dimanche 27 décembre 2020

The Hell (Yeon Sang-ho, 2006) + Love is protein (Yeon Sang-ho, 2008)

Le premier court-métrage disponible en bonus du DVD de The Fake est The Hell. Dans ce monde parallèle qu'est la Corée, des anges viennent annoncer le moment de la mort mais plus important où les gens vont se retrouver après la mort. Paradis ou enfer, et à quel niveau de l'enfer. Le film est divisé en deux parties, la première suit un homme plutôt jeune, célibataire, employé dans une quelconque entreprise où il est le souffre-douleur de son supérieur hiérarchique. La deuxième suit une femme sans histoire. Il est promis à l'enfer, elle au paradis.

Fuir ou ne pas fuir cette vie ennuyeuse, telle est la question que se posent chacun d'eux. Car c'est bien de l'ennui profond, plus encore que dans Live is protein, que Yeon Sang-ho dépeint dans The Hell. Somme toute, l'annonce de sa mort est bien plus palpitante que cette vie. La première partie est racontée en flash-back, le jeune homme vit dans un égout sans fin, il se nourrit de rats. Puis il prend en charge la narration pour expliquer comment il en est arrivé là. Le point d'orgue de cette partie est l'arrivée des « ombres » de l'enfer quand elles se saisissent des moribonds.

La deuxième section de The Hell est moins radicale dans sa conception, l'animation est moins hachée, plus harmonieuse tout en décrivant une vie particulièrement monotone sans avenir. La jeune femme se laisse convaincre qu'elle va mourir dans 5 jours, un compte à rebours rythme le film. Elle prévient tous ses proches (mère, amies, collègues, petit ami) et tout le monde trouve normal d'apprendre la date de sa mort. La folie la cueille dans ses derniers instants car non, la normalité n'existe pas, pas plus que le paradis.

Dans Love is protein, trois colocataires, jeunes geeks, éternels adolescents si l'on en croit leur tenue, travaillent chez eux. L'un d'eux a faim. Sur le mur, un flyer pour du poulet. Ce gars, débardeur blanc, lunettes carrées, bonnet vissée sur la tête, salive jusqu'à en faire tomber sa bave. Avec sa voix de crécelle, il déclare vouloir commander du poulet frit. Mais ils n'ont pas d'argent. Alors notre gars affamé prend une paire de ciseaux et éventre sa tirelire cochon qui se met soudain à prendre vie, à vouloir fuir devant l'arme et le sourire démoniaque de son bourreau.

La tirelire se met à vivre mais ce n'est pas tout dans Love is protein. La commande est passée, on sonne à la porte de leur minuscule appartement. Un homme cochon vient livrer le poulet frit. Un homme cochon. Dans cet imaginaire débridé où surgit cet étrange homme cochon, ce qui choque notre binoclard n'est pas qu'un homme cochon vienne sonner chez lui mais bien qu'il n'avait pas commandé des travers de porc. L'homme cochon va expliquer pourquoi il livre à la place de l'homme poulet caché au bout du couloir de l'immeuble.

Il y a du comique qui se déploie avec l'arrivée de ces deux livreurs, tout est normal mais assez drôle. L'homme poulet raconte son histoire, celle de son fils qui est justement le repas des trois garçons. Le poulet fiston est cuit, dans l'emballage, tout pané. Les deux autres garçons sont émus, mais celui qui a faim n'en a rien à cirer. Il prend un pilon et l'avale. Il y a aussi de la bizarrerie dans toute cette histoire à la fois dramatique et loufoque, une volonté de fantastique domestique qui semble un peu se moquer des films Ghibli, mais avec gentillesse non dénué d'ironie.


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