La
naïveté intrinsèque aux films bibliques est encore plus marquée
dans les débuts du cinéma, il fallait convaincre le spectateur,
diffuser la parole divine sur la terre et surtout aux Américains.
Bref, en 1911 une compagnie, aujourd'hui disparue dans les déluges
des studios hollywoodiens l'Exclusive Movie Studios Inc réalise deux
courts-métrages d'un quart d'heure chacun, Noah's Ark et The Deluge à partir du récit de l'arche de Noé.
Dans
les longs et fastidieux cartons, écrits avec des lettres censées
évoquer l'antiquité, il est développé deux théories. La première
dans Noah's Ark est le caractère scientifique de l'histoire
de Noé. La deuxième dans The Deluge est que d'autres
religieux contemporaines à la Bible parlent du déluge. Il n'en est
pas à douter, c'est l'historicité tout autant que l'esprit
d'évangélisation qui animent les deux films qui n'en forment qu'un.
Noah's
Ark se concentre sur les raisons qui poussent Dieu à demander à
Noé de construire une arche. C'est la méchanceté (« wickedness »)
des hommes qui est mise en avant avec des personnages avec quelques
exemples croquignolets. Un géant – puisque la Terre en comptait –
qui mène son peuple à la baguette décide d'acheter deux femmes de
petite vertu. La voilà la lie dont il faut se débarrasser avec cet
immense flot d'eau.
Bref,
ce monde corrompu dessiné à grands traits dans une ville
grouillante (grands décors et scènes de foule, le film a un certain
budget) avec des visages patibulaires est comparé à Noé et sa
famille filmés dans des espaces verdoyants auréolés de soleil. La
barbe de Noé fait sa sagesse et il observe ce géant massacrer avec
sa massue la ville entière. Levant majestueusement sa main, il
s'apprête à accomplir son destin prophétique.
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