mardi 25 octobre 2016

Mon voisin Totoro (Hayao Miyazaki, 1988)

Il y a mignon et mignon. Finalement, en quoi cette espèce gros monstre à l’énorme bouche remplie de dents menaçantes, aux yeux ronds écarquillés et aux griffes acérées est-il mignon ? Totoro, devenu depuis le logo du studio Ghibli, est donc vu comme une peluche mignonne et sympathique alors qu’il est plutôt monstrueux. Mais sa forme ronde qui l’assimile à un nounours, ses yeux et ses moustaches qui le rapprochent d’un chat, tout comme ses oreilles rappellent celles d’un lapin. Bref que des animaux mignons pour composer ce gros patapouf de Totoro que les deux enfants Mei et Satsuki vont adopter.

Pourtant Mon voisin Totoro commence comme un film horrifique, de ce genre où une famille emménage dans une nouvelle maison qui s’avère être hantée. En tout cas, le petit voisin d’à coté, Kanta le pense et n’oserait pas s’y aventurer. Les deux fillettes n’ont pas peur des noiraudes, ces boulettes de suie qui parcourent la maison à la recherche de tranquillité. Grand-mère (celle de Kanta en fait, une vieille voisine) sait que seuls les enfants peuvent voir ces « fantômes », ces apparitions. Tout comme le père des fillettes, elle croit les enfants qui voient les êtres venus d’ailleurs. C’est l’un des fondements du cinéma de Hayao Miyazaki, l’imaginaire est l’œuvre des enfants, pas des adultes. Si Mei et Satsuki n’ont pas peur des noiraudes, ni de pénétrer dans un tunnel, c’est parce qu’elles sont déjà confronter dans leur vie réelle à la maladie de leur maman qui est à l’hôpital et à l’idée de sa mort.

C’est le point de vue de Mei, la plus jeune des deux gamines, qui est adopté pendant tout le monde. Elle ne sait pas encore lire ni écrire mais elle n’a pas encore peur. Le spectateur rentre par son regard dans son univers. Totoro n’entre en scène qu’au bout d’une demi-heure de film. Auparavant, Mei aura eu le temps d’explorer les labyrinthes qui mènent à la cachette de Totoro. Elle rencontre deux mini Totoro et les suit. Ils ne savent pas à qui ils ont affaire et craignent, forcément, les humains. Mais la petite fille suit la piste des glands laissés là à son intention. Elle entre dans un monde secret que la musique de Joe Hisaishi rend magique. Totoro et ses comparses vivent au creux d’un chêne géant dans la forêt (Hayao Miyazaki élabore son message écologique en douceur et subtilité). Puis Mei entraine sa grande sœur dans ses aventures nocturnes. Plus tard ce sera la rencontre avec le chat-bus, un autre monstre géant qui parcoure la campagne pour prendre quelques voyageurs.

La maman de Mei lui manque beaucoup et un jour elle décide d’aller la retrouver à l’hôpital. Mais Mei se perd. Stasuki ira chercher Totoro pour la rejoindre à bord du chat-bus. La réalité des angoisses prend le pas sur la magie. Satsuki parcourt d’abord la campagne pour retrouver sa sœur égarée. Là aussi l’idée du labyrinthe opère l’idée du film horrifique. La nuit commence à tomber, la plaine est grande, quadrillée par les rizières. Mais qu’importe au chat-bus, il les traverse de part et d’autre pour poser les fillettes dans un arbre qui jouxte la chambre de la maman. Mon voisin Totoro est loin de n’être qu’un conte pour enfants, au contraire il invoque les peurs primales, la solitude et l’angoisse de la mort. Tout cela fait peut-être beaucoup pour une petite fille mais c’est le chemin pour grandir.
















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