dimanche 2 décembre 2018

Detective Dee II (Tsui Hark, 2013)

Pas d’assassinat dans Detective Dee II : La légende du dragon des mers mais une flotte entière de la marine partie faire la guerre au royaume voisin et décimée par un dragon des mers. L’action se déroule au milieu du 7ème siècle, période de troubles, et tout est recréé avec des effets spéciaux (et une 3D) qui sont pour une fois réussis et qui servent le scénario et non l’inverse. Les navires sont déchiquetés, les planches et les hommes volent dans tous les sens, le monstre est à peine visible (pour maintenir le suspense), seules d’immenses vagues d’eau, tel un tsunami dévastateur, surgissent.

Pour enquêter, le jeune Dee (Mark Chao qui reprend le rôle jeune d'Andy Lau) doit d’abord convaincre le département de la justice dirigé par Zhenjin (Feng Shao-feng) de lui donner le badge qui lui permettra de se déplacer sur tous les lieux de l’enquête. L’entente entre les deux hommes est difficile. Zhenjin ne fait pas confiance à Dee et ce dernier, avec arrogance, constate l’absence de jugeote de son nouveau collègue. Il faut dire que la pression que lui a mise l’impératrice est imposante : Zhanjin a dix jours pour résoudre le mystère du dragon des mers.

Un séjour en prison de Dee pour son esprit libre lui permet de rencontrer le docteur Shatuo (Lin Geng-xin qui reprend le rôle jeune de Tony Leung Ka-fai). Avec son aide, Dee parvient à s’évader. Mais c’est surtout grâce à son sens inné de la déduction, Dee analyse tout, voit tous les détails et réagit très vite qu’il peut s’échapper puis mener son enquête en trouvant rapidement des indices. On pense dans ces moments que Tsui Hark a bien regardé la série Sherlock tant les rapports entre Dee et Shatuo font penser aux personnages de Benedict Cumberbatch et Martin Freeman, humour caustique compris.

Et un mystère en suit un autre. Un homme reptile vient attaquer la courtisane Ruiji (AngelaBaby). Il a des griffes très acérées, il est tout vert et grogne mais il tente de laisser un message. Ce reptile est Yuan Zhen (Kim Beom), l’ancien amant de Ruiji transformé ainsi par le chef d’une tribu rebelle. Dee va chercher à soigner avec l’aide d’un savant un peu fou (Aloys Chen), personnage délirant qui apporte une touche comique tout autant que le personnage qu’interprétaient conjointement Richard Ng et Teddy Robin dans Detective Dee.

Detective Dee II alterne les scènes humoristiques dues à la fois au duo Dee – Shatuo, ce dernier jouant le candide et au savant timbré, les scènes plus sensuelles et romantiques avec l’amour que Ruiji a pour Yuan Zhen et les longues et complexes scènes de bataille chorégraphiées par Yuen Bun et Lin feng. La plus impressionnante a lieu dans une île où Dee, Shatuo et Zhenjin affrontent le chef rebelle dans une falaise grise filmée de nuit. Les notions d’horizontalité et de verticalité sont abolies. Les corps virevoltent dans les airs comme au bon vieux temps du wu xia pian fantastique.


D’une certaine manière, plus qu’une suite sous forme de découverte de la jeunesse des personnages de Detective Dee, le film de Tsui Hark est un démarquage assez flagrant de Zu les guerriers de la montagne magique. Tout d’abord à cause de la présence d’une Chine antique fantasmée et légendaire, pure invention du cinéma, de la présence constante de l’eau et des montagnes. Mais surtout dans les personnages qui reprennent les caractéristiques si marquées de l'une de ses œuvres fondatrices qui n'avait pas eu le succès escompté 30 ans plus tôt. Logiquement, Tsui Hark propose à nouveau le même spectacle à une nouvelle génération de spectateurs.


























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