vendredi 14 octobre 2016

Pierre Etaix (1928-2016)

Pendant des années, il était impossible de voir les films de Pierre Etaix, pour d'obscures raisons de droits d'auteur et de diffusion. Un distributeur gardait les films comme un trésor de guerre malgré les demandes du cinéaste de les libérer, malgré l'appel de responsables de festival et de la cinémathèque française, malgré les papiers dans de nombreux journaux. Et puis un beau jour, tout s'est réglé, enfin on a pu voir cinq de ses longs-métrages en salles dans de belles copies, c'était en juillet 2010. Je garde de bons souvenirs de la découverte de ses films. Depuis, ses films sont également sortis en DVD. Pierre Etaix vient de mourir à l'âge de 87 ans.

Ses premiers courts-métrages, Rupture (1961) et Heureux anniversaire (1962, Oscar à Hollywood) sont écrits avec Jean-Claude Carrière. Il déploie déjà son personnage mélancolique éprouvés par les soucis amoureux et du quotidien. Le Soupirant (1962) et Yoyo (1965) sont autour de son personnage englué dans une vie monotone, un doux rêveur qui cherche à échapper à une existence toute tracée. Il est en cela proche de Buster Keaton avec son visage triste, comme de Harold Lloyd pour ses déboires amoureux. Il développe l'idée du faux semblant dans sa mise en scène, comme dans l'ouverture du Soupirant qui évoque le lancement d'une fusée, mais ce n'est que Pierre Etaix qui fume devant des maquettes.

Dans Tant qu'on a la santé (1966), il brocarde certains travers de ses concitoyens au travers de quatre sketches de qualité variées. Il s'essaie pour la première fois à la couleur. Son chef d'œuvre est Le Grand amour (1969) où il partage, momentanément, l'affiche avec Annie Fratellini avant de se laisser tenter par le démon de midi. Son documentaire sur les Français en vacances, Pays de cocagne (1971) n'était pas tout à fait abouti. Ces dernières années, Pierre Etaix avait joué dans Chantrapas d'Otar Iosseliani (un cousin cinématographique du burlesque lent) et dans Mic-macs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet.

Mais le mieux est encore de voir ses films, petit florilège d'images sur l'art de Pierre Etaix.


























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