Le
juge Bonifazi (Ugo Tognazzi) rend la justice au nom du peuple
italien. Un immeuble sans permis de construire : une amende et
de la prison pour le promoteur et destruction à l'explosif de
l'immeuble. Bonifazi ne transige pas, il regarde l'air impassible le
bras droit de la justice agir. Affaire suivante ! En
l'attendant, le petit juge célibataire, qui se déplace en mobylette
et qui n'aime pas le foot, à peine un Italien donc, part à la
pêche. Pas de chance pour lui, il se rend compte qu'une usine
déverse ses eaux non traitées dans la rivière, les poissons
flottent, tous crevés.
L'affaire
suivante tourne autour de la mort d'une jeune femme prénommée
Silvana. Le médecin légiste, très sûr de lui, voulant faire
ravaler sa morgue au petit juge (« tu n'y connais rien »)
affirme qu'elle a reçu des coups et qu'elle a été assassinée.
Bonifazi convoque les parents qui délivre un nom. Mais ce nom fait
trembler les murs du palais de justice, au sens propre comme au sens
figuré. Ce nom est celui du promoteur du nouveau palais de justice
qui menace de s'effondrer et c'est un ami du ministre de la justice.
L'ingénieur
Lorenzo Santenocito (Vittorio Gassman) est l'Italien pur sucre.
Hâbleur, se déplaçant à toute vitesse dans une voiture sportive
et infidèle à sa pauvre épouse Lavinia (Yvonne Furneaux). Lorenzo
est un industriel qui veut faire des affaires sans trop se soucier
des lois, règlements et contraintes. Il a le soutien des politiques
comme de ses pairs, ce qui lui permet de ne pas être inquiété
quand une forêt est détruite dans un incendie pile là où il
voulait un centre commercial, pour le bien du plus grand nombre,
évidemment.
Le
petit juge taiseux ne veut pas l'épingler pour sa roublardise, sa
richesse et son priapisme, enfin pas seulement. Il lui en veut
secrètement d'avoir détruit son petit coin de pèche. Et l'homme va
payer, à grands coups d'humiliation publique. Arrestation lors d'une
soirée déguisé, Lorenzo est en empereur romain, histoire d'appuyer
sur la décadence que subit la société italienne dans ce débuts
des années 1970. Interrogatoires où l'industriel crie au complot et
clame son innocence dans le meurtre de cette jeune femme.
Ugo
Tognazzi et Vittorio Gassman étaient tous les deux des monstres de
la comédie italienne. Ils ne s'étaient plus croisés dans un film
depuis La Marche sur Rome
en 1962, et accessoirement dans Les
Monstres, du même Dino Risi.
Leur confrontation dans Au nom
du peuple italien produit un
effet dialectique qui pose la question suivante : qui est le
plus sympathique aux yeux du spectateur ? Le baratineur qui
escroque son monde ou le justicier donneur de leçons ? Depuis
longtemps, l'Italie a choisi Guignol plutôt que le Gendarme, comme
partout ailleurs.
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