Il
ne faudra pas moins de quatre femmes à Wakizaka (Katsuo Nakamura) pour essayer
de remplacer Shoko (Mariko Kaga), la seule et unique femme qu’il a toujours
aimée. Les Plaisirs de la chair est le récit de cette tentative
d’oubli de cet amour unilatéral. Wakizaka est un simple étudiant quand il
rencontre Shoko puis devient professeur, ce qui signifie qu’il est pauvre.
Shoko l’invite a son mariage, à son grand dam et il y va. Les parents de la
jeune mariée, connaissant la passion de Wakizaka pour leur fille, en profite
pour lui demander de tuer l’homme qui a violé Shoko. Il accompli cet acte
criminel par amour.
Peu
de temps après, il reçoit dans son modeste appartement, la visite d’un
fonctionnaire qui affirme être l’unique témoin du meurtre. Il lui propose un
marché. Le fonctionnaire a détourné de l’argent public, il sait qu’il va être
découvert, arrêté et mis en prison. Il veut que Wakizaka garde trente millions
de yens pendant ses cinq ans de geôles pour les récupérer à sa sortie. Il ne
devra pas en dépenser et, en contrepartie, le fonctionnaire se taira. Il
accepte ce marché, quatre ans se passent et il a soudain une idée. Il va
dépenser tout l’argent en un an, il va coucher avec des femmes et, juste avant
que le fonctionnaire ne sorte de prison, mettre fin à sa vie.
Les
femmes, pour un puceau comme Wakizaka, il n’est pas évident de les aborder. Il
engage Hitomi (Yumiko Nogawa) dans un bar à prostituées. Elle accepte le marché
contre un million de yens par mois. Tout se déroule bien au début, elle
s’achète de beaux vêtements, se parfume, se fait belle, mais leurs rapports
restent superficiels. La deuxième femme est Shizuko (Masako Yagi), son époux
vient s’immiscer dans leurs aventures sexuelles. C’est un minable, incapable de
garder un boulot. Ils ont deux enfants. Il va leur léguer beaucoup d’argent et
sa maison pour qu’ils s’en sortent en leur écrivant une lettre d’une rare
cruauté.
Puis
il passe à Keiko (Toshiko Higuchi), une femme rencontrée chez son médecin. Elle
est froide, refuse de coucher avec lui, elle est à la fois frigide et
castratrice. Finalement, il met son dévolu sur Mari (Hiroko Shimizu), une jeune
muette que son proxénète présente comme idiote. Elle devient, en opposition
avec Keiko, un corps avec lequel il peut faire l’amour, avec lequel il peut
enfin assumer ses désirs, de la chair et rien d’autre. Mais là, le proxénète va
venir s’en mêler. Et l’argent commence à manquer, l’année finit par s’écouler.
Le
film n’est pas du tout sensuel et Wakizaka ne retire aucun réel plaisir de la
chair tant les obstacles qui se mettent sur son chemin l’en empêchent. Plus la
sortie du fonctionnaire approche, plus son état mental s’aggrave. Il commence à
voir le visage de Shoko quand il étreint ses femmes. Ce qui lui coupe tous ses
élans. Puis, c’est le fonctionnaire qui lui apparait, venant réclamer l’argent
qu’il n’a plus. Nagisa Oshima joue sur les couleurs pour donner un effet proche
du fantastique. Les scènes de tension (avec les différents « époux »
ou proxénètes) sont filmées en plan séquence. Chacune des femmes est montrée
dans une scène où les surimpressions des corps ou des objets déterminent son
caractère. Mais ce qui ressort avant tout est que Wakizaka est incapable
d’aimer dans le vrai monde, que ses désirs sont mortifères et sa vie est une
tragédie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire