Ma
grand-mère disait : « heureusement que y a les riches,
sinon, qui donnerait aux pauvres ? ». Merci patron !
illustre cette question
frappée au coin du bons sens. François Ruffin, armé de sa caméra,
de sa carte de journaliste à Fakir et d'un t-shirt à l'effigie de
Bernard Arnault « I Love Bernard » part interroger des
hommes et des femmes virés par la patron de LVMH quand il a cherché
à optimiser ses profits (on se rappelle sa demande de nationalité
belge). François Ruffin arrive donc et se fait l'avocat du diable
(le diable étant Bernard) et sort ce genre de phrase à la déléguée
de la CGT qui revient à l'usine fermée depuis quatre ans. « Je
suis sûr que votre vie est meilleure maintenant, votre licenciement
vous a permis de rebondir, regardez maintenant vous êtes
ambulancière, vous aidez les gens ». Ça me fait penser à
cette sentence attribuée à Marie Antoinette, ils n'ont pas de pain,
qu'ils mangent de la brioche. Ils ont virés, qu'ils trouvent du
boulot.
Merci
patron ! n'est pas un film documentaire comme les autres,
certes, il ne convaincra que les convaincus du point de vue social,
oui, LVMH méprise ses salariés, ses petits actionnaires (faut être
sacrément con pour devenir petit porteur) et la presse. Ruffin va
questionner, avec la même ironie, des anciens employés de la
Samaritaine, puis se réjouit de la transformation de ce magasin
populaire en galerie commerciale de luxe et enfin se rend à
l'assemblée générale du groupe LVMH où il se fait virer comme un
vulgaire délégué syndical, lui qui ne cherchait qu'à dire tout le
bien qu'il pensait du génie de entrepreneuriat, ce sosie de Monsieur
Burns le tyran milliardaire des Simpsons. Cette première partie du
film est écrite avec un montage implacable et tournée avec un culot
monstre. C'est très bien de pouvoir rire sur un sujet aussi
difficile, c'est ainsi qu'il pourra convaincre grâce au cinéma.
L'idée
pour la deuxième partie est encore plus cinématographique. C'est
celle d'un suspense mené tambour battant. François Ruffin décide
d'aider un couple viré depuis quatre ans, M. et Mme Klur. Accent du
ch'nord à couper au couteau, salle à manger à la déco kitsch, le
grand fiston qui a causé un accrochage à un 4X4. Le tribunal
réclame 25000 euros de dette et Ruffin va demander à son Bernard
d'amour d'aider le couple à remonter la pente. Tout cela se fait
dans la joie et la bonne humeur, mais aussi avec une certaine crainte
quand tout doit se négocier avec le même gars qui a viré Ruffin de
l'assemblée générale. On est très loin du cinéma putassier de
Michael Moore qui emmenait les victimes de Columbine pleurer devant
les pontes de la NRA, histoire d'avoir des larmes en gros plans.
Merci patron ! fait l'inverse, ce sont les sbires de
Bernard Arnault qui viennent supplier les Klur de prendre l'oseille
et de rien dire, l'éternelle histoire du chêne et du roseau, de
beep-beep et le coyote, dans le film le plus revigorant de l'hiver.
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