samedi 22 décembre 2018

Detective Dee 3 (Tsui Hark, 2018)

Formé dans une météorite, un sabre qui rend invincible celui qui s'en sert nommé Dragon Docile est confié au jeune détective Dee (Mark Chao qui rempile dans le rôle toujours situé 20 ans avant le premier film) par l'empereur de Chine. La cérémonie a lieu devant le fastueux palais dans un protocole immuable. Pourtant l'impératrice Wu (Carina Lau) proteste auprès de son souverain d'époux de la mission confiée au détective. Le monarque ne cède pas, affirme qu'il a déjà beaucoup fait pour le partage du pouvoir entre les deux souverains.

S'emparer du sabre est pour l'impératrice Wu un signe évident de pouvoir pour elle seule dans une société patriarcale, elle veut inverser définitivement les choses, Dragon Docile sera donc l'objet qui passera entre toutes les mains, un symbole évidemment phallique, comme toujours dans le wu xia pian et particulièrement dans les films de Tsui Hark. Détective Dee 3 la légende des rois célestes n'est pas éloigné des Swordsman, The Blade et les Histoires de fantômes chinois, mais avec un déferlement d'effets spéciaux numériques équipé de lunettes 3D.

Wu ne fait pas confiance à Dee, elle cherche à lui priver de sa fonction en obligeant, dans le plus grand secret, Yuchi Zhenjin (Feng Shaofeng) son chef de la police, un ami et adversaire – jadis – de Dee, à s'emparer du sabre. Elle le jure, aucune représailles ne sera entreprises à l'encontre du détective, ni contre lui, ni contre sa famille (que l'on ne voit jamais dans le film par ailleurs). Pour être certain d'arriver à ses fins, Yuchi devra faire équipe avec un sorcier Huan Tian, il n'est pas venu seul, il est avec quatre comparses, il débarque en pleine nuit noire.

Il faut en mettre plein les yeux au spectateur tout en l'informant sur ces nouveaux personnages adeptes de la magie noire. Devant l'impératrice, conquise, et Yuchi, dubitatif et rétif, ils accomplissent des tours exceptionnels manipulant les éléments naturels. Les noms des sorciers évoquent leur aptitudes. Deux hommes, Sabre Spectral un adepte des sabres, Fumée Dansante, un prestidigitateur. Deux femmes, Nuit Fantôme, une vieille sorcière grimaçante au dos courbé, Reflets de Lune, une plus jeune qui virevolte et voltige dans les airs.

Ce sont ces deux dernières qui plaisent à Tsui Hark sacrifiant les deux hommes. Il développe leurs personnages et chacune des sorcières prend des destins différents et opposés. Malgré son grand âge, Fumée Dansante est coriace, et retournement de situation, elle se révèle bien plus importante que sa fonction première le laisser supposer. Avec son ricanement intense, ses tresses rousses et sa bosse, elle évoque un démon et sans aucun doute est-elle à la tête des Diables Masqués, une secte qui cherche à se venger de l'empereur.

Toute jeune et presque inexpérimentée, Reflets de Lune entend bien ne pas se laisser dominer par quiconque. Impulsive, elle va pourtant devoir composer avec Sha Tuo (Lin Gengxin), le bras droit de Dee. Le jeune homme maladroit (le sidekick comique par excellence) engage avec Reflets de Lune une relation qui sans s'engouffrer réellement dans la romance est le fruit d'une grande complicité, sans doute parce que tous les deux viennent de la même région, Tiele, et parlent le même dialecte, ils se comprennent et apprennent à s'apprécier.

Reflets de Lune blessée tel un petit oiseau tombé du nid va quitter progressivement son masque martial, enlever son maquillage et se tourner vers le camp de Détective Dee. Tout ce Detective Dee 3 est sous le signe du masque. Dee se déguise pendant tout le film, tel un Ethan Hunt sorti d'une Mission impossible. L'impératrice Wu rend visite à un prisonnier nommé « Sans Visage ». Les visages des Diables Masqués sont comme leur nom l'indique masqués mais aussi mystérieux et angoissants justement parce que Dee et les autres ne savent rien d'eux.


Le spectacle entre les personnages ne cesse jamais notamment parce que leur perception de la réalité est altérée, ils sont sujet à des hallucinations comme une grande allégorie du cinéma actuel où tout est possible mais où rien n'existe plus. Logiquement la magie, la sorcellerie, les sorts jetés les uns aux autres sont l'occasion pour Tsui Hark et ses chorégraphes de prouesses verticales et horizontales, ça part dans tous les sens comme au bon vieux temps, dans un mouvement perpétuel de rebondissements narratifs à en perdre le fil et la raison.






























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