la bière, on discute et on écoute les groupes et chanteurs qui défilent sur scène. Chacun son goût, accordéon, swing, crooner et groupe rock rigolo. On danse sur le parquet. Ensuite on passe au bingo, le silence arrive pour écouter les nombres donnés par l'animateur du jeu. Il y a des lots à gagner, tout le monde est au taquet.

































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