La
musique yéyé c'est l'enfer disait en substance Luis Bunuel à la
fin de son chef d’œuvre Simon du désert, exact
contemporain de Ne nous fâchons pas. Cette musique yéyé est
celle de cette bande de « British » comme le dit Jeff
(Michel Constantin) ancien truand reconverti dans la restauration de
loisirs sur la Rivier, à son vieil ami des mauvais coups Antoine
Beretto (Lion Ventura). C'était également un malfrat, un peu
soupe-au-lai comme le montre le prologue, il a ouvert un commerce de
bateaux, ça servira pour une scène.
Georges
Lautner a beau le nier dans le commentaire audio du film, mais c'est
difficile de ne pas voir cette bande de jeune Anglais habillé mods,
jouant de la musique dans l'immense jardin de la maison de bord de
mer, se déplaçant en mobylette, une variation sur l'éducation
anglaise, cette vingtaine de jeunes gens sont les choses du boss –
le colonel McLean (Tommy Duggan), ses mignons qu'il récompense d'une
caresse dans leurs cheveux longs, d'un petit sourire ou les punit.
Imaginer cette sexualité latente ajoute au petit plaisir du film.
Le
but du jeu est de confronter les deux machos, bavards impénitents, à
ces jeunes garçons qui ne diront pas un mot de tout le film – tout
juste se font-ils des messes basses. Jeff et Antoine bien calés dans
leur confort de nouveaux commerçants vont être délogés à grands
coups d'explosifs et filer à l'anglaise pour sauver leur peau. Le
film ne consiste à ça et à rien d'autre, éliminer ces chevelus
qui de toute façon n'existe pas en tant que personnages. Ce qui
conduit dans les dernières à du burlesque explosif qui ressemble
bien plus à du Bugs Bunny qu'à du Michel Audiard.
Au
milieu de tout cela, comme un lien impur et dégénéré voici
Léonard Michalon (Jean Lefebvre). C'est étonnant quand même que
cet acteur n'ait jamais été bon que chez Lautner, ici dans un
personnage de lâche, hypocrite, menteur, pitoyable vantard, tout ce
qu'on peut détester. L'acteur en fait quelque chose de bien plus
vivant (donc drôle) que son personnage de frère de Bernard Blier
dans Les Tontons flingueurs. Seul Jean Lefebvre semble avoir compris
dans quel film il joue, il joue sa lâcheté en fanfaronnant, il
provoque les catastrophes (tout ce qui arrive est de sa faute) en
accusant Antoine Beretto.
Mireille
Darc n'arrive qu'au bout d'une heure de film, elle est Eglantine
Michalon l'épouse de Léonard. Elle a compris au bout de trois jours
de mariage à qui elle avait affaire. Là encore, elle joue les
ingénues devant Lino Ventura et se transforme en marâtre devant son
époux qui fait semblant de ne pas comprendre « elle m'adore »
disait-t-il à Beretto avant qu'ils ne la rejoignent dans son ranch
dans l'arrière pays. Alors pour résumé, le film (le premier en
couleurs, souvent très vives, de Georges Lautner) file vers un
humour qui fonctionne quand il assume sa part impure, quand il fait
des cascades, quand il suit son léger scénario, il est terriblement
ennuyeux.
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