Quand
j'étais jeune, mes parents m'avaient emmené voir à Dieulefit, dans
le sud de la Drôme, ce village est spécialisé dans la poterie
artisanale et dans la soufflerie de verre. En regardant les 11
minutes de Glas de Bert Haanstra, je me suis rappelé
l'émerveillement de voir ces hommes souffler comme des malades, mais
avec une facilité apparente, dans de longs tubes au bout desquels se
trouvaient des boules en fusion. Dans ce film, où le cinéaste passe
d'un gros plan de visage qui souffle à un plan où le résultat se
fait voir est toujours impressionnant.
Filmer
le geste précis de ces vieux gars au teint buriné par la chaleur,
ce qui ne les empêche pas de fumer des clopes ou la pipe au travail,
s'accompagne de jazz avec une prédilection pour le sautillement du
xylophone. C'est étonnant cet instrument de musique qui était tant
à la mode dans le cinéma à la fin des années 1950 et au début
des années 1960, je l'associe immédiatement à la Nouvelle vague.
Ce que n'est pas Glas sauf si on considère que le montage des
attractions est en action dans le film.
Face
au geste précis, il oppose la mécanique stupide enrobée dans une
musique électronique répétitive. Quand la mécanique se brise, ici
une bouteille mal fabriquée, tout se casse, tout tombe par terre et
le disque est rayé. Seul un homme peut remettre la machine en place.
Alors le film invente le mélange de la première partie (la beauté
des verres, des vases, des plats) et de la deuxième partie (la
mécanique de l'usine). Pour cet entrain qui s'accélère dans sa
dernière minute en allant vers l'abstraction pure, Glas a
reçu un oscar en 1958.
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