26 minutes sur le conflit en
ex-Yougoslavie par la voix d'un soldat engagé dans la FORPRONU.
François Crémieux est un casque bleu, parti 6 mois en 1994 à
Bihać, une enclave au fin fond de la
Bosnie-Herzégovine, lieu d'un siège qui dura trois ans. Le soldat a
beaucoup à raconter, il a plein de choses à dire, Chris Marker est
allé l'écouter, il en est remercié par François Crémieux qui dit
qu'assez vite ses amis et sa famille n'en pouvait plus d'écouter
tout ce qu'il s'est passé là-bas, il est content d'avoir pu être
entendu pendant une heure. Casque bleu est le résultat de
cette rencontre. Le témoin est filmé en très gros plan, dans une
image décolorée, presque noir et blanc. Régulièrement, le
témoignage est coupé par un carton noir avec un mot en blanc, qui
agit comme une question, sans doute le résumé de celles de Chris
Marker. Tout aussi régulièrement, une photo en noir et blanc avec
des habitants de Bihać, photo tirée d'une
pellicule. On ne sait pas qui est l'auteur de ces photos,
probablement François Crémieux.
Et
que dit-il cet homme, cet ancien casque bleu ? Il parle de
manière très posée de cette aventure où jamais il n'a vécu aucun
fait de guerre héroïques. Certes, il a eu peur face à des
mercenaires ou des soldats, certes il a vu des morts, les premiers
cadavres de sa vie. Mais, il raconte surtout l'ennui et la déception
vécus pendant six mois. Le jeune soldat s'était engagé pour aller
en Bosnie, parce que la paye était meilleure, mais aussi parce qu'il
était persuadé de son engagement humanitaire, avec le soutien de
l'ONU. Assez vite, il comprend qu'il ne fera rien, qu'il est
uniquement là-bas pour la galerie. La barrière du langage ne permet
pas de communiquer avec les habitants. Ses camarades soldats ne sont
pas bien malins. Ses supérieurs voient d'une manière simpliste et
raciste le conflit. Au fur et à mesure que François Crémieux narre
son abattement et son incapacité à agir, il devient plus touchant.
Il ne se lamente absolument pas sur son sort, d'autres personnes
étaient plus à plaindre. La limpidité et la simplicité de Casque
bleu balayent tous les clichés sur la guerre en Bosnie.
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