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dimanche 22 mai 2016

L'Arme fatale 4 (Richard Donner, 1998)

Que s'est-il passé dans le monde cinéma entre 1992 et 1998 ? Beaucoup de choses. C'est d'abord l'effondrement du modèle Joel Silver, le producteur a cumulé les bides commerciaux (on est à Hollywood, je ne parle pas de la qualité des films). Richard Donner n'a réussi à faire des films qu'avec Mel Gibson. Et ce dernier a passé haut la main le cap de la mise en scène avec Braveheart, en 1995, il a raflé toute une moisson d'Oscar. Son film était violent, lançant la mode des films en costumes réalistes (il suffit de comparer Braveheart à Rob Roy pour comprendre). Joe Pesci a triomphé dans le génial Casino.

Ce qui a vraiment changé dans ces six ans, c'est Hong Kong. Moins la rétrocession à la Chine en 1997 que l'arrivée des cinéastes et acteurs à Hollywood. Certes, on sait pertinemment que les carrières de John Woo, Tsui Hark ou Ringo Lam ne se sont pas épanouies. Mais leur apport sur le cinéma d'action de papa a été primordial. Les scènes d'action ne seront plus les mêmes, mettant à la retraite des dizaines d'acteurs qui ont fait les années 1980 (Stallone, Eddie Murphy, Schwarzenegger, Nick Nolte). Et voici qu'arrive Jet Li, dix ans de films d'action à Hong Kong, son premier film à Hollywood.

L'Arme fatale 4 constitue pour l'acteur le début d'une longue série de rendez-vous manqués. Il devra se contenter, contrairement à Jackie Chan, des personnages de méchants. Sans doute parce qu'il n'a jamais pu apprendre l'anglais assez tôt. Ici, il est un super méchant, hyper vicieux et extrêmement violent. Il est un membre des triades venus de Chine pour un trafic de faux billets, et pour libérer ses « frères ». Bref, il est question de boat people dans la cale d'un navire, et c'est bien évidemment Roger Murtaugh (Danny Glover) et Riggs (Mel Gibson, tiens, sa coiffure aussi a changé, il abandonne sa crinière pour une coupe courte) qui les découvrent.

Je ne m'étendrai pas sur cette thématique des immigrés clandestins traitée avec une lourdeur incroyable. Roger accueille dans sa maison une douzaine de Chinois, se sentant frères « d'esclavage » avec eux. Sinon, en 11 ans, les 4 Arme fatale n'ont pas été foutu de présenter un seul personnage latino, ce qui pour une série de films se passant à Los Angeles est un exploit. Les Chinois dans L'Arme fatale 4 ne sont là que pour créer un semblant d'émotion bon marché. Riggs et Lorna (René Russo) adopte même un gamin, aussi mignon et débrouillard que Demi-Lune dans Indiana Jones et le temple maudit.

Ils sont tous mignons ces Chinois, sauf Jet Li. Habillé avec son habit traditionnel noir ou blanc (Riggs dira que c'est un gars en pyjama), Jet Li n'a pas grand chose à défendre, ses dialogues en mandarin sont réduites à la plus simple expression. Il fronce des sourcils, esquisse un sourire cruel et donne des coups de pieds à tout le monde. Ah, il égorge ses ennemis aussi. Depuis 18 ans que le film est sorti, je n'ai jamais compris comment le personnage de Mel Gibson, qui lui aussi se déclare trop vieux pour ces conneries, a pu battre Jet Li. Le plus grand mystère du cinéma des années 1990.

Il faut maintenant un peu parler de l'humour du film. Riggs n'est pas avare de vieilles blagues racistes sur les Chinois, c'est un festival. Je préfère les vannes de Chris Rock et les quiproquos qui se jouent autour de son personnage de petit ami de la fille aînée de Murtaugh. Les 45 premières minutes du film sont les plus drôles et quand Chris Rock apparaît à l'écran, il emporte toute la scène (superbe duo avec Joe Pesci). Je pense que son personnage sera le modèle pour la série Lethal weapon qui est train d'être produite et tournée pour la télé, avec Damon Wayans.














