Depuis
30 ans que je regarde des films de Godard, je m'étais fait à l'idée
qu'il n'avait jamais tourné de films d'époque et en costumes.
Certes dans Week-end on voit Jean-Pierre Léaud en Saint-Just,
mais c'est une stricte licence poétique. Voilà donc ce
court-métrage Le Dernier mot (ou Le Français entendu par)
qui se passe au bord d'un lac (le Léman, mais rive Haute-Savoie) au
milieu de la seconde guerre mondiale, le 27 juillet 1942 précisément,
avec des nazis et un résistant qui sera fusillé à la toute fin.
Finalement,
ce n'est pas si simple. Ce court-métrage produit par Daniel Toscan
du Plantier en 1988 pour les 10 ans du Figaro Madame (pour la
télévision, une sorte de série) se déroule aussi en 1988. deux
époques se chevauchent et se croisent sur un même lieu. C'est le
fils de ce résistant qui raconte et refait le parcours de son défunt
père. Il le reproduit à l'identique dans une variation de remake.
Le résistant est joué par André Marcon et ses derniers mots devant
ses bourreaux furent « Imbéciles, c'est pour vous que je
meurs ».
Variation
de remake parce que la voix du texte entendu décrit ce que fait le
fils, comme une lecture du scénario. Dans son parcours il est
accompagné d'un violoniste. A vrai dire, le film paraît comme un
tour de chauffe pour Nouvelle vague. En 13 minutes, il mélange les
voix (le texte et une femme alliée des nazis), les sons (les
klaxons, la voiture) et la musique. C'est la cacophonie de l'époque
qui est reproduite, c'est une méthode inédite qui inscrit la
violence dans la bande son, tout est ici poussé dans ses
retranchements.
On
trouve une pointe d'ironie dans le traitement des nazis. De moquerie
pour dire vrai dans leur manière de mettre sur un même niveau le
pique-nique qui s'organise ce jour-là et l'assassinat du résistant.
Godard les ridiculise. Tout le contraire avec les victimes des nazis.
D'autant que, chose plus rare chez le cinéaste, l'émotion est
présente quand le sort du résistant français approche, d'autant
plus poignant qu'il est annoncé dans le texte. Le lien entre les
deux époques se produit par un fondu enchaîné entre le père et le
fils.
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