jeudi 1 décembre 2016

The 'Burbs (Joe Dante, 1989)

Ce jeudi 1er décembre, The 'Burbs sort en coffret prestige chez Carlotta, double DVD, BluRay et livre sur le film, finalement l'un des moins connus de Joe Dante et pourtant, The 'Burbs est un concentré de ce cinéma des années 1980 que l'on aime tant que le cinéaste a tourné entre L'Aventure intérieure et Gremlins 2, deux blockbusters bourrés d'effets spéciaux. Avec The 'Burbs, Joe Dante affirme un cinéma plus humain, et plus critique sur la société américaine, tout en gardant son style pince sans rire.

Le titre américain, avec cette apostrophe devant burbs (diminutif de suburbs), indique donc que l'on est dans les faubourgs d'une grande ville, une banlieue ou un lotissement. De E.T. de Steven Spielberg à Edward aux mains d'argent de Tim Burton, la banlieue est le lieu de tous les conformismes des WASP et en conséquence les troubles qu'ils subissent par un élément perturbateur, ici des voisins au nom étranger, les Klopek, en tout cas selon les critères des Peterson, Rumsfield et Weingartner aux noms plus anglo-saxons.

La belle idée de Joe Dante est d'avoir confié à Tom Hanks le rôle de Ray Peterson, un personnage fade, gentil père de famille (il a un fiston), marié à une charmante épouse Carol (Carrie Fisher) et maître d'un toutou dans sa niche appelé Vince. Il habite une belle maison (ce décor et ces maisons des studios Universal serviront plus tard à la série Desperate Housewives) et entretient de bons rapports avec ses voisins. Et quand commence le film, Ray est en vacances et traîne en pyjama et robe de chambre chez lui.

En cinq minutes chrono, Joe Dante croque tout le lotissement. Le lieutenant Rumsfield (Bruce Dern) lève le drapeau chaque matin (mais avec un gadget électrique), il est marié à Bonnie (Wendy Schaal) une jeune femme bien plus jeune et très sexy. Le caniche de Walter (Gale Gordon) vient déposer sa crotte sur la pelouse. Walter, homme coquet qui porte une perruque, vit seul. Ricky (Corey Feldman), l'ado rebelle et rock 'n roll reluque Bonnie, il doit repeindre les murs de sa maison pendant l'absence de ses parents.

Et puis enfin voici Art Weingartner (Rick Ducommun), le meilleur ami de Ray s'incruste au petit déjeuner au grand dam de Carol, il mange tout dans le frigo, il parle sans cesse. Joe Dante nous présente un gros beauf, râleur, à la limite de la xénophobie, un archétype de l'Américain du MidWest, où se déroule le film. Et ce personnage, qu'on imagine votant à l'époque pour Bush père, va embarquer tous ses voisins dans un périple un peu minable, ils ne quitteront jamais leur lotissement, ne dépasseront jamais les limites de leur petite vie.

La chasse aux Klopek est lancée. Les voisins sont installés depuis un mois dans cette maison, franchement vétuste et au jardin non entretenu. D'ailleurs, que creusent-ils la nuit les Klopek dans le jardin sous la pluie ? Et quelles sont ces lumières qui jaillissent dans leur cave ? Que sont devenus les anciens habitants ? Et où est passé Walter ? Alors Ray et Art décident de sonner à la porte, Art transperce le perron en planches et Ray actionne le loquet qui transforme leur numéro de rue en 666. Courageux mais pas téméraires, ils s'enfuient en courant.

Comme dans un bon film à suspense, Joe Dante retarde au maximum la présentation de la famille Klopek. D'abord Hans (Courtney Gains) le fiston rouquin à l'allure de monstre de Frankenstein. « Qui sort les poubelles en voiture et les enfonce avec une pelle ? » demande Ray. Précisément Hans, ce qui augmente encore plus l'inquiétude. Puis, poussés par Carol et Bonnie, Ray et Rumsfield osent enfin sonner à la porte, pour fouiller dans cette cave étrange où Art s'introduit, le tout sous le regard moqueur de Ricky qui organise une fête pour observer ses voisins.

Dans le meilleur moment de The 'Burbs, Joe Dante mêle adroitement la comédie burlesque (Ray mange des bretzels aux sardines, Rumsfield déplace le tableau) à l'angoisse ironique. L'oncle Reuben (Brother Theodore) avec sa gueule de travers et ses réponses laconiques semble tout droit sorti des années 1930 tandis que Werner (Henry Gibson), le chef de famille, également docteur, sort enfin de la cave. Lui est particulièrement souriant, et Ray, Art et Rumsfield concluent que ce sourire est trop large pour être honnête. J'en ai déjà trop raconté, le mieux est de redécouvrir The 'Burbs.
























Aucun commentaire: