Des
policiers en uniforme noir tirent sur des terroristes en survêtement
jaune dans une forêt. Ça tire de tous les côtés, ça donne des
coups de tatane, ça chute et ça tombe. Parmi les jaunes, Dah
(Jackie Chan) qui réussit à tous les éliminer. Enfin presque, le
chef des policiers en noir (Lam Chi-ying) au sourcils proéminents
parvient à maîtriser Dah. Il semble vaincu mais le chef range son
revolver. C'était un entraînement.
Tout
était faux mais l'action est sur l'écran, comme d'habitude
chorégraphiée et mise en scène par Sammo Hung pour une bonne
vingtaine d'acteurs. Sammo Hung sa spécialité, c'est de filmer les
corps qui tombent. Si j'osais, je dirais que dans First mission plus
que dans ses autres films, il utilise la position de la caméra à la
Ozu, à ras de tatamis (ici à ras du sol) pour encore mieux
enregistrer sur pellicule les chutes de ses acteurs.
Dans
cette première séquence comme dans la dernière on retrouve cette
caméra placée au sol. Comme toujours, la séquence finale est le
morceau de bravoure, celle où Jackie Chan en finit avec tous les
méchants qui n'ont cessé pendant tout le récit de défier la loi,
celle de la colonie mais aussi la loi morale de son personnage de
grand frère, Sammo Hung joue Dodo son frère (plus âgé que Dah
dans l'histoire) attardé mental, comme il le dira dans un dialogue.
Dodo
se comporte comme un enfant. Il est incapable de prendre soin de
lui-même seul. Il traîne toute la journée avec les gamins du
quartier qui en profite parfois. L’un d’eux le fait passer pour
son père auprès du directeur de l’école mais Dodo répète la
phrase qu’il a apprise par cœur et joue avec une figurine de
Superman devant lui. Ou encore quand les gamins l’amènent au
glacier et qu’ils n’ont pas assez d’argent pour payer.
Sammo
Hung joue à la perfection les crétins abyssaux et n’hésite
jamais à se ridiculiser lui-même : Habillé avec une salopette
et coiffé d’une coupe au bol, il se comporte comme un enfant de
six ans et offre un visage adéquat. Les autres en profitent tel Wu
Ma dans un personnage de commerçant qui l’humilie en public en lui
faisant faire le chien quand Dodo vient demander un petit boulot. Son
personnage est tantôt comique, tantôt pathétique.
Le
film est essentiellement l'occasion pour Jackie Chan d'amorcer un
virage dramatique de son jeu. Quand Dodo est humilié au plus haut
point par les autres, Dah vient à sa rescousse. Jackie Chan hurle
ses dialogues de lamentations et la caméra s'approche de son visage
pour bien enregistrer les larmes qui coulent sur ses joues tandis
qu'il étreint avec un élan violent d'affection son frère. Disons
que tout cela est un peu poussif.
Le
scénario de la partie action est des plus simples : d'un côté
sa fiancée Jenny (Emily Chu) serveuse dans un restaurant voit d'un
mauvais œil l'engagement de Dah dans la marine. Il va partir, elle
ne le verra plus avant un bon bout de temps. Elle a aussi peur de
devoir garder Dodo en son absence. De l'autre côté, une bande de
malfrats dirigés par un boss arrogant (le toujours parfait dans
l'ignominie James Tien, une vraie gueule de salaud).
C’est
à Jackie Chan qu’est dévolue la partie action du film puisque
Sammo Hung ne se bat pas. La machine un peu de mal à fonctionner et
ne donne rien de neuf ni d’éclatant. First
mission reprend le discours vu
100 fois dans le cinéma de Hong Kong sur les erreurs judiciaires :
la police accuse Dodo de vol. Jackie Chan lui rendra justice avec ses
habituels acteurs, Meng Hoi, Yuen Wah, Chin Kar-lok, Chen Lung.
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