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samedi 12 novembre 2016

New York en 45 images

Aujourd'hui, nous sommes le 12 novembre 2016 et c'est mon anniversaire, j'ai 45 ans. Comme je suis à New York pour fêter ça, je me suis amusé à trouver 45 images de films situés à New York, depuis 1971 jusqu'à maintenant. Chaque fois une seule règle, que l'action du film soit contemporaine de la date de réalisation. Cela exclut pas mal de grands films d'époque comme Le Parrain, Il était une fois en Amérique, quelques Scorsese, quelques Milos Forman mais aussi par exemple des films d'anticipation comme New York 1997 tourné en 1981 par John Carpenter. Let's play, people !

1971, Shaft de Gordon Parks
Pendant la saison 2005-2006, j'ai animé une émission de cinéma sur Radio Campus 90.8 à Grenoble. Chaque semaine, nous mettions, in extenso, le thème principal de Shaft, composé par Isaac Hayes (4'38") en générique. L'émission s'appelait « The Steve McQueen Show », elle était animée avec Hakim, François, Elodie, Ben et Vincent avec moi. Ici, Richard Roundtree traverse la rue.

1972, Sœurs de sang (Sisters) de Brian De Palma
Une bonne partie du film se situe à Staten Island, île excentrée de New York accessible uniquement par le ferry qui démarre au sud de Manhattan ou par le pont Verrezano-Narrows à partir du sud ouest de Brooklyn.

1973, Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury
Gérard Oury est allé filmer, en catimini, pour le début de son film, les Juifs Hassidiques du Lower East Side à Manhattan, ce qui lui a valu quelques ennuis. Les Hassidiques sont allés protester. Les enfants, eux, jouent avec insouciance au baseball.

1974, ItalianAmerican de Martin Scorsese
Ce documentaire est tourné chez ses parents Catherine et Charles, Scorsese leur laisse la parole. Il demande à sa mère la fameuse recette de sa sauce, toute fière et excitée, elle se rend alors à la cuisine. Incroyable bavarde, elle monopolise l'attention. Martin Scorsese donnera la recette dans le générique de fin.

1975, Un après-midi de chien (Dog day afternoon) de Sidney Lumet
Avant que l'action ne commence et que Al Pacino parte braquer une banque à Brooklyn pour trouver de l'argent pour que son petit ami ne puisse changer de sexe, Sidney Lumet propose quelques vues instantanées de la ville.

1976, Taxi driver de Martin Scorsese
Pour la première fois, Martin Scorsese filme entièrement à New York (Mean streets était filmé en partie à Los Angeles, en studio). Le cinéaste joue un client du taxi de Robert De Niro qui vient observer Jodie Foster. Plus tard, le chauffeur de taxi viendra la rencontrer et, après avoir discuté avec son mac que joue Harvey Keitel, il ira dans sa chambre.

1977, Annie Hall de Woody Allen
Entre une séance du documentaire Le Chagrin et la pitié et une séance chez le psy, Diane Keaton et Woody Allen se séduisent devant le Pont de Brooklyn vu du côté Manhattan, évidemment.

1978, La Fièvre du samedi soir (Saturday night fever) de John Badham
Entre deux cours de danse, John Travolta et Karen Lynn Gorney se séduisent devant le Pont Verrezano-Narrows, ce banc est à Brooklyn.

1979, Les Guerriers de la nuit (Warriors) de Walter Hill
Des bandes de jeunes traversent pendant la nuit tout New York pour débarquer à Coney Island, au sud de Brooklyn, au petit matin. Ici, une carte du métro qui traverse Brooklyn (je loge dans ce quartier, vers Prospect Park), la ligne Q va jusqu'à leur fatale destination.

1980, Pulsions (Dressed to kill) de Brian De Palma
Le cabinet du psy qu'incarne Michael Caine se trouve à la 162ème rue à Manhattan, chrono en main, le jeune Peter Miller (Keith Gordon) surveille ses agissements. Ce plan est suivi d'un superbe demi-bonnette, entrée du cabinet à gauche, chrono à droite. J'aime les plans en demi-bonnette chez Brian De Palma.

