lundi 9 septembre 2019

La Blonde explosive (Frank Tashlin, 1957)

C'est très bien les rétrospectives estivales, Ruiz, Bergman, Fulci ou Mizoguchi mais moi j'aimerais voir au cinéma des comédies épatantes et géniales comme La Blonde explosive (comme cela avait été le cas en 2012 avec la sortie de quelques Jerry Lewis et de Frank Tashlin). D'autant que le grand écran sied merveilleusement à la découverte ou la nouvelle vision de ce film. Le générique d'ouverture voit apparaître Tony Randall, l'acteur masculin principal de La Blonde explosive, à côté du logo de la 20th Century Fox. Il confesse, face caméra, qu'il n'avait pas lu les petits caractères de son contrat et il se voit obligé de jouer de la batterie, du piano et de la trompette pendant la célèbre musique du studio.

Un autre aparté aura lieu au beau milieu du film. Toujours Tony Randall vient s'adresser au public de la salle de cinéma, et à moi dans mon fauteuil devant mon DVD, avec beaucoup de compassion en proposant de couper le film avec un peu de pub, car le spectateur a pris l'habitude de la télévision où la pub coupe les programmes. Plus pervers et plus amusant, l'écran de cinéma, ici un beau Cinémascope en couleurs, se réduit comme peau de chagrin, pour prendre la taille d'un écran télé et aussi à abandonner la couleur pour le noir et blanc et la beauté du cinéma pour des crachouillis et de la neige. Quant à la publicité, elle aura été présentée juste après le générique d'ouverture, des spots au ton largement parodiques.

C'est que Tony Randall, comme l'acteur le dit lui-même, joue un publicitaire nommé Rockwell Hunter. Son personnage est dans le titre original de La Blonde explosive : Will success spoil Rock Hunter. Dans sa boîte de New-York, Rock Hunter est au bas de l'échelle de la boîte. La preuve, il n'a pas droit à la clé des toilettes réservées au cadre, ce que Rufus (Henry Jones)son chef de service possède et avoir la clé des WC prouve son pouvoir. Mieux que cela, la La Salle Jr. (John Williams) PDG de la société au nom long comme un acronyme qui ne veut rien dire, a des toilettes dans son bureau. Frank Tashlin, rare cinéaste de l'époque qui écrivait ses scénarios, s'en donne à cœur joie dans le satire du milieu de la publicité obsédé non pas par le boulot mais par ce que le boulot peut leur donner dans leur statut social.

Des publicitaires sans idées et pourtant il faudra en trouver une. Et vite. Quand la star Rita Marlowe (Jayne Mansfield) quitte son Tarzan de fiancé et Hollywood pour se reposer à New York, April (Lily Gentle) la nièce de Rock Hunter décide de faire l'école buissonnière pour demander un autographe de la star dès la descente d'avion. C'est qu'elle est présidente du fan club de l'actrice, le fan club de la 63e rue, c'est dire son immense popularité. La télé est là (encore et toujours présente) et Rock remarque sa nièce dans le poste. Là voilà l'idée, Rock Hunter crée une publicité où Rita Marlowe sera la vedette. Seulement voilà, personne ne sait où elle réside, quel est son hôtel. Personne sauf April qui a écouté et entendu ce que Rita a dit au chauffeur de taxi. En échange d'une impunité, April accepte de donner l'adresse à son oncle.

Ce qui suit dans La Blonde explosive va à tout vitesse, le film ne ralentira jamais son rythme effréné, c'en est aujourd'hui encore une exemple remarquable de mise en scène de haute volée. C'est qu'il s'agit de mêler l'action, les répliques qui fusent et l'esthétique flamboyante du film. Ça faisait un bon bout de temps que je n'avais pas vu le film et j'avais oublié les petites moues de Jayne Mansfield et surtout ses miaulements qu'elle offre à presque chaque dialogue. Mais uniquement quand elle doit être cette bombe sexuelle que les magazines tabloïds et la télévision réclament pour faire vendre. Rita Marlowe va apprendre la vie du show business à Rock Hunter d'autant qu'elle accepte de paraître dans cette publicité mais à une condition, il doit accepter d'être son fiancé, de jouer le jeu devant les paparazzi envoyés par le studio. Le gentil col blanc va devoir, littéralement, porter un costume trop grand pour lui.


Jouer un personnage que l'on n'est pas est le quotidien de Rita Marlowe. J'admire son long monologue dans la voiture quand elle conduit sur l'authenticité au cinéma et sur le pouvoir du sex appeal, il n'est pas si différent de celui que tient Marilyn Monroe dans Les Hommes préfèrent les blondes. Etre un personnage cela consiste pour Jenny Wells (Betsy Drake), la fiancée de Rock Hunter et sa secrétaire, à imiter Rita, voix, miaulements et poitrine. Elle en sera épuisée. Rita Marlowe va révéler à chacun sa vraie nature, le patron de Rock, La Salle Jr rêve de cultiver des roses. J'aime beaucoup aussi ce finale en forme de happy end volontairement cucul la praline où Rita Marlowe retrouve l'homme qu'elle a toujours aimé sans jamais oser lui dire, l'homme est joué par Groucho Marx dans un adoubement du burlesque génial et discret de Jayne Mansfield. Ce finale est l'ironie portée à son paroxysme.

























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