Escale
dans le village de Lagerwiede dans la Hollande profonde avec son
particularisme, à la place des rues, ce sont des rivières, des
canaux, des marais qui lient les habitants. Les touristes viennent
nombreux visiter cette Venise néerlandaise et prendre une collation
dans les deux bras restaurants, celui de Krijins (Bernard Droog) où
l'on s'y rend en barque avant d'emprunter une digue étroite et celui
de Geursen (Hans Kaart) sur la terre ferme dans le centre du village.
Adversaires
en affaires, les deux hommes font partie de la fanfare du village
dont la devise, inscrite sur le fanion, est « Art et amitié ».
C'est dans le restaurant de Geursen que les répétitions se
déroulent sous la baguette de Valentijn (Henk Van Buuren) qui
s'arrache un peu les cheveux d'entendre cette troupe composée
essentiellement de vieux paysans et d'enfants. Et quand Krijins fait
une fausse note pendant son solo, Geursen ne peut pas s'empêcher de
rire aux éclats.
Ce
bon gros Geursen avec sa bonne bedaine, sa grosse moustache et ses
sabots (car les paysans de Fanfare portent des sabots) est le
père de Marije (Ineke Brinkman) qui sert les clients du café. Elle
est amoureuse du policier Douwe (Wim Van den Heuvel), un grand gigue
avec une bonne tête d'ahuri. Seulement voilà, la maison du futur
couple est un bateau que doit leur louer Krijns. Il faut donc calmer
les deux bougres pour retrouver la tranquillité du patelin.
Les
disputes sont dignes de celles entre Don Camillo et Peppone, Fanfare
travaille ces querelles avec tendresse et gentillesse : personne
n'est vraiment colérique, aucun ne déteste l'autre, seules Lies
(Andrea Domburge) la sœur de Krijns est jalouse de Marije, elle est
un peu garce et envenime les tensions. Mais en attendant, c'est un
village divisé en deux ce qui navre le maire (Johan Valk) qui se
réjouissait de voir la fanfare participer à un concours.
Deux
camps se mettent en place, deux orchestres et deux chefs d'orchestre.
Celui de Krijins viendra de la ville, un petit snob (Albert Mol)qui
doit faire répéter ses cancres dans tous les lieux possibles (une
grange pleine de poules, sur les barques au milieu des marais),
autant de situations improbables et incongrues. D'autant que l'équipe
de Geursen fait la chasse à celle de Krijns, comme une
course-poursuite au rythme de l'eau.
Krijns
et Geursen jouent dans la fanfare des instruments à vent, mais l'un
des personnages centraux est Koendering (Herbert Joeks) le timide
joueur de triangle. Il n'a que trois coups de triangle à donner.
Quand tout va bien, personne ne fait attention à lui, mais il
devient l'élément qui peur décider quelle troupe sera la fanfare
officielle. Il devient soudain l'homme le plus important du village
recevant la visite des « chefs » avec moultes cadeaux.
L'humour
repose sur cette devise « art et amitié » déchirée par
les deux fanfares concurrentes, chacun volant le fanion puis les
instruments à l'autre. Ce pauvre policier essaie de temporiser cette
escalade de disputes sous le regard rigolard des canards que le
cinéaste néerlandais filme dans les eux des canaux pour lancer un
nouveau chapitre de cette fable qui a longtemps été le plus gros
succès au box-office des Pays-Bas avant d'être détrôné par
Turkish delight en 1973.
Je
n'avais jamais entendu parler de ce film ni de ce cinéaste. Je
cherchais des films à voir, surtout pour varier les genres, pays et
époques. Je suis retombé sur des DVD produits par le magazine Bref
(je les ai depuis 2008-2009 quand je travaillais au Festival du
court-métrage de Grenoble), sur l'un d'eux il y a Miroir de
Hollande (1950, Palme d'or Cannes 1951) et j'ai voulu savoir qui
était ce Bert Haanstra. Demain, je regarde trois de ses
court-métrages.
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