Quand
j'ai regardé cet été les films de Tim Burton de sa première
décennie de créativité, entre Pee-Wee's Big adventure et
Mars attacks, je me suis demandais si je prolongeais. Depuis
Sleepy hollow, j'ai vu tous ces films, espérant, comme
beaucoup, retrouver ce petit supplément qui me plongerait dans
l'émotion pure. Certes, ses films depuis 15 ans ne sont pas mauvais,
certains sont même pas mal (Big fish, Charlie et la
chocolaterie, Frankenweenie le long-métrage, Dark
shadows) certains sont hideux à regarder (Sweenie Todd,
Alice au pays des merveilles), d'autres sont totalement à
côté de la plaque (La Planète des singes, Big eyes).
A
milieu de tout cela, Miss Peregrine et les enfants particuliers
est dans les films pas mal (si cela correspondait à une vraie
catégorie). Partout, je lis qu'il cherche à renouveler ses
collaborateurs, adieu Johnny Depp et Helena Bonham-Carter, au revoir
aussi Danny Elfman (là, on ne gagne pas au change), mais il retrouve
le monteur de ses meilleurs films Chris Lebenzon. Et aussi Eva Green,
dans un rôle opposé à celui qu'elle tenait dans Dark shadows.
C'est d'ailleurs étonnant ce titre de film puisque le jeune Jake
(Asa Butterfield) est le personnage principal, tout tourne autour de
lui, mais il ne le sait pas encore.
La
judicieuse idée du film est de tout commencer en Floride, le premier
plan est sur une plage ensoleillée, loin du gothique promis par la
tenue d'Eva Green. Mais ce n'est pas une nouveauté, Edward aux
mains d'argent avait lieu dans un lotissement coloré et, comme
le fils redneck dans Mars attacks, Jake bosse dans un
fast-food. D'ailleurs, on retrouve O-Lan Jones, première guide de
Jake. Elle était la bigote dans le premier film et la mère des
bouseux dans le deuxième. Très vite, Tim Burton glisse d'une
Floride diurne et accueillante à une autre nocturne et plongée dans
un épais brouillard.
Jake
est ignorant du destin qui l'attend et le récit est peuplé de
guides qui vont l'amener à comprendre de quoi il retourne. D'abord
son grand-père (Terence Stamp) qui lui raconte des histoires de sa
jeunesse et lui narre la vie, à l'aide de photos noir et blanc
délavées, de ses anciens camarades, de ses amis qu'il n'a pas vus
depuis des décennies. Et là, c'est le drame, le grand-père est
sauvagement tué dans son jardin et ses yeux arrachés. Jake n'en
démord pas, tout cela à quelque chose à voir avec ces vieux contes
qu'il a ingurgités depuis l'enfance. Il s'agit maintenant pour Tim
Burton de les faire exister.
Les
guides se suivent, le père (Chris O'Dowd), plus intéressé par le
sport que par les récits gothiques, la psy de Jake (Allison Janney)
qui suggère d'aller dans cette petite île au large du Pays de
Galles pour retrouver Miss Peregrine. Et c'est parti pour un voyage
dans la brume, dans les vertes collines et dans l'inconnu. Un village
où Jake va vite constater que l'institution de Miss Peregrine est en
ruines, que le récit de son grand-père n'était qu'un conte pour
enfant. Jusqu'à l'effet Brigadoon (heureusement sans les
chansons) où Jake traverse le temps quand il traverse une grotte.
Depuis
Charlie et la chocolaterie, c'est la première fois qu'un film
de Tim Burton a autant d'enfants et d'adolescents. Tous guidés par
Miss Peregrine, la dame faucon, ces jeunes vont faire découvrir à
Jake l'envers du décor de l'institution bloquée en ce jour de
septembre 1943. La petite communauté est un succédané du cirque de
Freaks de Tod Browning, en gentil. On imagine sans peine que
Edward aux mains d'argent aurait pu en faire partie (on découvre
d'ailleurs des sculptures sur arbre dans le jardin), tout comme le
Pingouin.
Mais
toute cette petite troupe est mignonne comme tout. Emma (Ella
Purnell), la demoiselle aux chaussures de plomb guide Jake au milieu
de ses camarades pas tous enchantés de sa venue, Enoch (Finlay
McMillan) est le plus rétif. Le super méchant arrive dans la
deuxième heure, c'est Barron (Samuel L. Jackson). Passées les
explications verbeuses et l'absence total d'émotion, le film prend
son envol dans le finale où les pensionnaires de l'institution
affrontent Barron. Cette fois, c'est Jake enfin conscient de tous ses
pouvoirs qui devient le guide du récit. Il était temps.
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