jeudi 3 novembre 2016

Contact (Robert Zemeckis, 1997)

Le Livre Guinness des records pourrait inscrire Contact dans ses pages. Robert Zeemckis filme le plus long travelling de tout le cinéma. Départ au sud est des Etats-Unis et travelling arrière dans notre système solaire, puis notre galaxie pour poursuivre dans l'espace intersidéral. Dans la bande-son, avec astuce (car cela servira plus tard), on entend les sons mêlés et discordants (presque comme dans film de Godard) de toutes les ondes transmises. Et au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la planète Terre, les sons deviennent rares et de plus plus anciens. Ce travelling s'achève au milieu de la pupille d'Ellie Arrowman, quand elle n'est qu'une enfant.

Pour dire la vérité, Contact a tout du navet. C'est un film très long, très verbeux où chaque personnage explique plusieurs fois ce qu'il fait, ce qu'il pense, dans une incapacité de la mise en scène de Robert Zemeckis d'être sobre. Le film regorge de tout un prêchi-prêcha théologique d'une rare indigence entre un prêtre, Palmer Joss (Matthew McConaughey) et Ellie (Jodie Foster). On cause avec des grands airs et des convictions de la Foi, de Dieu, de l'Univers, que des mots avec des majuscules. La romance entre eux est aussi ennuyeuse que les rivalités entre Ellie et Drumblin (Tom Skeritt) son patron.

Et pourtant, malgré tous ses défauts flagrants, j'aime à la folie Contact. Pas le film en totalité que désormais je regarde en diagonale, zappant les parties sur l'enfance d'Ellie avec son gentil papa, sa découverte des étoiles et la mort du père. Je ne regarde plus les premiers pas entre Palmer et Ellie à Puerto Rico (ridicule scène de lit), ni la partie en fin de film sur la commission d'enquête, je me concentre sur quelques séquences et mouvements scénaristiques qui me plaisent beaucoup, bref tout ce qui concerne l'espace intersidéral, la découverte du contact envoyé de Véga, le décryptage du message, la construction du véhicule et le voyage.

Quand Robert Zemeckis fait bien son boulot, il travaille sur l'opposition entre son et image, comme l'amorçait la séquence d'ouverture comme une réponse à celle, noire mais musicale, de 2001 l'odyssée de l'espace. Ce son que Ellie cherche depuis son enfance,depuis qu'elle a ce boulot au SETI : écouter une trace de vie extra-terrestre. Le son vient à ses oreilles, un bruit rugueux et répétitif similaire à celui d'une machine. Un son énigmatique que Ellie détermine comme venant de Véga, bien bien loin de chez nous, de son centre d'observation. Et là, c'est le drame, le son s'arrête, la machine lancinante ne se fait plus entendre, pour enfin reprendre. Le son annonce des chiffres premiers, eurêka, Ellie sait que cela vient d'une civilisation.

Puis, c'est Kent Clark (William Fichtner) le collègue aveugle, celui qui ne peut pas voir mais qui entend tout, un phare dans ce monde vide, c'est lui qui conçoit que derrière ce son se cache une image. Et cette image renvoie au début de la télévision et à Hitler. On dirait presque encore une fois un discours et une pensée godardiennes. Chez Zemeckis, rien n'est intellectualisé, c'est plutôt inné, viscérale, naturel pour les personnages, mais Ellie est à la recherche d'images des étoiles venues d'un lieu lointain où le son n'existe pas. Et pour cela, il n'existe qu'une seule solution : substituer à son propre corps les effets spéciaux, dédoubler son visage lors du passage dans les vortex et confondre l'espace et le temps.

L'homme qui finance la construction de la machine à voyager vers Véga est Hadden (John Hurt). J'ai toujours trouvé qu'il ressemblait au professeur Ezdanitoff dans Vol 714 pour Sidney, petites lunettes, boule à zéro, propos péremptoires sur les extra-terrestres, connaissance sans limite. Il permet à Ellie d'être l'initiée. J'adore cette idée que la capsule tombe dans la mer en une seconde, comme un projet tombe à l'eau, que Ellie ne pourra rien raconter de tout ce qu'elle va vu au fin fonds du monde, sans bouger, comme une métaphore du spectateur qui a envie de croire à l'histoire que lui raconte le cinéaste. Moi, j'y crois depuis 20 ans.



























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