Formé
dans une météorite, un sabre qui rend invincible celui qui s'en
sert nommé Dragon Docile est confié au jeune détective Dee (Mark
Chao qui rempile dans le rôle toujours situé 20 ans avant le
premier film) par l'empereur de Chine. La cérémonie a lieu devant
le fastueux palais dans un protocole immuable. Pourtant l'impératrice
Wu (Carina Lau) proteste auprès de son souverain d'époux de la
mission confiée au détective. Le monarque ne cède pas, affirme
qu'il a déjà beaucoup fait pour le partage du pouvoir entre les
deux souverains.
S'emparer
du sabre est pour l'impératrice Wu un signe évident de pouvoir pour
elle seule dans une société patriarcale, elle veut inverser
définitivement les choses, Dragon Docile sera donc l'objet qui
passera entre toutes les mains, un symbole évidemment phallique,
comme toujours dans le wu xia pian et particulièrement dans les
films de Tsui Hark. Détective Dee 3 la légende des rois célestes
n'est pas éloigné des Swordsman, The Blade et les
Histoires de fantômes chinois, mais avec un déferlement
d'effets spéciaux numériques équipé de lunettes 3D.
Wu
ne fait pas confiance à Dee, elle cherche à lui priver de sa
fonction en obligeant, dans le plus grand secret, Yuchi Zhenjin (Feng
Shaofeng) son chef de la police, un ami et adversaire – jadis –
de Dee, à s'emparer du sabre. Elle le jure, aucune représailles ne
sera entreprises à l'encontre du détective, ni contre lui, ni
contre sa famille (que l'on ne voit jamais dans le film par
ailleurs). Pour être certain d'arriver à ses fins, Yuchi devra
faire équipe avec un sorcier Huan Tian, il n'est pas venu seul, il
est avec quatre comparses, il débarque en pleine nuit noire.
Il
faut en mettre plein les yeux au spectateur tout en l'informant sur
ces nouveaux personnages adeptes de la magie noire. Devant
l'impératrice, conquise, et Yuchi, dubitatif et rétif, ils
accomplissent des tours exceptionnels manipulant les éléments
naturels. Les noms des sorciers évoquent leur aptitudes. Deux
hommes, Sabre Spectral un adepte des sabres, Fumée Dansante, un
prestidigitateur. Deux femmes, Nuit Fantôme, une vieille sorcière
grimaçante au dos courbé, Reflets de Lune, une plus jeune qui
virevolte et voltige dans les airs.
Ce
sont ces deux dernières qui plaisent à Tsui Hark sacrifiant les
deux hommes. Il développe leurs personnages et chacune des
sorcières prend des destins différents et opposés. Malgré son
grand âge, Fumée Dansante est coriace, et retournement de
situation, elle se révèle bien plus importante que sa fonction
première le laisser supposer. Avec son ricanement intense, ses
tresses rousses et sa bosse, elle évoque un démon et sans aucun
doute est-elle à la tête des Diables Masqués, une secte qui
cherche à se venger de l'empereur.
Toute
jeune et presque inexpérimentée, Reflets de Lune entend bien ne pas
se laisser dominer par quiconque. Impulsive, elle va pourtant devoir
composer avec Sha Tuo (Lin Gengxin), le bras droit de Dee. Le jeune
homme maladroit (le sidekick comique par excellence) engage avec
Reflets de Lune une relation qui sans s'engouffrer réellement dans
la romance est le fruit d'une grande complicité, sans doute parce
que tous les deux viennent de la même région, Tiele, et parlent le
même dialecte, ils se comprennent et apprennent à s'apprécier.
Reflets
de Lune blessée tel un petit oiseau tombé du nid va quitter
progressivement son masque martial, enlever son maquillage et se
tourner vers le camp de Détective Dee. Tout ce Detective Dee 3
est sous le signe du masque. Dee se déguise pendant tout le film,
tel un Ethan Hunt sorti d'une Mission impossible.
L'impératrice Wu rend visite à un prisonnier nommé « Sans
Visage ». Les visages des Diables Masqués sont comme leur nom
l'indique masqués mais aussi mystérieux et angoissants justement
parce que Dee et les autres ne savent rien d'eux.
Le
spectacle entre les personnages ne cesse jamais notamment parce que
leur perception de la réalité est altérée, ils sont sujet à des
hallucinations comme une grande allégorie du cinéma actuel où tout
est possible mais où rien n'existe plus. Logiquement la magie, la
sorcellerie, les sorts jetés les uns aux autres sont l'occasion pour
Tsui Hark et ses chorégraphes de prouesses verticales et
horizontales, ça part dans tous les sens comme au bon vieux temps,
dans un mouvement perpétuel de rebondissements narratifs à en
perdre le fil et la raison.
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