Des
nouvelles d'Apichatpong Weerasethakul : Blue un
court-métrage de 12 minutes produit par l'Opéra de Paris et sa
structure La 3e scène (j'imagine que ça traite de l'art
contemporain). Un lit, une femme allongée (Jenjira Pongpas), une
couverture bleue. Des tentures décoratives qui se déroulent et
s'enroulent laissant apparaître ce qui ressemble à des décors de
théâtre ancien ou de cinéma, ces fameuses illusions paysagères
peintes par des artistes quand on filme en studio.
Dormira
dormira pas ? Cette femme est parfois comme le spectateur devant
un film du cinéaste thaïlandaise, l'assoupissement est une règle
intangible de son cinéma, la douce torpeur tropicale dira-t-on pour
résumer l'état dans lequel on se trouve souvent. La vieille femme
apparaît plusieurs fois (il paraît que le film a été tourné en
plusieurs nuits, dans la forêt thaïlandaise). Sa position change,
la couverture est retirée ou pas.
Et
soudain un feu commence à être visible au milieu du cadre (du
cinémascope, pour filmer le lit dans toute sa longueur), un feu qui
ne cesse de grandir. Comme disait Jean-Marie Straub, « rien
n'est plus difficile de filmer qu'un feu » et justement ce feu
on ignore son origine et son destin. Il semble en surimpression,
flottant sur la couverture, un esprit des forêts sans doute qui
s'anime et c'est probablement lui qui fait tourner les décors.
Ce
qui frappe le plus dans Blue, derrière et devant ces belles images,
c'est la piste sonore. Aucun dialogue, aucune musique mais deux sons
distincts qui se laissent entendre et submerger l'un l'autre. Dans la
première moitié ce sont les grillons qui harmonisent le silence
nocturne dans la deuxième moitié c'est le crépitement des flammes.
La beauté de ces sons, surtout dans une salle de cinéma, enchante.
Sinon, le film est visible sur youtube,
mais c'est moins agréable.
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