Divergente
3 : au-delà du mur (Robert Schwentke, 2016)
Comme
les deux derniers Hunger games, et le dernier Labyrinthe,
ce nouvel épisode de Divergente ratisse le même terreau :
un monde dystopique où une bande de jeunes doit lutter contre une
oligarchie totalitaire qui prétend connaître la solution à tous
les problèmes post-apocalyptiques (ouf !). La justice y est
expéditive, les trahisons spontanées et les mensonges lourds de
conséquences. A vrai dire, assez vite, je ne savais plus de quoi il
en retournait. Jeff Daniels joue le méchant de service, variation du
petit père du peuple que Naomi Watts cherche à déloger. Le métier
d'acteur à Hollywood est bien difficile, et il faut bien vivre.
Aucun cinéma n'habite ce film, si ce n'est les demi-bonnettes dans
la scène d'ouverture qui montre les personnages principaux au
premier plan et la meute affamée de sang au fond du cadre.
Midnight
special (Jeff Nichols, 2016)
Voir
Midnight special le lendemain de Divergente 3 est
déroutant. (spoiler) La scène finale avec le monde d'en haut du
film de Jeff Nichols a la même architecture que la ville de
Providence où se rendent le grand manitou et la jeune rebelle de
Divergente 3. Un monde (ou une ville) tout en courbes,
spirales et cercles, diurne et ample loin du monde anguleux, droit et
nocturne du Ranch où l'enfant était l'atout du gourou. La question
que je me suis posée est alors simple : cette similitude
est-elle le signe d'une totale absence d'imagination ? Puis, une
autre question : cela augmente-t-il la qualité de Divergente
3 ou diminue-t-elle celle de Midnight special ?
J'avoue être assez hermétique au cinéma de Jeff Nichols, mais je
remarque que ce dernier film de sa trilogie amorcée avec Shotgun
stories et poursuivie avec Take shelter est plus ample et
rythmée. Il reste cependant toujours une grande dichotomie entre ses
intentions (dont parlent souvent les critiques) et les résultats. Je
suis très content de retrouver Kirsten Dunst dans un rôle de Mère
Courage.
Batman
V Superman : l'aube de la justice (Zack Snyder, 2016)
Je
n'ai absolument rien compris au scénario de ce film, et en tout
premier lieu pourquoi Bruce Wayne déteste Superman et pourquoi Clark
Kent hait tant Batman. En réfléchissant un peu, je crois que les
bondieuseries assénées dans les dialogues par Ben Affleck
expliquent le refus de voir un alien venir faire la loi sur Terre.
Mais ils vont devenir super potes quand Batman et Superman se rendent
compte leurs mamans s'appellent toutes les deux Martha (véridique ;
hilarité dans la salle ; aussi ridicule que la mort de Marion
Cotillard dans The Dark knight rises). L'image est encore plus marron
que jamais (ah cette atroce influence de Christopher Nolan, quand en
sera-t-on débarrassé ?) et les scène d'explosion plus blanches
qu'un néon flanqué en pleine gueule. Bref, une vraie torture, plus
pénible encore que Sucker Punch, pourtant déjà
particulièrement douloureux et incompréhensible.
Rosalie
Blum (Julien Rappeneau, 2016)
En
voyant Rosalie Blum, et la plupart des films français
chroniqués sur mon blog depuis quelques mois, je me suis demandé
comment il se faisait que pratiquement plus aucun film ne se déroule
entièrement à Paris, comme si Paris n'avait plus de décors à
montrer, de récit à développer dans ses quartier, ou si peu. Et
quand un film commence dans la capitale, les personnages la quittent
pour aller ailleurs. La province est le nouveau décor du cinéma
français. Ici, on est dans la Nièvre, dans un bon bourg où rien ne
se passe, conséquence : le coiffeur va espionner l'épicière.
Julien Rappeneau tente de faire survivre son film avec un récit en
Rashomon, changeant de point de vue et de perspective avec
chaque personnage. L'intention du jeune cinéaste est d'éviter tous
les clichés habituels : les coiffeurs ne sont pas tous homos
mais peuvent vivre quand même avec leur maman, les chômeuses ne
sont pas toutes feignantes et savent s'investir, les épicières
dépressives ne manquent pas d'humour etc. Le film est très très
très gentil, sauf pour le personnage de vieille acariâtre et mère
possessive qu'incarne Anémone. Les affiches SND sont en train de
devenir les plus hideuses du moment.
Médecin
de campagne (Thomas Litli, 2016)
J'ignore
si c'est voulu, mais les personnages de François Cluzet et Marianne
Denicourt s'appellent Jean-Pierre et Nathalie, comme Pernaut, le
présentateur du 13h de TF1 et son épouse. Il ne doit pas y avoir de
rapport mais comme cela cause des vieux paysans, de l'exode rural, de
l'absence de services dans nos compagnes (ici dans l'Eure), cela
aurait fait un très bon sujet pour son JT. Il n'en sera rien,
heureusement le film est bien meilleur qu'un reportage de télé
Bouygues. Thomas Litli traite tout ces sujets en 90 minutes avec
jovialité, retenue et vraisemblance. C'est déjà pas mal. Le
cinéaste, ancien médecin, se débarrasse de pas mal de clichés
(pas de romance, pas de misérabilisme, pas de leçon sur le bon sens
campagnard), il parvient à faire exister une bonne demie douzaine de
personnages de patients et à cumuler plusieurs intrigues bien
écrites. Encore mieux. Tout cela se fait au prix d'une mise en scène
strictement linéaire et sans aspérité.
Le
Cœur régulier (Vanja D'Alcantara, 2015)
Après
Yolande Moreau dans Voyage en Chine et Isabelle Huppert dans
Valley of love, parties toutes deux s'affliger du deuil de
leur fils, Isabelle Carré se rend elle aussi à l'autre bout du
monde, c'est-à-dire au Japon pour comprendre l'instinct de mort de
son frère (ici jouée en début de film par Niels Schneider plus
insipide que jamais). Aux clichés français (le frère et la sœur
crient la nuit sur une moto, le mari ne s'intéresse qu'au CAC 40)
succède l'invraisemblable. En effet, dans ce coin reculé du Japon,
les îles Oki en l'occurrence, les Japonais sont tous zen (un vieux
sage va l'aider à mieux vivre la mort de son frangin) et parlent
tous anglais (Abel Ferrara dans Pasolini s'était affranchi
des barrières des langues, les acteurs américains jouaient en
anglais et les italiens en italien). Cela dit les dialogues sont très
rares. La cinéaste belge sait mieux filmer les paysages que la
tristesse sur le visage d'Isabelle Carré, qui, comme à son
habitude, nous la joue en tragédienne en écarquillant très large
les yeux.
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