jeudi 17 novembre 2016

Tampopo (Juzo Itami, 1986)

La différence principale entre les spaghettis et les ramen est que les spaghettis doivent se manger sans faire un seul son. C’est ce qu’enseigne une dame bien sous tous rapports à une assemblée de Japonaises qui veulent connaître la cuisine occidentale. Mais les habitudes sont difficiles à perdre et elles mangent leurs pâtes italiennes comme des ramen japonaises. Tampopo (Nobuko Miyamoto), restauratrice de pâtes japonaises, sait bien qu’un bol de ramen se mange en aspirant de manière sonore les pâtes, puis que le client doit boire le bouillon jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.

Le problème est que Tampopo cuisine mal. Elle en conséquence peu de clients, si ce n’est son ami d’enfance Piksen (Rikiya Yasuoka), un gros lourdaud qui tente de la draguer depuis qu’elle est veuve. Tampopo a aussi un jeune fils qui est le souffre douleur de ses camarades de classe. Là arrive Goro (Tsutomu Yamazaki) dans son camion, coiffé de son chapeau. Tel un cow-boy, avec son collègue Gan (Ken Watanabe), il s’arrête dans ce boui-boui parce qu’ils ont faim. Les nouilles ne sont pas très goûteuses. Les deux hommes comprennent vite le problème : Tampopo ne fait pas assez bouillir son eau, son bouillon n’a pas de saveur. Goro demande à Piksen de se taire et une bagarre s’en suit.

Goro, tel un Pygmalion, va prendre en charge Tampopo pour en faire en un mois la meilleure restauratrice de nouilles du quartier. Première étape, muscler notre héroïne dans un entraînement à la Rocky. Le but : qu’elle parvienne à porter les énormes cocottes utiles à la cuisson des nouilles. Deuxième étape : allez voir les autres restaurants pour comprendre comment accueillir les clients, les servir vite et se rappeler ce que chacun a commandé. Troisième étape : essayer de découvrir les secrets des meilleures recettes de bouillon et de ramen. Quatrième étape : rénover le restaurant qui, depuis la mort de l’époux de Tampopo, n’a pas été rénové. Tampopo est un film de combat, mais sous la forme d’une comédie.

Pour atteindre ces objectifs, Goro va s’allier de quelques personnes. Gan évidemment qui le soutient constamment et constate qu’une amourette pourrait naître entre Goro et Tampopo. Puis un vieux clochard grand connaisseur des nouilles qui va apporter son savoir pour inventer un bon bouillon. Puis le chauffeur d’un amateur de bons plats qui va confectionner des nouilles de bon goût. Et enfin Pisken lui-même qui, après s’être battu avec Goro, sympathise avec la troupe. Il va proposer de refaire la déco du restaurant. Toute cette belle équipe va attirer toute notre sympathie, mais le film donne surtout très faim puisque dans Tampopo on n’arrête pas de parler de bons plats pendant deux heures.

Parce que Juzo Itami dans sa grande générosité aime parler de repas, il scande Tampopo d’interludes culinaires qui n’ont pas de rapport avec le scénario central. Le film commence d’ailleurs avec un homme bien habillé, suivi de ses hommes de main et de sa copine, qui rentre dans un cinéma et s’adresse au cinéma en disant qu’il ne supporte pas les spectateurs qui mangent des chips en faisant du bruit. Plus tard, on retrouvera cet homme en train de faire des jeux érotiques avec des aliments. On verra aussi des hommes d’affaires aller manger dans un restaurant français et ne rien comprendre au menu. Une vieille dame tester tous les produits d’un magasin au grand désespoir du gérant. Et encore d’autres petites histoires savoureuses. Un ravissement.





















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