En
complément de programme de Boat people, on trouve deux moyens
métrages de 45 minutes réalisés par Ann Hui pour la télévision
de Hong Kong. The Bridge se situe à l'automne 1975. Dans le
quartier de Wong Tai Sin, une passerelle en planches passe au dessus
de la voie rapide. Ce pont relie les baraques habitées par les
pauvres avec le reste de la colonie britannique. Une sorte de
bidonville où l'électricité et l'eau ne sont pas à la portée de
tous. C'est par ce pont que passent tous les habitants, pour aller au
travail, à l'école ou aux courses.
Un
beau jour, le pont est interdit d'accès et il commence à être
démantelé par des agents du gouvernement. The Bridge est le
récit de la protestation de la population face à ce projet. Ann Hui
suit quelques personnages. Un père de famille qui pratique le trafic
d'électricité (il fait passer les câbles d'un quartier à un autre
via le pont), son épouse dont l'enfant turbulent veut traverser la
voie rapide au risque de se faire renverser par une voiture, une
autre mère de famille nombreuse qui vitupère contre le
gouvernement.
Au
milieu du brouhaha incessant, des manifestations spontanées et de
l'inaction des autorités, un jeune journaliste anglais vient faire
un reportage. Il travaille pour la radio d'état, on lui conseille de
ne pas couvrir l'événement, mais il enquête, il interroge les
habitants souvent rétifs à répondre aux questions, il soulève les
problèmes d'eau et d'électricité. Il se lie d'amitié avec une
employée du gouvernement qui vient chaque semaine récolter les
loyers. Ils se confient, souvent avec amertume, sur leur propre
inefficacité à trouver une solution.
Ann
Hui filme les habitants du bidonville dans un style proche du
documentaire, les gros plans accentuent l'effet de réalisme et
compense le jeu amateur et peu maîtrisé. Elle privilégie le regard
extérieur du journaliste, un étranger, un Blanc, un Anglais, donc a
priori un ennemi de la population, ou tout au moins, un homme qui
ignore quels sont leurs soucis. Mais il est le seul à s'intéresser
à eux. Par ce biais, elle stigmatise ceux qui préfère le status
quo, que rien ne change pour leur propre intérêt. La cinéaste,
elle aussi, était la seule à parler des habitants des quartiers
pauvres.
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