Sélectionné
au Festival de Cannes 1951 et récipiendaire de la Palme d'or du
court-métrage, Miroir de Hollande filme les clichés sur les
Pays-Bas en les filmant au fil de l'eau. Ce qui donne tout de suite à
l'image des canaux et des rivières au débit doux et tranquille et
sur la digue un moulin. Mais tout est à l'envers puisque Bert
Haanstra filme l'eau comme un miroir. Un jeune garçon renverse son
regard et la caméra se renverse en réponse, les clichés sont
inversés et l'image est à l'endroit.
L'absence
de commentaire est une nouveauté tant les documentaires d'après
guerre – ou les films non fictionnels – étaient bavards, voire
verbeux. En revanche, la musique créée pour l'occasion dialogue
avec les images. C'est probablement ce qui a marqué le Jury cannois
tout autant que le dérèglement de l'image quand tout est à
l'endroit. Car entre ce que filme le cinéaste hollandais et le
spectateur voit, des éléments viennent faire écran, viennent se
poser pour modifier ces clichés et donner un nouveau sens.
On
découvre des anamorphoses créées par les vagues de l'eau, par ses
mouvements naturels, des déformations des arbres, des barques, des
quelques personnes qui se trouvent là. Les nénuphars pourtant
immobiles sur l'eau semblent dans ce processus inversé traverser le
ciel comme des soucoupes volantes (oui, j'ai pensé au finale de 2001
l'odyssée de l'espace). Du très concret, le film file vers
l'abstraction, lignes molles, courbes inachevées pas très éloignée
du cinéma surréaliste.
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