L'un
des meilleurs cinéastes de Hong Kong de la décennie glorieuse (1985
– 1995) est mort samedi 29 décembre 2018. Ringo Lam a commencé,
comme Tsui Hark, par des petits films de commande, des comédies
romantiques, sans réel succès. Autant dire que rien dans ces films,
désormais oubliés, ne laissaient présager la rage qu'il allait
dégager plus tard. Les deux cinéastes ont bossé, avant d'acquérir
leur indépendance éditoriale, pour Samuel Hui est sa série des Mad
mission, immense succès de
comédie d'espionnage. Tsui Hark s'est chargé (après Eric Tsang) du
3ème épisode (du burlesque de bas étage) et Ringo Lam du N°4,
film sorti en France sous le titre Rien
ne sert de mourir. Ringo Lam
pour ce Mad mission IV relève
le niveau et propose un film d'action plus sérieux, plus mature où
seul compte le rythme.
C'est
en 1987 que sa carrière prend un nouveau tournant avec le début de
sa trilogie des « on fire ». City
on fire (avec Chow Yun-fat et
Danny Lee), Prison on fire
(avec Tony Leung Ka-fai et Chow Yun-fat, le meilleur des trois, le
film aura une suite) et School
on fire impriment dans les
légende des films où la violence n'est pas seulement physique mais
aussi psychologique, les films sont souvent cités en exemple, des
scènes particulières (la révolte des prisonniers dans Prison)
sont recopiées, pastichées et parodiées dans ce cinéma de Hong
Kong qui ne cesse de vouloir recréer les succès qu'il engendre.
City on fire a
inspiré Reservoir dogs de
Quention Tarantino. Il faut espérer qu'un jour ces films sortent en
vidéo dans de bonnes conditions en France, ce sont des polars
essentiels en ce qu'ils montrent un monde que le cinéma actuel à
Hong Kong, à cause des co-productions chinoises, ne veut plus voir.
Les
liens entre Tsui Hark et Ringo Lam ne cesseront jamais. Ils réalisent
ensemble un comédie « américaine » (en fait tournée au
canada) pour Jackie Chan, Twin
dragons (on
l'aperçoit dans le décor final jouer aux cartes avec Tsui Hark et
Ng See-yuen). Ringo Lam
sera embauché par la Film Workshop, la compagnie de Tsui Hark, pour
tourner l'un des films de sabres les plus sombres des années 1990,
Le Temple du Lotus rouge,
un film nihiliste, comme il avait pu le montrer dans ses films on
fire, mais le tout n'est pas très réussi et le film sera un énorme
bide. En 2007, ils tourneront avec Johnnie To Triangle,
récit en forme de cadavre exquis. Les deux cinéastes ont fait
l'expérience de Hollywood avec la case obligatoire par Jean-Claude
Van Damme. Un parcours en Amérique évidemment raté mais,
contrairement à Tsui Hark ou John Woo, dont il ne se remettra
jamais.
Comme
je le disais plus haut, voir des films de Ringo Lam aujourd'hui est
très difficile parce qu'il n'ont jamais été édité comme il faut,
jamais réédité (les deux Prison
on fire sont hors de prix) ou
jamais sortis en vidéo comme Full
contact en 1993 génial film
de vengeance d'une grande noirceur et qui décrit un monde
dégueulasse (son chef d’œuvre dépressif) puis Full
alert en 1997 avec Lau
Ching-wan, autre grand film sur un homme en pleine déprime. Ces deux
films sont des reflets de la rétrocession de Hong Kong à la Chine,
ils aussi importants dans le cinéma de l'ancienne colonie, aussi
précis dans la description de cette vie à cette époque, que les
films du Nouvel Hollywood. Encore une fois, il faut souhaiter que
certains éditeurs permettent de découvrir à nouveau Ringo Lam, ses
bons films surtout où les meilleurs acteurs de Hong Kong ont joué,
histoire qu'on ne soit pas que quelques happy few.
Pour
continuer sur Ringo Lam, j'avais commenté plusieurs de ses films sur
mon ancien blog AsieVision.
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