Joker
(Todd Phillips, 2019)
En
1989 le nom de Jack Nicholson apparaissait dans le générique de
Batman
de Tim Burton avant celui de Michael Keaton. Certes, Nicholson était
plus connu et bankable mais c'est surtout que ce Joker est plus
mystérieux. En 30 ans, on en a une quelques Batman différents et un
peu moins de Joker, mais aujourd'hui jouer Joker est plus valorisant
pour l'acteur. Pour moi, c'est surtout devoir supporter du cabotinage
souvent pénible. Avec Joaquin Phoenix la critique peut s'amuser à
cataloguer ses divers rires, ses variations infimes sur ses
déhanchements et danses, ses regards obsessifs. Moi je ne vois pas
seulement. Je vois surtout l'influence de la télé en premier lieu
une ambiance compréhensible par tous c'est-à-dire conformiste qui
rappelle celle de la série Teen Wolf (ah ces longs couloirs dans les
hôpitaux, ces lumières marronnasses, ces visions sinistres). Je ne
vois l'influence de Martin Scorsese que dans l'hommage (les seuls
moments réussis) à La Valse
des pantins. Robert De Niro
est sobre (presque), l'inverse de Joaquin Phoenix. Pour l'instant, le seul bon film de Todd Phillips reste Retour à la fac. Allez hop,
rendez-vous aux Oscars.
Gemini
man (Ang Lee, 2019)
C'est
une punition pour tout le monde ce film et d'abord pour Ang Lee. Il
est puni pour avoir essuyé un bide monumental avec Un
jour dans la vie de Billy Lynn,
bon film que presque personne n'a vu. Le public est puni parce que
franchement Will Smith se prend encore pour Tom Cruise, il essaye
depuis des années (depuis cet atroce nanar fait avec son fils pour
M. Night Shyamalan) de devenir le nouveau casse-cou de Hollywood, à
la remorque de Tom Cruise. Mais surtout le film dans ses effets
spéciaux, faire rajeunir Will Smith de 25 ans, est terrifiant de
laideur. Certes, le film est nulle part projeter dans son bon format
mais quand même. J'ai entendu l'autre jour quelqu'un ironiser sur
ces effets spéciaux en comparant Gemini
man à Chambre
212 où le choix de deux
acteurs règle tant d'argent dépensé. Allez hop, rendez-vous au
Razzies.
Au
nom de la terre (Edouard Bergeon, 2019)
Je
ne comptais pas aller voir ce film parce qu'après voir Guillaume
Canet avec une calvitie et en agriculteur, ça me branche pas trop.
Cela dit après Rock 'n roll où il s'infligeait de la chirurgie
esthétique à outrance (comprendre à la Bogdanov), Canet semble
vouloir enfin faire des rôles physique. Bref, je voulais pas y aller
mais un million de spectateurs me font m'interroger. Pourquoi
vont-ils voir ça ? C'est un peu comme les mariages où on sait
qu'on va devoir écouter les blagues de fin de banquet de l'oncle
bourré, on ne peut pas y échapper. Me voilà donc devant Guillaume
Canet et les autres acteurs au milieu d'une ferme. Pardon d'une
exploitation agricole en pays de Loire, là où un syndicat agricole
ne soutient que ceux qui acceptent de s'endetter pour pratiquer
l'agriculture industrielle. Le film a un peu du mal à dénoncer ce
système capitaliste où les vautours ont le pouvoir mais tout le
casting parvient à me convaincre. Le film se regarde comme une saga
estivale, une mini-série qui aurait gagné à être mieux développée
si elle était passée sur M6 en début de soirée. Le monde paysan
est à la mode partout mais il est vu comme une contrée exotique, en
ce sens Au nom de la terre est l'anti Petit paysan mais les deux
films vont dans le même sens, la dépression quand les bêtes
meurent. Comme Swann Arlaud, Guillaume Canet mais surtout Anthony
Bajon, traient les bêtes comme dans un documentaire. Allez hop,
rendez-vous aux Césars.