L'Arme fatale 3 (Richard Donner, 1992)

J'avais vu L'Arme fatale 3 au cinéma, l'été 1992, j'en gardais un souvenir sympathique. Près de 25 ans plus tard, regarder dans la même semaine les trois films (et j'ai pas encore regardé celui avec Jet Li), c'est se rendre compte que chaque film baisse en qualité. Et pas qu'un peu. Certes, je me doutais bien que ce gros produit de consommation ne pouvait que me décevoir. Par exemple, prenons les méchants et leur cause démoniaques : la drogue, puis l'argent sale d'un raciste avéré et dans L'Arme fatale 3, un ancien flic ripou qui fait du trafic d'arme et se lance dans l'immobilier. Ce Jack Travis (Stuart Wilson) a beau couler dans le béton ceux qui ne lui obéissent pas, il n'est jamais assez caricatural pour convaincre. Les Arme fatal, c'est d'abord de la bédé, du cartoon, du splastick, avec un méchant, un bad guy, tellement méchant qu'il en devient légendaire. Pour parler un peu de son époque, le film évoque les gangs qui gangrènent les rues de Los Angeles (des « menace II society » à cause des « boyz'n in the hood »).

Un méchant ridicule donc mais que Roger Murtaugh (Danny Glover) et Riggs (Mel Gibson) vont combattre malgré leur rétrogradation au rang de simples flics. Les deux policiers sont désormais filmé non plus seulement comme un duo, désaccordé et contradictoire, mais comme un couple, dans une bromance comique. Riggs, quand il arrive chez Roger, fait une bise à tout le monde et termine par son coéquipier. Riggs cherche à arrêter de fumer (car encore plus que d’habitude, seuls les méchants fument à Hollywood). Il compense l'absence de nicotine en mangeant des gâteaux pour chiens en forme de nonosse. Le scénario amène Roger à être pris dans le feu d'une fusillade et à descendre, en légitime défense (« a legal shot », dit la VO), l'un des amis de son fils. Il en sera traumatisé et va plonger dans l'alcool. Dans son bateau, Roger et Riggs se battront dans une scène pathétique à la limite du ridicule. Roger doit prendre sa retraite dans une semaine et Riggs est tout perturbé de savoir que son coéquipier va le quitter pour une autre vie.

Joe Pesci rempile dans son personnage d'enquiquineur. Il a pour mission de vendre la maison des Murtaugh. On ne verra Leo Getz que très peu dans le film, un peu au début, un peu à la fin. Entre les deux, L'Arme fatale 3 se concentre sur Lorna Cole, le nouveau personnage créé par René Russo. Comme il se doit, elle se confronte violemment avec Riggs et Roger, avant de devenir le nouvel élément du trio, comme celui constitué dans L'Arme fatale 2 par Leo Getz. Comme il se doit, Riggs et Lorna vont tomber amoureux. Leur coup de foudre est l'occasion de la meilleure scène du film. Chacun, en enlevant ses vêtements, parle de sa vie passée et confronte les blessures disséminées sur leur corps. Cette jolie scène est précédée de celle où Riggs dompte un molosse en imitant le chien et en partageant ses biscuits pour toutous. Avec son nouvel ami canin et son fidèle Sam, ils vont regarder un nouvel épisode des Three Stooges dans la caravane. L'Arme fatale 3 se termine comme la trilogie avait commencée, dans la salle de bains des Murtaugh où Roger prend un bain avec toute sa famille autour de lui.
















jeudi 19 mai 2016

L'Arme fatale 2 (Richard Donner, 1989)

