samedi 5 novembre 2016

ItalianAmerican (Martin Scorsese, 1974)

La mère de Martin Scorsese, Catherine était une star de cinéma, en tout cas dans les 10 films de son fiston où elle fait des apparitions, des petites figurations. Elle fait aussi des coucous dans Wise guys de Brian De Palma et dans Le Parrain III de Francis Ford Coppola. Mais dans ItalianAmerican, elle est au centre du film, et son mari Charles Scorsese (né Luciano comme il nous l'apprendra) est à ses côtés, d'abord à l'autre bout du canapé, recouvert d'un plastic pour ne pas l’abîmer, mais elle le force à s'approcher d'elle. Après tout, ils ne cessent de s'aimer depuis 40 ans de mariage.

« I'm supposed to be talkin' to you » demande-t-elle à son fils avec son accent de Little Italy. Martin veut qu'elle donne la recette de sa sauce. Habillée comme un dimanche avec une belle robe rose, les cheveux gris qui surmontent son visage rond et expressif, une paire de lunettes de vue, Catherine file prestement dans sa cuisine (où Charles n'a pas le droit d'entrer) et commence à cuisiner. Martin Scorsese donnera la recette dans le générique de fin. Ses deux parents se chamaillent pour savoir qui a appris à Catherine à devenir un cordon bleu. « C'est ma mère » rétorque Charles, mais il en faut plus pour convaincre Catherine qui affirme que c'est sa propre mère qui lui a tout appris.

Il faut dire qu'ils étaient nombreux dans la famille. Neuf enfants dans un deux pièces. Martin Scorsese en profite pour filmer les rues du quartier tandis que son père explique ce qui a changé depuis leur enfance (ils sont nés tous les deux dans les années 1910). L'abondance de magasins de jadis a disparu. Ils évoquent la vie de leurs parents (les grands-parents de Martin), leur départ de Sicile, les rencontres des grand-pères avec les grands-mères, les premiers boulots, les appartements minuscules dans lesquels ils vivaient. « Ils habitaient dans l'immeuble en face ». Charles évoque les affaires et les dettes de son père, le sale caractère de sa mère.

Ils n'avaient jamais pu faire une lune de miel lors de leur mariage. 30 ans après, ils sont partis en Italie et Catherine montre les photos qu'elle a fait là-bas. Elle parle de la terrible pauvreté en Sicile et à Naples. Toujours sur le qui-vive, toujours avec un large sourire, toujours la parole saccadée (comme Martin), Catherine sort quelques anecdotes croustillantes sur son père, notamment celle où il allait demander sa citoyenneté. Il ne parlait pas anglais, l'agent de l'immigration lui reprochait. La sœur de Catherine, Mary, traduisait et soudain, en colère, le père réplique « go F*** yourself ». Et Catherine éclate de rire tout en avouant avoir honte de raconter cela. Quelle star !












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