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dimanche 6 mars 2016

Zoolander 2 (Ben Stiller, 2016)

Cher Ben Stiller,

je t'écris en français, car dans ton dernier film Zoolander 2 tu parles, comme Owen Wilson et Will Ferrell, admirablement bien la langue de Molière. Tu ne le savais pas en vérité, mais la plupart des cinémas passent ton film en version française. Pour moi qui habite Grenoble, si je veux voir Zoolander 2 en version originale, il faut que j'aille à Lyon (3 heures grosse modo d'aller et retour) dans un cinéma UGC (11,10 € la place), ce qui, tu en conviendras, fait cher et bouffe une bonne partie de la journée. Et pourtant, on avait déployé des trésors d'inventivité pour expliquer aux distributeurs qu'on aime entendre les vraies voix de nos acteurs préférés et les vrais dialogues des comédies américaines. Un de mes amis, auteur sur nanarland, avait réussi à faire projeter Idiocracy de Mike Judge en VO (ah tiens, rions un peu, tu devineras jamais Ben le titre français que la Fox avait trouvé : Planet stupid. Si, si). La Fox ne comprenait d'ailleurs pas qu'on veuille passer le film. Quelques mois plus tard, j'ai passé dans un de mes festivals (Cinéduc) Rien que pour vos cheveux de Dennis Dugan, le chef d'œuvre d'Adam Sandler, unique projection du film en VO en Rhône-Alpes. Dans les deux cas, des salles pleines qui rient aux éclats. Les distributeurs ne font pas leur boulot, les directeurs de salle non plus. On aurait dû demander des séances en VO. Là, j'ai l'impression de me retrouver quinze ans en arrière, quand les salles projetaient des bobines 35mm et qu'elles ne pouvaient pas varier les versions. Avec le numérique c'est possible. Tu pensais, comme moi, que les bouquins d'Emmanuel Burdeau sur la comédie américain des quinze dernières années avaient décanté les choses, que dalle !

Bref, je suis allé te voir causer français. Comme on dit dans le jargon de la critique français « What the fuck, ton film c'est d'la couille ». Certes, je vais un peu vite en besogne, d'autant que tu sais que j'aime plusieurs de tes films sans modération, mais là, à peu près ne fonctionne. Et la pauvre Penélope Cruz doublée comme dans un télénovela du matin sur France 2, quelle horreur ! Ton film donne l'impression d'avoir été conçu pour une génération qui n'existait pas en 2001 quand Zoolander était sorti. Ça commence avec Justin Bieber qui se prend une centaine de balles dans le coffre (pourquoi tant?), ça continue avec Jérôme Jarre (pour éviter de googler, Jarre – qui ne dit pas un mot de sa courte apparition – est un viner, c'est-à-dire qu'il fait de vidéos de 6 secondes, son truc, avec un accent anglais à couper au couteau, est de mettre dans l'embarras les gens qu'il croise dans la rue avec un grand sourire) et Susan Doyle qui fait un doigt d'honneur. Sans oublier, Anna Wintour (la vraie), Tommy Hilfiger (le vrai) ou Valentino (le vrai, enfin, sous le lifting) dans un complot aussi improbable que celui qui lançait Zoolander. Et pour les spectateurs les plus âgés (moi par exemple), Sting, comme David Bowie, vient faire un coucou avec une réplique jamais entendue jusqu'à présent dans un film comique « je suis ton père », dit-il à Hansel. Sérieux ? Vous vous êtes mis à six pour écrire ça ? Justin Theroux était trop pris par The Leftovers ? Et pourquoi il n'a pas fait venir Jennifer Aniston pour un petit cameo ? Elle avait lu le scénario et elle a renoncé, c'est ça ?

Non, parce que l'histoire de Zoolander 2, c'est quand même pas super. Un complot donc fomenté par Mugatu pour une raison que j'ai sans doute oublié (peut-être seulement la vengeance d'ailleurs) avec l'aide des créateurs de mode que t'as réussi à faire venir. Et ton fils, Derek Jr., joué par un petit gros (c'est rigolo les petits gros), et Christine Taylor qui fait un fantôme, et une rivalité avec Owen Wilson, mais ils vont redevenir amis. Le malaise, pour tout te dire, vient quand Benedict Cumberbatch et Kristen Wiig viennent grimés comme dans un film de Jim Henson, là j'ai décroché. Et j'ai commencé à me lamenter (dans ce cas, je regarde ma montre) quand tous les gags que j'avais aimé il y a quinze ans, tu les reprends tous. Le café que jette Mugatu sur son assistant, encore un coup de Relax de FGTH, des orgies d'Hansel avec du Donna Summer, ou la chanson de Wham! Tu nous épargnes le défi-défilé, mais de justesse. A vrai dire, repriser les meilleurs gags de Zoolander, j'avais rien contre, mais tu aurais dû surenchérir sur une nouvelle chute, sur un deuxième gag. En fait, tu sembles avoir fait une parodie de Austin Powers in Goldmember. C'est ça qui aurait été génial, faire un cross-over entre le mannequin le plus stupide du monde et l'espion le plus incompétent de sa gracieuse majesté. Maintenant que je t'ai donné l'idée pour Zoolander 3, il te reste plus qu'à te mettre au boulot. J'ai confiance en toi.