Au cours d'une des scènes d'action palpitante de L'Arme fatale, on pouvait lire sur le frigo des Murtaugh « Free South Africa End Apartheid ». Il faut dire qu'à l'époque, Ronald Reagan, comme Margaret Thatcher, continuait de commercer allégrement avec le gouvernement de Pretoria. En 1989, pour L'Arme fatale 2, l'Afrique du sud, son Apartheid et son consul, le bien nommé Arjen Rudd (Joss Ackland), rebaptisé avec sarcasme Aryen Rudd par Riggs, sont au centre du récit. En ce début de présidence de Bush père, les films sur l'Apartheid n'étaient pas si nombreux (Une saison blanche et sèche, Cry freedom) et n'oublions pas Johnny Clegg qui a permis à tant de monde de ma génération d'assister à son premier concert.

Joel Silver, plutôt qu'un film social, choisit de faire ce qu'il sait faire, un bon gros film d'action avec une course poursuite endiablée pour lancer L'Arme fatale 2. Roger Murtaugh (Danny Glover) est au volant, Martin Riggs (Mel Gibson) sur le siège passager, il tambourine, avec un grand sourire, le plafond tout content de poursuivre une voiture. Le break marron de Murtaugh va devoir changer de conducteur, s'engouffrer dans un tunnel, rouler sur deux roues et faire un tête à queue. La bagnole poursuivie s'avère cacher des pièces d'or. Il n'en faut pas plus au duo de flics pour aller visiter le consul dans sa villa sur pilotis, mais le salopard (qui a déjà fait tuer son homme de main) est protégé par une immunité diplomatique.

Joel Silver, Richard Donner et les scénaristes n'y vont pas avec le dos de la cuiller pour charger les personnages des Sud-africains. Sadique et arrogant, Arjen Rudd a comme porte flingue un homme cruel et vicieux, Vorstedt (Derrick O'Connor) qui est l'archétype du sbire aux ordres qui ne semble n'avoir aucune limite. En l'occurrence, pour contrer les taquineries de Riggs, qui s'est entiché de la secrétaire du consul, Rika (Patsy Kensit), Vostedt décide d'abattre, à la bombe ou à la mitraillette, tous les flics collègues de Riggs et Murtaugh. Il enverra deux hélicoptères pour pilonner la caravane de bord de mer de Riggs ou mettra une bombe sous les chiottes de Roger. Ces gens-là osent tout et le film n'hésite pas à en faire des tonnes car plus c'est gros plus ça passe.

Un autre qui en fait des tonnes est Joe Pesci. Son personnage de Leo Getz (« what you want, Leo gets ») est une composition qui permet de pouvoir regarder encore aujourd'hui le film. Leo Getz est l'enquiquineur en chef, celui qui s'incruste partout sans qu'on lui demande rien, l'homme catastrophe. Riggs et Murtaugh doivent supporter son flot ininterrompu de paroles, ses caprices d'enfant gâté et ses gaffes à répétition. La référence de ce trio, qui sera prolongé dans les deux Arme fatale suivants, c'est The Three Stooges dont le comique consiste à montrer les trois acteurs se donner des baffes pendant tout leurs films (ils furent très populaires, ils en ont tourné une tripotée). Riggs et son fidèle chien Sam regardent l'un de leur film sur leur télé dans la caravane. Le comique du film est à l'image de la violence, exubérant et jamais dans la demi-mesure. Mais Joel Silver ira encore plus loin.















mardi 17 mai 2016

L'Arme fatale (Richard Donner, 1987)

Pour créer son duo de héros, Shane Black scénariste et Richard Donner réalisateur de L'Arme fatale les montrent dans leur plus simple appareil, comme le faisait James Cameron dans Terminator. Ils sont nus comme au premier jour (d'ailleurs le film se déroule pendant les vacances de Noël). Roger Murtaugh (Danny Glover) prend son bain. Il a 50 ans ce jour-là, sa femme Trish (Darlene Love) et ses trois enfants lui souhaitent un bon anniversaire. Roger et sa famille habitent dans une coquette maison de banlieue cossue.

