samedi 9 septembre 2017

Amis de combat (Yasujiro Ozu, 1929)


Dans la monographie consacrée à Yasujiro Ozu par Shiguéhiko Hasumi (éditée en France par les Cahiers du cinéma en 1998) Amis de combat non seulement apparaît dans la filmographie du cinéaste sous le titre Combats amicaux à la japonaise (plus joli titre) mais en plus est déclaré perdu. Depuis, une version de 14 minutes a été retrouvée et versée en bonus dans le coffret que Carlotta avait sorti en 2007.

Amis de combat ce sont deux amis qui habitent ensemble, dans une modeste maison d’un quartier pauvre. Ils partagent tout dit l’un des rares cartons du film. Pendant que l’un se lave à la fontaine publique, l’autre prépare le petit déjeuner. Ils fait cuire des œufs au plat, quand celui de son ami tombé par terre. Pas grave, le cuistot laisse son œuf au second mais ce dernier, pas rancunier, préfère le partager.

Dans les premières minutes, c'est un ton de la comédie pleine de bons sentiments mais avec un certain sens de la cocasserie. Ainsi la poule qui pond ces œufs se trouve sous le plancher, un sac en tissu accroché au postérieur où elle laisse ses œufs (et sans doute ses crottes mais le cinéaste ne va pas jusqu'à cette trivialité). Les deux acteurs ont un physique totalement opposé, c'est bien Laurel et Hardy au Japon que Yasujiro Ozu filme, un grand maigre et un petit rondouillard.

Le cinéaste dans ses premiers films rêvait d'être un cinéaste américain, on aperçoit dans la pièce un bout d’affiche d’un film de 1924 The Uninvited guest, tout le programme d’Amis de combat. En effet, cette invitée non invitée une jeune femme va s’incruster dans ce duo, quasi un couple. Pour leur faire croiser leur chemin, Ozu se sert du hasard. Les deux amis partent travailler en camion et manque de renverser la jeune femme.

Toute mâchurée, elle ne ressemble à rien, mais après un brin de toilette, elle est superbe. L'un d'eux achète un kimono d'occasion pour elle et l'autre mange la naphtaline qui servait à le conserver. Les deux amis commencent à la trouver bien jolie. Tant et si bien qu’ils vont se bagarrer devant tous leurs collègues, là aussi Yasujiro Ozu esquisse une scène comique quand leur patron refuse de les séparer au nom de leur dignité.


Seulement voilà la jeune femme ne s'intéresse pas à eux, trop rustres pour elle. Elle tombe amoureuse d’un sémillant étudiant.Les adieux aux deux amis ne sont pas larmoyants bien au contraire, la jeune femme et l'étudiant partent dans un train et les deux amis les suivent dans leur camion, heureux de s'être réconciliés et ravis de continuer de vivre ensemble. Une double fin heureuse à la japonaise.






















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