D'un
film à l'autre, Claude Zidi transforme ses Bidasses en folie
en Fous du stade. En 1972, les Jeux olympiques eurent lieu,
non pas dans la France provençale où a été tourné le film mais à
Munich – des jeux de sinistre mémoire. Ici, pour se distinguer, le
scénario évoque des Jeux athlétiques, le logo n'est pas le même
que celui des JO, les 5 cercles sont remplacés par 5 A. Cependant la
tradition de porter la flamme reste présente, d'athlète en athlète,
à travers la campagne avec de nombreux obstacles (la pluie par
exemple, un parapluie doit protéger la flamme mais le parapluie
commence à brûler).
Dans
le village charmant et ensoleillé de Graveson où se déroule les
aventures de nos quatre Charlots (Luis Rego a quitté le navire), on
se prépare au passage du porte flamme. Lucien (Gérard Croce) le
fiston obèse de l'épicier est en haut d'une échelle à accrocher
des fanions colorés entre les platanes. Son père est Julien
Lafougasse (Paul Préboist), l'épicier également responsable du
comité des fêtes, on imagine qu'il a des responsabilités au sein
de la mairie. L'acteur tient ici son rôle le plus important au
cinéma, presque un premier rôle, campe un sympathique papa
protecteur car le fiston est enquiquiné par les joueurs de pétanque.
Mais
il tente surtout de protéger sa fille Délice (Martine Kelly) de
fous de mobylette que sont Gérard, Jean-Guy, Jean et Phil. Tels les
quatre chevaliers de l'Apocalypse, ils entrent en vitesse et dans la
furie sur la place du village, effrayant les mémés, enlevant les
robes des jeune femmes, détruisant les farandoles de fanion de ce
pauvre Lucien. Martine Kelly ressemblait à Marion Game, les prénoms
de leur personnage sont assez proche, de Crème à Délice, c'est
tout de même un curieux choix même s'il exprime ici encore une
fois, et la douceur, et la sensualité auxquelles sont sensibles les
quatre garçons.
C'est
Gérard Rinaldi qui a ses faveurs, le coquin vient faire ses courses
à l'épicerie et c'est parti pour la gauloiserie la plus triviale,
cet humour sexiste qui encombre les films des Charlots. Délice n'est
sensible au charme de Gérard que le temps de la préparation de la
fête, dès que le porte flamme (Patrick Gille) débarque au village
en short et maillot, elle tombe en pâmoison et délaisse son
Charlot, bien penaud avec ses trois potes sur l'estrade du village en
train de jouer de la musique pour accueillir le préfet tandis que
l'athlète et Délice se regardent langoureusement, comme des
adolescents. Forcément, Gérard et ses amis vont se comporter en
gamins.
Le
gag les plus accompli des Fous du stade,
celui dont je me suis toujours souvenu depuis mon enfance,
est visuel et en plusieurs temps : celui de la statue. Le
transport de la statue provoque quelques désagréments. Ils doivent
aller chercher cette statue pour la fête du passage du porte flamme.
C'est une œuvre moderne et abstraite. Pas de chance, elle tombe du
camion et se brise en mille morceaux, peu importe les Charlots
remodèle la statue désormais plus antique et concrète. Le
transport continue et quand un pont est trop bas, la statue à
l'apparence humaine baisse la tête pour échapper à une nouvelle
destruction. Astucieux.
Pour
le reste, les gamineries et tout ce qu'elles trimballent, c'est le
fond de commerce des Charlots. La jalousie de Gérard prend le dessus
et c'est ce qui pousse les quatre amis à faire les jeux athlétiques.
Les autres personnages sont sacrifiés, ils ne sont que les
faire-valoir de Gérard Rinaldi, quel que soit le sport accompli.
Seule son histoire compte et c'est Gérard qui aura le dernier gag,
celui du marathon contre le porte flamme, l'un et l'autre pris dans
du plâtre – pour différentes raisons. Mais Délice se lasse
finalement de Gérard et de l'athlète et veut finir avec le Maillot
Jaune qu'incarne le temps d'un plan le chanteur Antoine.
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