Allez, bisous, à dans 15 ans !

samedi 27 février 2016

La Famille Tenenbaum (Wes Anderson, 2001)

Je suis toujours étonné de voir comment Wes Anderson parvient à dompter les acteurs les plus exubérants du cinéma américain. Récemment Ralph Fiennes (The Grand Budapest Hotel), Bruce Willis (Moonrise Kingdom), George Clooney (The Fantastic Mr. Fox) et bien entendu Bill Murray, compagnon de cinéma depuis quinze ans. Intégrer de tels cabots que Owen Wilson et Ben Stiller, à l'univers très identifiable qui sortaient tout juste de Zoolander, dans La Famille Tenenbaum était une grand pari, comme ajouter le trublion Gene Hackman, pour l'un de ses derniers films avant la retraite.

La distribution est très belle, plutôt à mon goût. Gene Hackman est Royal Tenenbaum, le patriarche indigne et manipulateur que ses enfants vont détester au plus haut point après qu'il ait cherché à leur voler leur bien. Anjelica Houston est Etheline Tenenbaum, toujours mariée mais séparée depuis de longues années. Le flash-back introductif fait découvrir la vie merveilleuse des trois enfants Tenenbaum qu'Etheline a su emmener au sommet, Chas est un as de la finance, Richie un champion de tennis et Margot une écrivaine à succès.

Cette longue ouverture commentée par la voix off d'Alec Baldwin met en place (avec des acteurs jeunes pour les rôles) l'univers dans lequel vit la famille Tenenbaum. Un immeuble de trois étages dans une ville indéterminée, pure fabrication de Wes Anderson qui s'emploie et s'amuse à modifier tous les signes. Du taxi cabossé à l'hôtel où réside Royal en passant par la multitude d'objets qui traînent dans la demeure, tout est reconnaissable mais tout semble venir d'ailleurs, d'un autre temps, d'une autre fonction.

Les tenues des personnages sont dans le même ordre d'idée d'un glissement d'une réalité à une autre. Les survêtements rouges vif que portent Chas (Ben Stiller) et ses deux fils Ari et Uzi, ainsi que leur cheveux abondement bouclés. Le costume de cow-boy d'Eli (Owen Wilson), le voisin d'en face. La tenue de tennis de Richie (Luke Wilson), agrémentée d'une grande barbe et de lunettes noires. Les robes rayées de Margot (Gwyneth Paltrow), la sœur adoptive, fumeuse de cigarettes depuis l'âge de douze ans. Sans oublier les habits « vieille Amérique » des parents.

Le film dépèce le schéma familial pour le jeter aux ordures (d'où la scène où Royal avec ses deux petits fils hilares sur un camion poubelle). Qu'on se rende compte : un père qui méprise ses enfants, Margot et Richie qui sont amoureux l'un de l'autre, des trahisons, des escroqueries, des mensonges, des suicides. Le mari de Margot, le pauvre Raleigh (Bill Murray) est cocu tandis que Henry (Danny Glover) est menacé par Royal avec l'aide du liftier Dusty (Seymour Cassel) et du majordome Pagoda (Kummar Pallana).

La Famille Tenenbaum avance les malheurs du quotidien de ses membres par chapitre, avec une élégance de fabuliste qu'est souvent Wes Anderson dans ses films. Ces chapitres sont des vignettes colorées qui s'avèrent de la plus grande cruauté pour les personnages. La joliesse des décors, le maniérisme des mouvements de caméra, le hiératisme du jeu des acteurs masquent, en partie, la part sombre du cinéma de Wes Anderson et son pessimisme. Personne n'est dupe de ce happy end trop souriant.















vendredi 26 février 2016

Zoolander (Ben Stiller, 2001)

Quelle horreur : le Premier ministre de Malaisie a décidé que le travail des enfants serait réglementé dans son pays. C'est un tremblement de terre pour l'industrie du textile qui se mobilise en secret. Les plus grands créateurs (on reconnaît les silhouettes des sosies de Giorgio A. d'Anna W. ou de Karl L.) mènent la lutte pour assassiner le chef d'état. Ils ont convoqués Mugatu (Will Ferrell) pour trouver un mannequin suffisamment manipulable et docile, donc stupide, pour accomplir cette mission. Ce mannequin, Mugatu l'a trouvé, ce sera Derek Zoolander (Ben Stiller).