1981, Tout le monde riait (They all laughed) de Peter Bogdanovich
Ben Gazzara drague toutes les filles qu'il croise à Manhattan, et c'est avec Audrey Hepburn qu'il va finalement coucher. Il traverse toute la ville que Peter Bogdanovich filme pour la première fois. Ici, Ben Gazzara est près de Central Park, devant la fontaine Pulitzer de la Grand Army Plaza de la 59ème rue.

1982, La Valse des pantins (The King of comedy) de Martin Scorsese
Après son show télé Jerry Langford (Jerry Lewis) est harcelé par une fan (Sandra Bernhard), Pupkin (Robert De Niro) s'incruste dans la bagnole de Jerry et l'accompagne jusque chez lui dans cet immeuble situé sur la 53ème rue en plein cœur de Manhattan.

1983, Un fauteuil pour deux (Trading places) de John Landis
Si la plupart du film se déroule en Pennsylvanie, le finale a lieu à Wall Street. Ici, les deux vieux frères qui ont fait un pari sur Dan Aykroyd et Eddie Murphy débarquent dans leur limousine aux pieds des Twin Towers.

1984, S.O.S. Fantômes (Ghosbusters) de Ivan Reitman
La fameuse voiture des chasseurs de fantômes traverse le Pont de Brooklyn pour aller de leur base à Manhattan. Who you gonna call ? Ghostbusters !

1985, New York, N.Y. de Raymond Depardon
En à peine 10 minutes et trois plans, Depardon filme le téléphérique du Pont Queensboro qui va jusqu'à Roosevelt Island. Un aller, un plan fixe sur des habitants qui marchent dans la rue, un retour. La vue du téléphérique donne sur la 1ère avenue.

1986, Hannah et ses sœurs (Hannah and her sisters) de Woody Allen
Entre deux discussions avec Hannah et ses sœurs, Michael Caine va se ressourcer dans cette librairie située à la 109ème East Street à Manhattan.

1987, Wall Street d'Oliver Stone
Le fameux et fumeux personnage de Gordon Gekko est devenu le synonyme de l'affairisme de Wall Street et valut à Michael Douglas de recevoir un Oscar. Face à lui, Charlie Sheen joue un courtier aux dents longues et à l'ambition démesurée. Tout cela le conduira à se rendre dans ce bel immeuble du quartier des affaires du sud de Manhattan, la Cour Suprême du Comté de New York.

1988, Working girl de Mike Nichols
Le personnage de Melanie Griffiths a trouvé un super job dans le quartier d'affaires de Manhattan, elle va assister Sigourney Weaver (et lui piquer sa place) et rencontrer Harrison Ford. Chaque jour, elle prend le ferry de Staten Island, où Melanie habite, pour se rendre au boulot. D'où ce plan d'ensemble avec la Statue de la liberté.

1989, Quand Harry rencontre Sally (When Harry met Sally) de Rob Reiner
Meg Ryan et Billy Crystal commence à sympathiser et à passer du temps ensemble, ils discutent au Washington Square Park où les érables ont revêtu leur couleur d'automne.

1990, Alice de Woody Allen
Dans sa belle voiture de bourgeoise friquée, Alice (Mia Farrow) traverse le quartier bigarré et pauvre de Chinatown pour aller chercher son remède miracle chez le Docteur Yang (Keye Luke).

1991, Hudson Hawk de Michael Lehman
En début de film, Danny Aiello vient chercher en voiture Bruce Willis. Ils font le trajet entre la prison de Sing Sing (New Jersey) et New York City dont on voit en arrière plan les buildings de Manhattan.

1992, Bad lieutenant de Abel Ferrara
Entre deux lignes de coke, deux putes et deux conversations avec une bonne sœur, le mauvais inspecteur qu'incarne Harvey Keitel vient d'arrêter deux petites frappes dans le Bronx.

1993 Meurtre mystérieux à Manhattan (Manhattan murder mystery) de Woody Allen
Après 10 ans à filmer Mia Farrow, Woody Allen tente d'oublier sa séparation, le scandale de la liaison avec sa belle-fille et retrouve Diane Keaton son ancienne égérie ici en pleine discussion devant la fontaine de Bryant Park. Tous deux enquêtent, surtout elle, sur leurs voisins qu'elle soupçonne d'être des meurtriers. Le film est très réussi et très drôle.

