C'est
toujours un peu émouvant de regarder un film qui a plus de cent ans
d'âge. In the land of the head hunters était sorti au cinéma
en novembre 2013, il existe désormais en DVD avec deux versions
musicales, je recommande la partition créée en 1914 par John Braham
plutôt que celle de Rodolphe Burger. On peut même couper le son. Le
film a subi une restauration importante à partir des uniques deux
copies restantes. Les intertitres ont tous été recréés, des
scènes manquantes ont été remplacées par des photogrammes
immobiles.
Edward
S. Curtis, photographe américain natif de Seattle réalise son
premier film en allant filmer dans l'état de Colombie Britannique
(ouest du Canada) les Indiens Kwakwaka'wakw. Il décide de filmer
leur traditions ancestrales qui consistent dans le film à des
guerres perpétuelles et sanglantes. Comme le titre du film l'indique
bien, tout se solde par la décapitation au couteau des ennemis. Le
têtes sont présentées en trophée par les vainqueurs (le sorcier
particulièrement belliqueux les secoue dans son canoë, voir l'image
ci-dessous).
Ce
qui intéresse d'abord dans In the land of the head hunters,
c'est cette matière documentée sur cette tribu. Les tenues, les
parures, les bijoux que portent les Indiens, notamment ces anneaux au
nez. Les totems et l'architecture, cette maison avec une porte en
forme de bec. Ce sont ensuite les danses, celle de la jeune Naida
devant le sorcier pour demander sa clémence, celle du sorcier avant
de partir attaquer, celle des Indiens déguisés en animaux, ours,
guêpe, chèvre, aigle postés à l'avant des canoës pour effrayer
les clans adverses.
Derrière
ces scènes teintées, un scénario aux forts accents mélo a été
esquissé. Une histoire d'amour contrarié entre Motana, le fils du
chef du village, et Naida, promise à un autre. Cet amour déclenche
la jalousie du sorcier qui décide de la capturer. Une violente
guerre oppose les clans. Le film, interprété uniquement par des
Kwakwaka'wakw (aucun canadien européen), repose sur un schéma
basique compréhensible que par les intertitres qui cadrent l'action.
On découvre, lors d'une bataille sur l'eau, la première séquence
caméra portée à l'épaule de l'histoire du cinéma.
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