Pour le présenter, quoi de mieux que de faire intervenir une journaliste de Time Magazine, Matilda (Christine Taylor) abasourdie par la bêtise de son sujet et par les réponses qu'il lui donne où le mannequin semble avoir un vocabulaire bien limité. Zoolander a une marque de fabrique, le regard « blue steel », qui s'avère être le même regard que le « tiger » ou « Ferrari ». Soit un regard de poisson mort et des lèvres en cul de poule. Zoolander prépare aussi son nouveau look, appelé « Magnum » et qu'il peaufine depuis 8 ou 9 ans.

En attendant la parution de l'article que Derek imagine élogieux, la cérémonie annuelle de la mode arrive. Derek Zoolander a été élu trois années de suite meilleur mannequin. Il brigue un quatrième trophée. C'est sans compter sur Hansel (Owen Wilson) aussi blond que Zoolander est brun, aussi hipster que son concurrent est metrosexuel, mais tout aussi stupide. Quand Lenny Kravitz (l'une des nombreuses stars qui jouent leur propre rôle, on y voit aussi Donald Trump et Winona Ryder) annonce que Hansel est vainqueur, Zoolander monte tout de même récupérer la récompense.

Il devient la risée de toute la profession et des médias. Il annonce à son manager, le sublimement vulgaire Maury Ballstein (Jerry Stiller, le propre père de Ben Stiller) qu'il abandonne sa carrière. Direction le sud du New Jersey où il retrouve sa famille. Son père (Jon Voigt) et ses frères (Vince Vaughn et Judah Friedlander) ont la même chevelure que Derek mais leur vie est bien différente. Il est la honte de la famille à la découverte d'un pub où il est une sirène. Zoolander devient comme eux mineur de fond, il va au fond de la mine avec style et se débarbouille de la suie avec du démaquillant.

L'échec de sa nouvelle vie est patent mais Zoolander rebondit vite et accepte l'invitation de Mugatu pour se nouvelle collection, Derelicte axée sur les détritus. Mugatu est génialement incarné par Will Ferrell avec toute la démesure que l'acteur peut proposer dans son jeu. Mugatu, c'est d'abord un visuel monstrueux. Des cheveux blancs en forme de M, des yeux vicieux qui annoncent son mépris pour son prochain, des tenues extravagantes qu'il porte avec une gaine. Sans Will Ferrell dont le comique réside aussi dans sa voix outrée, le film de Ben Stiller n'aurait pas la même force.

Tout le scénario tourne désormais autour du complot que fomente Mugatu avec l'aide de son assistant Todd (Nathan Lee Graham) son souffre-douleur et de Katinka (Milla Jovovich) son bras armé tout de cuir vêtu. Il lui font subir un lavage de cerveau dans une séquence psychédélique aussi hilarante qu'improbable où Mugatu déguisée en petite fille affirme, une sucette à la main, que le travail des enfants c'est génial. Zoolander est maintenant aux mains des ennemis du Premier ministre de Malaisie.

Conçu comme un polar parodique, Zoolander fait fi de toute vraisemblance. Matilda comprend vite la manipulation de Mugatu et Katinka grâce à des coupures de journaux. Quelle idiote cette Katinka de s'être laissée photographiée autour des mannequins qu'elle a flingué. L'enquête se poursuit avec un mannequin main (David Duchovny) qui explique au cimetière Saint-Adonis que toute cette histoire est un vaste complot. X-Files n'est pas très loin. Hansel se réconcilie avec Derek et acceptent de l'aider pour mettre fin à la tentative d'assassinat.