1994, Six degrés de séparation (Six degrees of separation) de Fred Schipesi
Aujourd'hui, le slogan de la librairie Strand, située sur Broadway dans l'angle de la 12ème rue est « Where books are loved » (où l'on aime les livres), en 1994, c'était « Eight miles of books », soit 13 km de livres. Donald Sutherland après s'être rendu compte que le jeune homme (Will Smith) qu'il héberge dans son immense appartement près de Central Park est gay, va passer du temps entre les immenses et étroites rangées de livres de la librairie.

1995, Une journée en enfer (Die hard with a vengeance) de John McTiernan
Piège de cristal explorait la verticalité d'un immeuble de Los Angeles, Une journée en enfer l'horizontalité des rues de New York. Tout commence avec Bruce Willis (son personnage de John McLane est newyorkais) nu avec une pancarte autour de lui, lâché en plein Harlem par son chef (Graham Greene) qui le plante là, bien à l'abri dans cette camionnette du NYPD.

1996, Un divan à New York de Chantal Akerman
La cinéaste belge a longtemps vécu à New York et a souvent filmé les Etats-Unis. Dans Un divan à New York Juliette Binoche s'incruste dans l'appartement de William Hurt et reçoit ses malades à sa place. Il habite près de Central Park et elle s'y rend dans ce taxi jaune quand elle atterrit à JFK, ici le taxi traverse le Pont de Brooklyn et les tôles se reflètent sur la vitre.

1997, Men In Black de Barry Sonnefeld
Comme on le sait tous, New York est envahi par les extra-terrestres. Tommy Lee Jones est trop vieux pour poursuivre un alien plutôt vicelard, mais Will Smith se lance à l'assaut du malfaisant qui conduit un taxi. Saura-t-il le retrouver avant qu'il ne déclenche l'apocalypse ?

1998, Celebrity de Woody Allen
Pas franchement le meilleur de Woody Allen alors dans une période de creux. En début de film, une publicité est tournée entre les immeubles art déco du Rockefeller Center, et dans le ciel de Manhattan, un avion vient décrire Help ! Personne n'est venu aider Woody Allen.

1999, Eyes wide shut de Stanley Kubrick
L'ultime film de Stanley Kubrick se déroule à New York où Tom Cruise et Nicole Kidman, la semaine de Noël, vont vivre des aventures étonnantes. Certes, le film a été entièrement tourné en Angleterre où le cinéaste s'était établi, sauf quelques plans filmés par la seconde équipe selon les directives précises de Kubrick.

2000, A la rencontre de Forrester (Finding Forrester) de Gus Van Sant
Un petit gars va se faire aider par un certain Forrester à passer des quartiers pauvres aux quartiers huppés, tout ça grâce à l'éducation. Il est aussi champion de basket et va faire un match au Madison Square Garden.

2001, I am Josk Polonski's brother de Raphaël Nadjari
Jadis, en ce début de siècle, Raphaël Nadjari, cinéaste né à Marseille, avait décidé de faire des films à New York inspiré sans aucun doute autant par Hal Hartley, Jim Jarmusch qu'Amos Kollek, toute une génération de cinéastes admirateurs de la Nouvelle Vague. Le film a été tourné en Super 8 à Lower East Side, l'un des quartiers juifs de Manhattan. Ici, Richard Edson, acteur au physique tout droit sorti d'un film de John Cassevetes, va acheter un paire de chaussures dans un magasin de la 8ème Avenue et près de la 37ème rue.

2002, Spider-Man de Sam Raimi
Dans la toute fin du film, une fois que Peter Parker a détruit le méchant du film et embrassé la fille, il peut lâcher les fils entre les buildings de Manhattan pour atterrir tout en haut du 30 Rock, le sommet du Rockefeller Building où il s'agrippe au poteau sur lequel flotte le drapeau américain. Evidemment, tout ce finale est en images de synthèse. On aperçoit derrière Spider-Man l'Empire State Building où grimpe régulièrement King Kong. Chacun sa tour.

