De
temps en temps, je vérifie, Moulin Rouge est encore l'un de
mes pêchés mignons, comme Mamma mia et Hairspray. Je
vérifie pas souvent, depuis 2001, tous les 5 ou 6 ans, c'est bien
suffisant. C'est que Moulin Rouge, comme les deux autres
sucreries, sont franchement copieux, limite sujet à l'indigestion.
Mais une fois que le marathon gargantuesque d'images saturées est
lancé, je fais comme Ewan McGregor, son verre d'absinthe avalé, je
plonge tête la première.
The
hills are alive with the sound of music chante la fée verte en
voletant. Je me suis toujours trouvé enchanté d'entendre le thème
principal de La Mélodie du bonheur, alors que je n'ai jamais
vu La Mélodie du bonheur, je comblerai cette lacune un jour,
surtout chanté par Kylie Minogue dans cet unique rôle au cinéma.
C'est en deux minutes toute la dinguerie de Bazz Luhrman résumée,
des choses venues des quatre coins du monde amalgamées en comédie
musicale.
Le
Paris 1900 de Moulin Rouge a été tourné en Australie. Aucun souci
d'académisme là-dedans, c'est du spectacle spectaculaire. Le logo
de la 20th Century Fox est habillé pour l'occasion, une
annonce du spectacle total et impur qui va être déclamé pendant
deux heures. Il s'agit de faire mentir deux des quatre éléments de
la devise personnelle de Toulouse-Lautrec (John Leguizamo) et Satie
(Matthew Wittet) : truth et beauty, la vérité et la beauté.
Les
deux autres mots de la devise du film sont freedom et love (la devise
est déclamés sur la chanson de T-Rex, Children of the revolution).
La comédie musicale est composée de reprises de chansons connues,
surtout de la pop, Elton John, Queen, Phil Collins, The Police. Mon
smashup préféré est Roxane chanté en tango par la voix grave et
rauque de l'Argentin (Jacek Koman) en écho avec la voix haut perchée
de Ewan McGregor.
Rien
n'est vrai dans Moulin Rouge, le règne du factice fait se
mêler deux chansons disparates pour n'en faire qu'une. Lors de la
première apparition de Satine (Nicole Kidman), après sa descente
des cieux sous une pluie d'étoiles scintillantes, elle chantera
Diamonds are a girl's best friend avec un refrain de Material Girl de
Madonna. Si ça marche, ça marche. Et ça marche, ça danse, ça
sautille, ça virevolte dans le cabaret de Zidler (Jim Broadbent).
Juste
avant l'arrivée de sa vedette, Zidler chantait Lady Marmalade, le
morceau le plus vulgaire des années 1970, la partition des danseuses
du Moulin Rouge qui soulèvent leur fanfreluche, en duo avec les
messieurs du public endimanchés dans leur costumes queue de pie et
chapeau claque, eux entonnent Smell like teen spirit de Nirvana. La
frénésie de ce montage est ce qui me plaît le plus dans les danses
et les chansons du film.
Il
faut en vouloir de cette beauté flamboyante et ultra colorée,
presque agressive. Cette beauté vantée par Toulouse-Lautrec, c'est
la transgression de tous les canons. Elle vise à fustiger la
conception du Duc (Richard Roxburgh), crétin aristocrate persuadé
que l'argent est beau. Il veut acheter Satine à Zidler et détruire
la pièce, ô combien kitsch, que Christian a écrit pour elle,
l'histoire d'une courtisane et d'un maharadja.
Elle
est amoureuse du musicien pauvre. Bon, je ne vais pas m'attarder sur
la mise en abyme, double et triple que produit le film, elle est
classique de la comédie musicale. En revanche, le spectacle conçu
par Christian, Toulouse-Lautrec et Satie est encore plus kitsch,
rempli de danseurs, de chanteurs, de décors que dans leur vraie vie.
Dans certains pays de cinéma, dont Bollywood, plus on en voit sur
l'écran, meilleur est le film.
Il
paraît qu'il y a un scénario dans Moulin Rouge. La belle
affaire, il est fin comme du papier à cigarette. Une histoire
d'amour cucul la praline contrariée par l'argent et la maladie dont
personne ne se soucie. Ce qui compte pour Baz Luhrmann c'est la
démence du rythme, évidemment dès les premiers plans de cet énorme
pastiche, on peut être rétif à ce rythme, à ces patchworks de
chansons ou pire on peut s'attendre à suivre une histoire et
franchement, c'est pas très grave.
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