Dans
le Osaka du début des années 1980, elle a les cheveux noirs avec
deux couettes. Sur une de ses pinces à cheveux, il y a une paire de
cerises. De grands yeux au milieu d'un visage rond. Elle porte une
jupe noire et une chemise beige. En guise de chaussures, elle met des
soques en bois. Elle met souvent ses bras derrière sa nuque. Elle,
c'est Kié, l'héroïne du troisième film de Isao Takahata Kié
la petite peste.
La
petite Kié n'a pas une vie facile. Au lieu de faire ses devoirs,
elle est obligée de tenir le restaurant familial. Son père, Tetsuo
est un incapable, il a des dettes de jeu. Il est obligé de demander
aux grands parents de Kié de l'argent pour rembourser le patron de
la boîte de jeux. Dès le début du film, Isao Takahata porte
l'attention sur le fait que la vraie adulte est Kié. Le père est
irresponsable et il fera catastrophe sur catastrophe, notamment
lorsqu'il va à l'école et qu'il lui fait honte.
Kié
est une enfant dont les parents sont séparés. Ce qui lui pèse
beaucoup. Elle voit sa maman en cachette, sans le dire en personne.
Elle aimerait bien que ses parents se remettent ensemble. Elle
voudrait une vie de petite fille normale. Mais les adultes sont si
bêtes parfois. Et si égoïstes. Mais les autres enfants ne sont pas
forcément de anges non plus. Et surtout à l'école où ils se
moquent de Kié qui a du mal à faire ses devoirs.
Du
coup le meilleur ami de Kié sera un chat de gouttière. Il vient
miauler grassement devant le restaurant et elle lui donne une
brochette. Qu'elle n'est pas sa surprise quand elle voit le matou
prendre la brochette avec sa patte et s'adosser tranquillement contre
une poubelle pour manger sa viande. Car les chats dans Kié
la petite peste sont plus
humains que certains humains. Et ils sont pourvus de testicules
énormes. Parfois ils parlent aussi.
Le
monde de Kié la petite peste
est ainsi peuplé de personnages caractérisés à l'extrême, tel le
patron du salon de jeux qui se prend pour un yakuza. Lui aussi a un
chat sévèrement monté, le diabolique Antonio, le plus méchant de
la bande. On trouve les camarades d'école de Kié qui sont des
poltrons. Et aussi les grands parents qui parlent à Tetsuo, le papa
de Kié, comme à un gamin. Ces caricatures apportent du loufoque,
des sourires, de l'humour.
Parvenu
assez tardivement jusqu'en France, sorti en 1981 au Japon et en 2005
en France, le dessin de Kié la
petite peste est assez
grossier. Les animateurs ne se gênent pas pour déformer les têtes
des personnages (Kié qui hurle sur ses camarades de classe), pour
forcir les traits (les grosses gouttes de sueur dès qu'un embarras
surgit) et à faire une animation minimaliste comme lorsque des
personnages se tapent dessus. A voir, revoir et entendre en VO
japonaise, bien entendu.
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