2003, New York Masala (Kal ho naa ho) de Nikhil Advani
Puisqu'il existe une importante population venue de la République d'Inde à New York, Bollywood tourne avec la plus grande star du monde un film sur la diaspora indienne. Shah Rukh Khan est ici entouré de Preity Zinta et de Saif Ali Khan et ils déambulent dans Times Square à la lumière de ses hideuses publicités.

2004, Le Jour d'après (The Day after tomorrow) de Roland Emmerich
Dans ce film catastrophe de Roland Emmercih (pléonasme), Jake Gyllenhaal se réfugie dans la New York Public Library (là où le premier fantôme apparaît dans S.O.S Fantômes), où avec ses amis ils vont brûler les livres des étagères pour se réchauffer. Avant ça, un immense tsunami engloutit Manhattan et la Statue de la Liberté.

2005, La Guerre des mondes (The War of the worlds) de Steven Spielberg
Steven Spielberg lance avec son film le début des films post 11 septembre. Dans le finale, la ville détruite par les aliens n'est plus que gravats et cendre. Mais dans le premier plan, la vie est normale et Tom Cruise est au boulot dans l'une de ces grues remorques à Brooklyn. Il a une vue imprenable sur Lower Manhattan. Comme dans tous ses films, il va sauver le Monde Libre.

2006, La Nuit au musée (The Night at the museum) de Shawn Levy
Ben Stiller vient de récupérer son fiston qui jouait au hockey sur la patinoire Trump (oui, oui, ça existe vraiment) et traverse Central Park pour se rendre à son boulot. Il est gardien de nuit au musée d'histoire naturelle qui se trouve dans le quartier ultra huppé de la 79ème rue de Manhattan.

2007, Cloverfield de Matt Reeves
Ce devait être une soirée toute sympa, mais un épouvantable monstre vient détruire New York. Encore un film post 11 septembre, mais cette fois filmée en caméscope à l'épaule, style found footage. Dans le métro, sous Lexington Avenue, le trio va rencontrer de terribles prédateurs.

2008, Rien que pour vos cheveux (You don't mess with the Zohan) de Dennis Dugan
Le meilleur film d'Adam Sandler (et de loin) voit un agent secret d'Israël s'enfuir à New York où il va devenir coiffeur pour dames. Ici, Zohan vient d'atterrir à l'aéroport et pour voyager plus facilement, il grimpe sur le toit d'une voiture. Il résoudra également le conflit israélo-palestinien entre les gens de la diaspora qui vivent dans le même quartier, les uns en face des autres.

2009, Lenny and the kids (Go get some rosemary) de Benny et Josh Safdie
Les frères Safdie ne filment qu'à New York les déclassés et les marginaux. Lenny doit s'occuper de ses deux gosses et aller acheter du romarin (le rosemary du titre original). Ici, dans le plan final, il embarque dans le téléphérique du Pont Queensboro (le même que celui de Raymond Depardon) pour aller à Roosevelt Island.

2010, The Other guys de Adam McKay
Dans la scène d'ouverture de The Other guys, Samuel L. Jackson et Dwayne Johnson ont affaire à trois malfrats qu'ils prennent en chasse. Après avoir défoncé un bus dans Manhattan, ils se font tirer dessus par les gangsters juste devant la Trump Tower située sur la 5ème Avenue. Le film parle de scandales financiers, le beau souci de Donald Trump.

2011, A la une du New York Times (Page One) de Andrew Rossi
La première chose que je suis allé visiter à New York lors de mon premier voyage est l'immeuble du New York Times, le vénérable quotidien a son siège à la 8ème Avenue. Ici, on est dans le hall et pour passer les portiques rouges, il faut avoir une bonne raison et montrer pattes blanches. J'avais la chance que mon hôte travaillait à l'époque au New York Times, dans un bureau au 21ème étage. Belle vue sur les rues alentours, surtout de nuit.

2012, 2 days in New York de Julie Delpy
Julie Delpy et son fiancé Chris Rock se baladent dans New York dans les plus beaux lieux touristiques. Sur la promenade de la High Line, une ancienne ligne de métro aérien reconvertie en parc long de 2,3 km, il lui offre une fleur. Trop choupinet.

