La
première heure de Room
est réussie. Lenny Abrahamson parvient à dilater l'espace-temps en
faisant de l'enfant dont on entend la petite voix son narrateur.
« Bonjour chaise N°1, bonjour table, bonjour chaise N°2 »,
l'enfant énumère les objets qui se trouvent autour de lui, on
découvre cette pièce qui semble comme toutes les chambres d'enfant,
dessins au mur, petit lit. Pour un enfant de cinq ans, la pièce est
spacieuse. L'enfant se prépare pour le petit déjeuner avec sa
maman. Les prénoms ne sont pas employés. L'enfant a de très longs
cheveux comme sa mère et se trimbale dans la pièce en
sous-vêtements, plus commode pour faire quelques étirements en
poussant la table et en roulant le tapis.
Si
le spectateur ne sait pas de quoi il retourne dans Room,
la découverte que cet enfant que sa mère appelle Jack (Jacob
Tremblay) est un garçon provoque une petite surprise. La deuxième
surprise arrive quand on découvre que cette mère (Brie Larson,
Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle), appelée par son fils
« Ma » est prisonnière d'un homme depuis des années. Ce
jour-là, Jack a son anniversaire avec un gateau. Il ignore ce qu'est
la notion du temps, il est né en captivité, et une semaine, une
année ou une heure, c'est la même chose quand chaque jour, les
mêmes gestes et actions sont répétés et qu'aucune contrainte de
temps ne vient empêcher l'accomplissement de ces gestes et actions.
Room
est un curieux mélange entre Le
Sous-sol de la peur de
Wes Craven et Première
sortie de Hugh Wilson, un film
oublié de 1998 où Brendan Fraser découvrait le monde après avoir
vécu toute sa vie dans un abri anti-atomique. Le monde que la maman
a patiemment créé pour Jack, cette cosmogonie minuscule destinée à
éviter que le fils ne soit confronté à Old Nick (Sean Bridgers),
l'ogre qui les retient prisonniers et qui, comme dans tous les vrais
contes, est cruel. Quand le bourreau débarque, Jack doit se cacher
dans le placard et ne voit de cet homme que des ombres à travers les
entre-bâillements de la porte.
Ce
monde s'écroule quand Jack parvient à s'échapper de la cabane. Ce
que sa mère appelle le dehors « the world » dans les
dialogues anglais, n'existait jusque là que grâce à la télévision
sans cesse allumée et un carré de ciel bleu visible du velux. Las,
le film ne tient pas les promesses de la première heure. Lenny
Abrahamson utilise des effets visuels superflus : ralentis,
flous, musique, tout dramatise à outrance la nouvelle vie de Jack et
sa mère. Mention spéciale de cabotinage à William H. Macy dans le
rôle du grand-père inapte à regarder Jack dans les yeux. Le
cinéaste se force à rester pudique, comme il l'était dans la
cabane, mais cela apparaît cette fois contre-productif.
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