jeudi 6 octobre 2016

Les Sept mercenaires (Antoine Fuqua, 2016)

A la toute fin des Huit salopards de Quentin Tarantino, on voyait arriver Channing Tatum, au tout début des Sept mercenaires, c'est Matt Bomer qui commence les hostilités. De là à en conclure qu'il faut avoir été une vedette des Magic Mike pour jouer dans un western post-moderne avec un chiffre dans le titre, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas. Cullen (Matt Bomer) se fait dézinguer dans les 10 premières minutes du film d'Antoine Fuqua par le super vilain de service, Bartholomew Bogue (Peter Sarsgaard). Un simple coup de revolver et il tombe comme une mouche. Bogue est ce genre de personnage qui veut s'approprier le bien d'autrui suivant le sophisme « refuser que Bogue prenne les terres des paysans, c'est être contre le capitalisme, être contre le capitalisme, c'est être contre Dieu. Etre contre Bogue, c'est être contre Dieu. » Un message férocement anti économie libérale. Bogue, comme tous les bons méchants n’apparaît que peu dans le film, au début et à la fin. Il promet l'apocalypse et il l'apportera.

Peu convaincue par ses bonnes paroles et ce prêche fait dans l'église du village que Bogue s'empresse de brûler par le feu, la veuve Cullen (Haley Bennett) décide, avec un autre paysan spolié, le jeune Teddy Q (Luke Grimes) de partir à la recherche de justiciers. Comme on le sait, ils seront au nombre de sept. La première moitié du film (et la meilleure) est ainsi consacrée à l'assemblage de ce boys band du far west. En Monsieur Loyal et chef de tribu, Sam Chimzol (Denzel Washington) fait passer ses auditions au milieu des canyons, de la prairie et des saloons. Antoine Fuqua promène sa caméra à l'épaule pour filmer les rencontres, ce qui amènera les publicitaires à citer le magazine Première sur la beauté des images et à se voir moquer sur les réseaux sociaux. Ce qui est certain est que, hormis une courte scène de nuit, tout est filmé en plein jour, en plein soleil, jamais de pluie, jamais de mauvais temps. On est très loin du style et des expérimentations des deux derniers films de Tarantino.

Alors ces sept magnifiques, comme le dit le titre original, qui sont-ils ? La vedette des Gardiens de la galaxie et de Jurassic World, Chris Pratt est Faraday, un joueur de poker impénitent. Suit un couple (oui, j'ai envie de les imaginer en couple ces deux gars qui partagent tout) qui écume les rodéos, le Sudiste, sans doute de Louisiane, Goodnight Robicheaux (Ethan Hawke) et Billy Rocks (Byung-hun Lee), habile lanceur de couteaux et poignards. Puis un Mexicain se joint à la troupe, Vasquez (Manuel Garcia-Rulfo), un hors-la-loi qui traite tous les autres de cabrón. On continue avec Jack Horne (Vincent D'Onofrio), un chasseur d'Indiens puis avec un Comanche exilé arborant ses peintures de guerre, Red Harvest (Martin Sensmeier). On remarque assez vite que Vincent D'Onofrio s'est fait la tête d'Orson Welles dans Falstaff Chimes at midnight (trois mots entendus dans les dialogues), 20 ans après son imitation d'Orson jeune dans Ed Wood. Quant à Chris Pratt, il s'amuse à plisser des yeux comme Clint Eastwood dans ses premiers westerns et se fait traiter de güero (blondin en mexicain) par Vasquez. J'avais bien précisé que Les Sept mercenaires est post-moderne.

C'est un film à la bonne franquette, parfois un peu balourd comme ce repas où on se lâche sur les blagues salaces, souvent c'est empreint d'une douce ironie sur les relations entre les personnages, mais hélas, le rythme fait cruellement défaut (plus de deux heures de film quand même). Mais deux choses sont à mettre au crédit d'Antoine Fuqua et de ses deux scénaristes. D'abord, comme on le voit, le casting est composé de minorités ethniques (Afro, Native, Mexicain, Asiatique et autres marginaux), en tout cas pour ses héros. Le salaud de Bogue est une crevure hypocrite de WASP. Ensuite, il évite une encombrante et anachronique histoire d'amour avec la veuve Cullen. Alors évidemment, avec un tel western d'action gonflé à la testostérone, la seule question que l'on se pose pour l'affrontement final, forcément grandiose, forcément grandiloquent, forcément épique, est de sa voir qui va survivre à la terrible mitraillette apportée par Bogue. Réponse dans le film.

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