2013, La Vie rêvée de Walter Mitty (The Secret life of Walter Mitty) de Ben Stiller
Même si l'arrêt de la parution papier du magazine LIFE pour lequel travaille Ben Stiller date de 2000, le film se situe de nos jours. Il faut dire que le projet du film avait été lancé depuis une bonne quinzaine d'années. Ici, Ben Stiller est devant le siège de LIFE situé Avenue of the Americas à Manhattan, en train de déjeuner au bord du bassin.

2014, Love is strange de Ira Sachs
Deuxième volet de sa trilogie amoureuse à travers les âges, les deux quinquagénaires se retrouvent dans le plus ancien bar gay de Greenwich Village, Julius. On offre un verre à ceux qui fêtent leur anniversaire. Love is strange est d'ailleurs sorti le 12 novembre 2014 en France.

2015, In Jackson Heights de Frederick Wiseman
Je termine ce panorama d'images de New York par le très beau documentaire de Frederick Wiseman. Le documentariste américain filme la vie quotidienne des habitants d'un quartier du Queens. Un quartier où se croisent les Colombiens, des Juifs, des membres de la communauté LGBT, l'adjoint au maire du district.

samedi 5 novembre 2016

ItalianAmerican (Martin Scorsese, 1974)

La mère de Martin Scorsese, Catherine était une star de cinéma, en tout cas dans les 10 films de son fiston où elle fait des apparitions, des petites figurations. Elle fait aussi des coucous dans Wise guys de Brian De Palma et dans Le Parrain III de Francis Ford Coppola. Mais dans ItalianAmerican, elle est au centre du film, et son mari Charles Scorsese (né Luciano comme il nous l'apprendra) est à ses côtés, d'abord à l'autre bout du canapé, recouvert d'un plastic pour ne pas l’abîmer, mais elle le force à s'approcher d'elle. Après tout, ils ne cessent de s'aimer depuis 40 ans de mariage.

« I'm supposed to be talkin' to you » demande-t-elle à son fils avec son accent de Little Italy. Martin veut qu'elle donne la recette de sa sauce. Habillée comme un dimanche avec une belle robe rose, les cheveux gris qui surmontent son visage rond et expressif, une paire de lunettes de vue, Catherine file prestement dans sa cuisine (où Charles n'a pas le droit d'entrer) et commence à cuisiner. Martin Scorsese donnera la recette dans le générique de fin. Ses deux parents se chamaillent pour savoir qui a appris à Catherine à devenir un cordon bleu. « C'est ma mère » rétorque Charles, mais il en faut plus pour convaincre Catherine qui affirme que c'est sa propre mère qui lui a tout appris.

Il faut dire qu'ils étaient nombreux dans la famille. Neuf enfants dans un deux pièces. Martin Scorsese en profite pour filmer les rues du quartier tandis que son père explique ce qui a changé depuis leur enfance (ils sont nés tous les deux dans les années 1910). L'abondance de magasins de jadis a disparu. Ils évoquent la vie de leurs parents (les grands-parents de Martin), leur départ de Sicile, les rencontres des grand-pères avec les grands-mères, les premiers boulots, les appartements minuscules dans lesquels ils vivaient. « Ils habitaient dans l'immeuble en face ». Charles évoque les affaires et les dettes de son père, le sale caractère de sa mère.

Ils n'avaient jamais pu faire une lune de miel lors de leur mariage. 30 ans après, ils sont partis en Italie et Catherine montre les photos qu'elle a fait là-bas. Elle parle de la terrible pauvreté en Sicile et à Naples. Toujours sur le qui-vive, toujours avec un large sourire, toujours la parole saccadée (comme Martin), Catherine sort quelques anecdotes croustillantes sur son père, notamment celle où il allait demander sa citoyenneté. Il ne parlait pas anglais, l'agent de l'immigration lui reprochait. La sœur de Catherine, Mary, traduisait et soudain, en colère, le père réplique « go F*** yourself ». Et Catherine éclate de rire tout en avouant avoir honte de raconter cela. Quelle star !