Quatre chansons scandent le film dans quatre séquences devenues des morceaux de bravoure. Wake me up before you go go de Wham! quand les colocataires de Derek font une bataille à la pompe à essence. Beat it de Michael Jackson lors du défi défilé où s'affronte Hansel et Derek sous l'arbitrage de David Bowie. Love to love you baby de Donna Summer lors de la partouze sous stupéfiant dans le loft de Hansel. Et évidemment Relax de Frankie goes to Hollywood lors du lavage de cerveau mais aussi pendant le défilé Derelicte où le sinistre DJ (Justin Theroux) actionne le plan diabolique de Mugatu. Pour faire une courte conclusion : un film génial.




















vendredi 4 septembre 2015

Le cinéma de Peter Bogdanovich, Partie 1 : Le vaudeville

Peter Bogdanovich en 1967
La sortie vidéo de Broadway therapy est l'occasion de revenir sur la filmographie et la carrière de Peter Bogdanovich. Ses films peuvent être classés en trois catégories, les films qui parlent du cinéma, ceux qui se déroulent dans le sud profond des USA et ceux qui sont des vaudevilles.

Le cinéma de Peter Bogdanovich, Partie 1 : Le vaudeville
Barbra Streisand et Ryan O'Neal dans On s'fait la valise, Docteur
On s'fait la valise, Docteur (What's up, Doc, 1972)
L'un des meilleurs films de Peter Bogdanovich est une screwball comedy, genre majeur des années 30 et 40. Le duo Ryan O'Neal Barbra Streisand fonctionne comme dans un film d'Howard Hawks. Elle survoltée et espiègle, lui amorphe et soumis, deux caractères opposés qui vont se cristalliser lors de leur rencontre dans un San Francisco qui sert de décor à une folle course-poursuite. Une valise au motif écossais sert de McGuffin. Un film hilarant qui va tellement vite qu'il faut le revoir pour tout voir. Et il faut aussi voir les fringues des personnages, sublimement kitsch. Ma note : 9/10

Duilio Del Prete, Cybill Shepherd, Burt Reynolds et Madeline Kahn dans Enfin l'amour
Enfin l'amour (At long last love, 1975)
Troisième collaboration entre Bogdanovich et Cybill Shepherd qui a comme partenaire Burt Reynolds. Comédie musicale basée sur les chansons de Cole Porter avec des costumes qui semblent sortis d'un Lubitsch avec Maurice Chevalier, Enfin l'amour est mal aimé mais le film a bien vieilli. On chante pendant tout le film, on se chamaille pour un rien car tous les personnages sont superficiels, les portes claquent mais toujours au bon moment. Bogdanovich est devenu un orfèvre du genre. John Hillerman, alias Higgins dans la série Magnum, est le chauffeur de Burt Reynolds. La classe. Ma note : 8/10

Ben Gazzara et Audrey Hepburn dans Et tout le monde riait
Et tout le monde riait (They all laughed, 1981)
Pour son avant-dernier rôle au cinéma (elle ne reviendra que 8 ans plus tard dans le médiocre Always), Audrey Hepburn ne rejoue pas ses personnages espiègles de Diamants sur canapé ou Drôle de frimousse. Elle est une femme qui cherche à égarer le détective engagé pour la suivre mais qui va tomber amoureux d'elle. Le duo qu'elle forme avec Ben Gazzara ne fonctionne pas très bien. Comme il se doit dans le vaudeville, beaucoup de portes qui claquent et de quiproquos. Ma note : 4/10

Bruits de coulisses (Noises off, 1992)
Bogdanovich assume totalement le côté théâtral puisque Bruits de coulisses est le récit d'une répétition d'une pièce de théâtre de boulevard puis se première représentation. Michael Caine incarne le metteur en scène qui sort avec sa vedette. Pendant les répétitions tout se passe mal, pendant la première tout se passe pire. Le film est un peu mécanique dans sa description d'une catastrophe annoncée mais on rit souvent autant qu'on est épuisé par l'abondance de portes qui claquent. Ma note : 5,5/10

Jennifer Aniston dans Broadway therapy
Broadway therapy (She's funny that way, 2014)
Après 11 ans d'absence, Bogdanovich retourne au cinéma poussé par ses fans, Noah Baumbach et Wes Anderson. On a comparé son film à ceux de Woody Allen, sans doute parce que Owen Wilson y traine la même léthargie que dans Midnight in Paris et qu'on y consulte des psychiatres. Film sur un metteur en scène de théâtre qui va se mettre à dos toutes les femmes qu'il rencontre, dans une série de quiproquos, de mensonges et de cachotteries. Le rire n'est pas très fort comme si le film n'était pas en accord avec son époque et qu'il n'assumait pas son côté ringard. On retrouve Cybill Shepherd dans un minuscule rôle, elle a bien changé. Le film rend hommage à La Folle ingénue d'Ernst Lubitsch. Ma note : 6/10