En montage alterné, Riggs (Mel Gibson) est lui aussi à poil. Clope au bec, les cheveux hirsutes, la télé allumée à fond, il tente de se réveiller. Pas de famille pour lui préparer son petit déjeuner, contrairement à Roger. Une photo de mariage sur la télé fait comprendre que Riggs est veuf et qu'il en souffre. Riggs vit dans une caravane à la bordure du désert, il n'a comme seul compagnon son fidèle chien. Riggs parle tout seul, cause à son chien, s'énerve contre la télé qu'il détruit dans un geste de fureur.

Une fois le cadre de vie planté, L'Arme fatale différencie les méthodes de ses deux protagonistes. Roger Murtaugh s’entraîne au tir avec calme, tirant ses balles sur un carton silhouette. Riggs, suicidaire, n'hésite pas à traverser une cours d'école sous les tirs d'un sniper. Ce sniper sera sa cible et il l'abat, comme dans une scène de jeu vidéo. Puis, les deux hommes sont montrés sur le terrain, Roger enquête à l'ancienne, posant des questions, Riggs fonce dans le tas au risque de prendre une balle, mais il s'en fout.

Le film mettra 25 minutes à réunir Riggs et Roger dans la même plan, dans cette scène fameuse où Roger discute avec un collègue d'une investigation en cours et lui annonce qu'il a un nouveau partenaire. Le regard de Roger et son attention sont portées ailleurs, sur Riggs qu'il ne connaît pas encore, qu'il scrute et observe. Riggs, cigarette aux lèvres, casquette vissée sur la tête, arrive dans le commissariat. Il sort son arme, mais Roger pense qu'il est un criminel et fonce sur lui. Riggs le retourne et le plaque à terre, les yeux écarquillés. « Voici ton nouveau collègue. »

Les 25 minutes suivantes, les plus drôles du film, sont consacrées à l'acclimatation entre les deux hommes, le pépère Roger qui invite le nerveux Riggs chez lui à partager un repas. La fille aînée, Rianne (Traci Wolfe) apprécie le charme de Riggs sous le regard désapprobateur du père. Ce même regard juge sévèrement les méthodes de Riggs quand ce dernier entreprend d'aider un suicidaire et que Riggs se menotte à cet homme avant de sauter. Oui, Roger Murtaugh a la confirmation que son partenaire est cinglé sortant la célèbre réplique « I'm too old for this shit ».

Le but du jeu dans L'Arme fatale est de redonner le sourire à Riggs, non pas le sourire crispé et angoissant arboré quand il braque son flingue sur un suspect. Le premier sourire sera celui de la cible en carton quand Riggs tire et que les trous des balles forment un smiley. Le jeu des deux acteurs, totalement opposé donc complémentaire, compose un comique décliné sur le cartoon, sur sa rapidité, sa brièveté, un comique fondé sur des répliques qui euphémisent l'action vue juste avant, sur le mode, « tout cela n'est que du cinéma ».

L'Arme fatale commençait, lors de son générique, par le saut dans le vide d'une jeune femme à moitié nue. La résolution de cette mort va conduire le duo à croiser une vieille connaissance de Roger (le père de la jeune femme morte) et des anciens des Forces Spéciales auxquelles a appartenu Riggs. Un Général qui fait du trafic de drogues et son fidèle et dévoué bras droit (Gary Busey) qui ne craint pas la douleur (la scène du briquet est aujourd'hui bien ridicule). L'objectif est de démanteler cet odieux trafic.

La deuxième heure du film suit un schéma typique des comédies d'action sous la présidence Reagan. Un criminel abattu par la police coûte moins cher au contribuable qu'un suspect envoyé au tribunal. La violence du film tourne au sadisme pur et simple (Riggs, torse nu, torturé à l'électricité, le long combat contre Gary Busey), une violence typique des productions de Joel Silver et qui sera amplifiée avec sa production suivante, Piège de cristal magnifiée par la mise en scène de John McTiernan.