dimanche 16 décembre 2018

L'Homme qui rétrécit (Jack Arnold, 1957)

Un nuage flotte sur l'eau et déverse un flot de paillettes sur le corps de notre héros. Scott Carey (Grant Williams) prenait le soleil sur sur petit yacht, en vacances avec sa femme Louise (Randy Stuart). Elle était allé chercher de la bière pour se désaltérer, voilà pourquoi Louise n'a pas été touchée par ce nuage qui ne dit pas son nom mais on devine sa portée radioactive comme sa venue au large dans l'océan dans un essai nucléaire.

Il faut attendre un peu avant que le changement d'échelle se mette en œuvre puisque le titre du plus célèbre film de Jack Arnold l'annonce. Carey va rétrécir mais avant les effets spéciaux promis, le couple doit se rendre compte de la maladie, tel un cancer, qui est invisible jusqu'à ce qu'elle prenne le dessus. Tout passe ainsi par des reproches. Carey est persuadé que son épouse s'est trompé de vêtements chez le pressing.

Mais non rien n'y fait, au fil des jours, les costumes, pantalons et chemises semblent plus étroits, puis Louise commence à avoir la même taille que son mari. Autant dire que c'est un bouleversement dans l'ordre des valeurs. Aussitôt, la nouvelle de la maladie de Carey se répand dans la presse (il devient une curiosité) et la médecine est bien incapable de trouver un antidote pour stopper la perte de taille (l'aspect scientifique du film).

Comme s'il savait déjà quel est son sort, toujours dans une idée d'hommage au cinéma de Tod Browning, comme l'était déjà Tarantula, Carey se rend dans un cirque pour rencontrer une naine et comprendre quelle va être sa vie future, dans une étrange séquence où le cinéaste montre que la normalité n'a rien à voir avec la taille. Car il ne sait pas encore que la catastrophe ne va jamais cesser et Carey ne va jamais rétrécir.

L'antidote trouvé ne fait aucun effet et dans une effet raccord fulgurant Carey se retrouve dans une maison de poupée. La mise en scène délirante de Jack Arnold peut enfin se mettre en branle avec ses dimensions inversées. Dans Tarantula, l'araignée devenait gigantesque à cause de la science maladive des hommes, dans L'Homme qui rétrécit l'araignée conserve sa taille mais devient un véritable danger pour Carey.

Désormais minuscule, il devient la proie tout autant de son chat qu'il n'avait jamais cessé de cajoler pendant tout le film mais aussi d'une araignée maîtresse des lieux où il se retrouve dans le dernier tiers du film. Carey tentant d'échapper au matou fuit dans la cave où les proportions prennent des atours effrayants dans ce fameux changement d'échelle. C'est un monde inconnu et désert qu'il découvre et qu'il doit conquérir.


L'univers découvert est comme l'arrivée dans l'espace intersidéral, tout est sec et gris mais Carey doit trouver de quoi boire, manger et se vêtir. C'est encore une fois dans la mythologie américaine de la dernière frontière que le film de Jack Arnold s'épanouit dans une métaphore de l'inconnu où la science ne peut rien faire, seul compte le courage de l'homme face à l'adversité et les éléments, à l'inconnu qu'annonçait ce péril atomique.























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