Après
trois films américains, Ang Lee relançait, avec Tigre
et dragon la mode du wu
xia pian et la carrière de
Chow Yun-fat après s'être perdu dans des navets depuis son départ
pour Hollywood. Il incarne Li Mu Bai, un maître épéiste. Revenu
d’un séjour sur les monts Wu Tang, après avoir acquis beaucoup de
sagesse et atteint le silence ultime, Li Bu Mai décide de raccrocher
son arme en l’offrant au seigneur Té (Lung Sihung). Il demande à
sa vieille amie Shu Lien (Michelle Yeoh) de lui amener sa fameuse,
antique et funeste épée « Destinée », (oui les épées
ont un nom) qui ne doit plus servir à se battre mais devenir une
relique.
L’épée
est très convoitée, elle peut permettre à celui qui l’utilisera
convenablement de défaire bien des ennemis. Cela donne de
fastidieuses dialogues pleines de pensées philosophiques. Le soir
même de l’arrivée de Shu Lien chez le seigneur Té, Destinée est
dérobée. Jade la Hyène (Cheng Pei-pei), l'ennemie jurée de Li Mu
Bai est accusée. Jade a empoisonné le maître de Li quelques années
auparavant. Depuis, elle est devenue secrètement la gouvernante de
Jen Yu (Zhang Ziyi), la fille du gouverneur de Pékin. Elle l’a
éduquée de manière stricte. Jade surveille, avec son regard dur,
chaque geste de sa protégée, la dissuadant de discuter avec Shu
Lien.
Toujours
secrètement, Jade a instruit sa protégée aux arts martiaux grâce
à un antique parchemin. Jade cherche à assouvir sa vengeance. Quand
Jen Yu rencontre Shu Lien, elle se plaint de devoir épouser un
inconnu et affirme espérer une vie d’aventurière comme celle de
Shu Lien. Plus tard, masquée, Jen Yu se battra contre elle. Les
chorégraphies de Yuen Woo-ping sont filmées en longs plans (presque
des plans séquences), de plein pied (on voit les deux adversaires),
de nuit sur une belle musique de percussions, elles demeurent
l’attrait essentiel du film. Les combattants virevoltent dans les
airs, volent sur les toits des immenses demeures, grimpent sur les
murs et se battent avec grâce sans l’impression que les effets
spéciaux détruisent la beauté du geste.
Comme
dans les précédents films d’Ang Lee, le mariage est le souci
majeur du récit de Tigre
et dragon. Ce sont des
mariages contrariés découlant des traditions ancestrales qui ne
satisfont pas les amoureux. Shu Lien et Li Mu Bai sont amoureux comme
le leur dit un de leurs amis mais ils se sont toujours refusé à
s’aimer au grand jour. Le fiancé de Shu Lien, assassiné, était
un ami proche de Li. Par honneur, il a gardé ses distances.
L’interrogation que soulève le film est que, à cause de sa
prestance pour manier Destinée, Li Bu Mai serait tombé amoureux de
la jeune Jen Yu. Il lui proposera plusieurs fois de devenir sa
disciple afin de perfectionner le maniement de l’épée, métaphore
sexuelle s’il en est.
Jen
Yu doit se marier avec le fils du seigneur Gou. Un mariage arrangé
bien entendu et dont elle ne veut pas. Elle est amoureuse de Lo
(Chang Chen), jeune et beau bandit du désert. Un long flash-back
présente leur rencontre. Lo lui dérobe son peigne. Elle sort du
palanquin pour le récupérer. Ils se battent, croisent le fer, se
poursuivent à cheval dans le désert. A bout de force, il la porte
dans son antre, une grotte pleine d'objets volés. Naturellement, les
opposés s’attirent et leur ultime dispute se transforme en acte
d’amour. Le film se concentre désormais sur cette romance et sur
l’assouvissement de leur amour au beau milieu du désert loin des
conventions impériales, non sans tomber dans la mièvrerie.
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