mercredi 12 août 2015

Absolutely anything (Terry Jones, 2015)


Dans les années 1990, une poignée de films prenait comme personnages des hommes ordinaires, ni héros, ni méchants, et les plongeait dans le surnaturel mâtiné de gentil fantastique : Bill Murray revit le même jour dans Un jour sans fin, Jim Carrey ne peut dire que la vérité dans Menteur menteur, Michael Keaton se crée des clones dans Mes doubles ma femme et moi, Jack Black voit tour le monde très beau dans L'Amour extra-large, Alain Chabat est un chien devenu homme dans Didier. Ces films, tous des comédies, auraient pu basculer assez vite dans le tragique, devenir une exploration de la folie de leur personnages. Le nouveau film de Terry Jones cultive ce terreau de l'homme ordinaire piégé par le fantastique.

Simon Pegg est un petit prof débordé par ses élèves et amoureux de sa voisine. Des extraterrestres lui attribuent un pouvoir : celui de voir tous ses vœux exaucés. L'homme aura tous les pouvoirs mais s'il fait le mal, la Terre sera détruite. Et c'est parti pour une bonne heure, passé la laborieuse ouverture et présentation des situations, pour des gags ras les pâquerettes. Exemple : Simon Pegg est devant sa glace, torse nu, il espère un gros sexe. Son sexe est si lourd qu'il tombe à la renverse, puis son sexe est celui d'un Africain (rires). Ensuite, il veut un superbe corps, il obtient le corps d'une femme (rires) etc. En fait, son personnage est celui d'un gros beauf égoïste.

Pas grand chose ne fait rire dans le film. Les aliens, doublés par les membres des Monty Python, sont visuellement hideux et leur humour, qui fleure bon le sarcasme, tombe un peu à plat. La critique de la critique littéraire via le personnage de Joanna Lumley n'est pas très piquant. Simon Pegg qui a des tonnes de monologue quand il teste ses pouvoirs fait un peut peine parce qu'il n'a personne pour lui donner la réplique. La romance avec Kate Bekinsale est franchement cucul la praline. Le personnage du colonel qui la harcèle semble qu'un simple copier-coller du Otto d'Un poisson nommé Wanda. Et n'oublions pas cette horrible affiche jaune dont on nous gratifie.

C'est d'autant plus dommage qu'il ne manque pas grand chose pour que tout soit drôle. Un scénario plus concis, moins de personnages excentriques à tout prix, des dialogues plus rythmés. On sent que le film date d'un vieux projet sans cesse remis au lendemain (Sarah Palin comme modèle de méchant, ça date un peu). Tout serait à jeter sans Robin Williams qui fait la voix du chien de Simon Pegg. Il apporte les seuls gags vraiment marrants sans qu'il ne paraissent vraiment neufs. Comme quoi, quand on sait faire, on peut faire rire avec absolument tout. Faut juste savoir faire.

Absolutely anything (GB, 2015) Un film de Terry Jones avec Simon Pegg, Kate Beckinsale, Rob Riggle, Joanna Lumley, Eddie Izzard, Sanjeev Bhaskar et Terry Jones, Michael Palin, Eric Idle, Terry Gilliam, John Cleese et Robin Williams.

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