lundi 7 mars 2016

Tigre et dragon (Ang Lee, 2000)

Après trois films américains, Ang Lee relançait, avec Tigre et dragon la mode du wu xia pian et la carrière de Chow Yun-fat après s'être perdu dans des navets depuis son départ pour Hollywood. Il incarne Li Mu Bai, un maître épéiste. Revenu d’un séjour sur les monts Wu Tang, après avoir acquis beaucoup de sagesse et atteint le silence ultime, Li Bu Mai décide de raccrocher son arme en l’offrant au seigneur Té (Lung Sihung). Il demande à sa vieille amie Shu Lien (Michelle Yeoh) de lui amener sa fameuse, antique et funeste épée « Destinée », (oui les épées ont un nom) qui ne doit plus servir à se battre mais devenir une relique.

L’épée est très convoitée, elle peut permettre à celui qui l’utilisera convenablement de défaire bien des ennemis. Cela donne de fastidieuses dialogues pleines de pensées philosophiques. Le soir même de l’arrivée de Shu Lien chez le seigneur Té, Destinée est dérobée. Jade la Hyène (Cheng Pei-pei), l'ennemie jurée de Li Mu Bai est accusée. Jade a empoisonné le maître de Li quelques années auparavant. Depuis, elle est devenue secrètement la gouvernante de Jen Yu (Zhang Ziyi), la fille du gouverneur de Pékin. Elle l’a éduquée de manière stricte. Jade surveille, avec son regard dur, chaque geste de sa protégée, la dissuadant de discuter avec Shu Lien.

Toujours secrètement, Jade a instruit sa protégée aux arts martiaux grâce à un antique parchemin. Jade cherche à assouvir sa vengeance. Quand Jen Yu rencontre Shu Lien, elle se plaint de devoir épouser un inconnu et affirme espérer une vie d’aventurière comme celle de Shu Lien. Plus tard, masquée, Jen Yu se battra contre elle. Les chorégraphies de Yuen Woo-ping sont filmées en longs plans (presque des plans séquences), de plein pied (on voit les deux adversaires), de nuit sur une belle musique de percussions, elles demeurent l’attrait essentiel du film. Les combattants virevoltent dans les airs, volent sur les toits des immenses demeures, grimpent sur les murs et se battent avec grâce sans l’impression que les effets spéciaux détruisent la beauté du geste.

Comme dans les précédents films d’Ang Lee, le mariage est le souci majeur du récit de Tigre et dragon. Ce sont des mariages contrariés découlant des traditions ancestrales qui ne satisfont pas les amoureux. Shu Lien et Li Mu Bai sont amoureux comme le leur dit un de leurs amis mais ils se sont toujours refusé à s’aimer au grand jour. Le fiancé de Shu Lien, assassiné, était un ami proche de Li. Par honneur, il a gardé ses distances. L’interrogation que soulève le film est que, à cause de sa prestance pour manier Destinée, Li Bu Mai serait tombé amoureux de la jeune Jen Yu. Il lui proposera plusieurs fois de devenir sa disciple afin de perfectionner le maniement de l’épée, métaphore sexuelle s’il en est.

Jen Yu doit se marier avec le fils du seigneur Gou. Un mariage arrangé bien entendu et dont elle ne veut pas. Elle est amoureuse de Lo (Chang Chen), jeune et beau bandit du désert. Un long flash-back présente leur rencontre. Lo lui dérobe son peigne. Elle sort du palanquin pour le récupérer. Ils se battent, croisent le fer, se poursuivent à cheval dans le désert. A bout de force, il la porte dans son antre, une grotte pleine d'objets volés. Naturellement, les opposés s’attirent et leur ultime dispute se transforme en acte d’amour. Le film se concentre désormais sur cette romance et sur l’assouvissement de leur amour au beau milieu du désert loin des conventions impériales, non sans tomber dans la mièvrerie.













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