mercredi 1 avril 2020

Charlot veut se marier (Charles Chaplin, 1915)

L'usurpation d'identité est souvent un bon moyen de créer des quiproquos ou de partir à la rescousse d'une demoiselle éplorée. Ainsi Edna (Edna Purviance) est triste parce que son père veut absolument la marier à un comte au nom bien évidemment ridicule Chloride de Lime, ce qui se traduit par Chlorure de Chaux. Mariée de force, pas question. Dans une ouverture en iris, Charlot est sous son balcon, tenant une fleur, prêt à rendre service à Edna.

Qu'à cela ne tienne, Charlot vient comme il est chez Edna, il est accueilli par les deux employés, l'un à l'allure loufoque, un grand maladroit qui fera tomber les assiettes, l'autre à l'ait très solennel, très laquais de petit marquis. Le père d'Edna, grand snob s'il en est, ne voit que le titre derrière l'homme qui se présente pourtant dans une tenue très peu convenable. On le constatera quand le vrai comte arrivera et découvrira l'usurpation.

Mais en attendant, le faux comte est convié à un délicieux repas. La longue séquence au milieu de Charlot veut se marier est le morceau de bravoure. Charlot joue au snob intégral. Rechignant à chaque plat, aucun ne semble à son goût. Le steak est dur comme une semelle, le café est trop chaud, avec le pain il fait une sculpture. La caméra est immobile mais c'est un ballet qui s'opère autour de cette table avec les entrées et sorties des deux employés.


Avec l'arrivée du vrai comte, le film sort dans un parc et Charles Chaplin s'emploie à produire une variation des films Keystone. Parce qu'il est désormais à la Essanay, il modernise les scènes de parc (avec deux flics particulièrement idiots), une course de voitures en longs travellings (Charlot ne regarde pas la route, mieux il semble s'adresser au spectateur) et un plongeon dans l'eau – c'est ainsi que se finissaient ses Keystone – mais ce sont les voitures qui plongent.















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