L'usurpation
d'identité est souvent un bon moyen de créer des quiproquos ou de
partir à la rescousse d'une demoiselle éplorée. Ainsi Edna (Edna
Purviance) est triste parce que son père veut absolument la marier à
un comte au nom bien évidemment ridicule Chloride de Lime, ce qui se
traduit par Chlorure de Chaux. Mariée de force, pas question. Dans
une ouverture en iris, Charlot est sous son balcon, tenant une fleur,
prêt à rendre service à Edna.
Qu'à
cela ne tienne, Charlot vient comme il est chez Edna, il est
accueilli par les deux employés, l'un à l'allure loufoque, un grand
maladroit qui fera tomber les assiettes, l'autre à l'ait très
solennel, très laquais de petit marquis. Le père d'Edna, grand snob
s'il en est, ne voit que le titre derrière l'homme qui se présente
pourtant dans une tenue très peu convenable. On le constatera quand
le vrai comte arrivera et découvrira l'usurpation.
Mais
en attendant, le faux comte est convié à un délicieux repas. La
longue séquence au milieu de Charlot veut se marier est le morceau
de bravoure. Charlot joue au snob intégral. Rechignant à chaque
plat, aucun ne semble à son goût. Le steak est dur comme une
semelle, le café est trop chaud, avec le pain il fait une sculpture.
La caméra est immobile mais c'est un ballet qui s'opère autour de
cette table avec les entrées et sorties des deux employés.
Avec
l'arrivée du vrai comte, le film sort dans un parc et Charles
Chaplin s'emploie à produire une variation des films Keystone. Parce
qu'il est désormais à la Essanay, il modernise les scènes de parc
(avec deux flics particulièrement idiots), une course de voitures en
longs travellings (Charlot ne regarde pas la route, mieux il semble
s'adresser au spectateur) et un plongeon dans l'eau – c'est ainsi
que se finissaient ses Keystone – mais ce sont les voitures qui
plongent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire