Je
n'ai jamais vraiment compris pourquoi en 2014 Cameron Diaz a décidé
de ne plus faire de cinéma, si c'est à cause de ses bides
successifs ou pour sa « consacrer à sa vie familiale »
comme disent les journaux people. Mais voilà, son grand sourire, sa
grande taille, sa petite voix forte ne sont plus là. J'aime surtout
Cameron Diaz dans des comédies (sûrement pas dans Gangs of New
York, Martin Scorsese ne savait pas quoi en faire, il avait mieux
écrit le rôle de Sharon Stone dans Casino). Bref, j'ai regardé
trois comédies de Cameron Diaz.
Dans
l'ordre, j'ai commencé par Bad Teacher de Jake Kasdan, auteur
de quelques comédies dont The Dewey Cox story une parodie bien
sentie de Walk the line. Cameron Diaz est une prof de lycée, obligée
d'enseigner parce que le mec qu'elle devait épouser s'est rendu
compte qu'elle ne le faisait que pour son argent. Rôle physique qui
consiste à s'étaler de tout son long, à trouver une position si
possible confortable et à se dissimuler sur le bureau qui lui sert
de support de travail (et qui lui sert à bien d'autres choses).
Le
film tentait d'être dans cette mode des films qui se voulaient crus,
avec un langage fleuri, mode menée par Will Ferrell avec un certain
succès avant qu'il ne s'effondre. Il est aussi un teen movie d'une
certaine manière puisque le personnage de Cameron Diaz, comme les
autres professeurs se comportent entre eux comme des adolescents pas
très futés. Elle aide parfois les ados à grandir alors qu'elle
régresse (quand elle va voler les résultats du concours auquel elle
participe). C'est peut-être ça l'humour de Jake Kasdan, inverser
les rôles enfants adultes.
Bad
teacher est drôle (et souvent très drôle) tant que ce
personnage de velléitaire fait des efforts insensés pour ne pas
avoir à travailler. Son ingéniosité à paresser est proportionnel
à ses erreurs de jugement sur ses collègues. Elle fantasme sur le
prof de maths (Justin Timberlake) d'une bêtise incommensurable comme
le prouve dans un échange verbal hilarant le prof de gym (Jason
Segel) à qui elle se refuse parce qu'il n'est pas riche. Dès que la
romcom reprend le dessus dans les 20 dernières minutes, donc qu'elle
est amoureuse du prof de gym c'est moins bien.
Le
lendemain, j'ai continué avec Charlie et ses drôles de dames.
Le film a déjà 20 ans. Je me suis toujours demandé comment Bill
Murray avait atterri dans ce film d'action vitaminé à l'extrême
avec des effets spéciaux piqués à The Matrix et des
chorégraphies de combats faites par Yuen Cheung-yan (le frère de
Yuen Woo-ping), mais il parvient à s'épanouir et à distiller son
humour pince sans rires au milieu des trois actrices vedettes,
Cameron Diaz, Lucy Liu et Drew Barrymore, par ailleurs productrice du
film.
La
encore le rôle de Cameron Diaz est physique, peut-être plus encore
que pour ses deux collègues. Elle effectue plusieurs morceaux de
danse dans le film. L'un est onirique, elle rêve être dans une
comédie musicale avec des danseurs, elle descend un escalier en
enchaînant les pas de danses avant de se réveiller et de poursuivre
la danse au saut du lit. Dans le deuxième moment de danse, elle
cherche à séduire Luke Wilson. Elle entame devant un public glacial
un disco Soul Train, seule sur scène, avant de convaincre ce public
qui le rejoint dans des mouvements endiablés.
Je
sais que McG est un mauvais, Charlie et ses drôles de dames
est son seul film qui se regarde encore. Le film est tout juste
pourvu d'une vague trame narrative dont on se fout complètement,
tout repose sur l'abattage de tous les interprètes (Sam Rockwell
cabotinait déjà pas mal), sur les déguisements délirants des
trois filles, sur les incohérences narratives inhérentes au genre
et ici poussées à l'extrême, le modèle est Hudson Hawk
avec une envie non feinte de venger l'adaptation sinistrement ratée
de Chapeau melon et bottes de cuir deux ans plus tôt.
Le
lendemain, je regardais Mary à tout prix, le film par lequel
on a découvert les frères Farrelly, souvent Ben Stiller et la
plupart du temps Cameron Diaz (sauf ceux qui avaient vu The Mask).
Cameron Diaz est la Mary du titre. Le prologue, emmené par un duo de
chansonniers qui font office de narrateurs omniscients – ils
viendront relancer le récit en ouvrant un nouveau chapitre –
commence en 1985 entre Mary et Ted (Ben Stiller), le soir du bal de
promo. Ted a invité la plus belle fille du lycée et s'est coincé
la bite dans sa fermeture éclair. Traumatisé, il est parti en
courant mais n'a jamais oublié Mary.
Le
film est l'histoire, la fable plutôt puisqu'elle est contée par
deux troubadours, de la reconquête de la belle blonde désormais
partie en Floride. Cameron Diaz ne fait pas grand chose, elle est une
princesse charmante, un peu naïve, très ingénue, au milieu de
prétendants (Matt Dillon, Lee Evans, Chris Elliot) tous plus barrés
et manipulateurs les uns que les autres, partisans de coups retords
et de mensonges énormes. Elle est aussi au milieu de personnages
excentriques, sa voisine nudiste et ultra bronzée et son frère
autiste qui ne supporte pas qu'on lui touche les oreilles.
Les
frères Farrelly ont trop lissé le personnage de Cameron Diaz, mais
c'est souvent ainsi dans leurs films avec les femmes (Renée
Zellweger, Gwyneth Paltrow), ils sont des cinéastes pour duo
d'acteurs. Le film a gentiment vieilli, certains gags sont étirés
jusqu'à plus soif. Dès qu'il s'engouffre dans le visuel pur (le
sperme sur les cheveux de Cameron Diaz, l'attaque du chien sur Ben
Stiller, les cannes de Lee Evans, les difformités physiques de Matt
Dillon – ses dents, et Chris Elliot, ses furoncles), le film
s'emballe et atteint un degré comique extrêmement concentré.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire